Le Frère Siméon GUéGUEN,
1910-1982


Joseph Guéguen naquit le 3 mars 1910 dans les collines boisées du pays de Berné, à quelques kilomètres de l'Abbaye de Langonnet. Orphelin de père dès 1918, il connut très tôt, en famille, la rude condition paysanne des années d'après-guerre ; la terre fut tout de suite "son élément".

Entré au postulat de Chevilly en 1927, profès en 1929 sous le nom de Frère Siméon, il sera pendant quelques années l'homme àtout faire de Piré : linger, tailleur, réfectorier... Après son service militaire, il manifeste, de 1935 à 1939, une passion pour le volant de l'automobile, ce qui lui vaut, pendant la drôle de guerre de 1940, de promener les étoiles d'un général... De 1945 à 1953, la communauté de Piré bénéficiera en outre de ses talents de musicien.

Mais son bonheur, son équilibre, ce sera toujours le travail de la terre, à Piré de 1940 à 1953, et à Saulnat-Cellule de 1953 à 1968. C'était "un excellent chef de culture", n'épargant nullement sa peine, la partageant gaiement avec scolastiques, novices et voisins.

Le visage de Siméon ? Quelques mèches blondes, des yeux bleus plutôt coquins, un sourire malicieux au coin des lèvres ; toutjours àl'affût d'un bon tour, comme on ne sait plus en jouer dans nos communautés d'aujourd'hui... A l'affût aussi des lièvres, lapins et renards, à temps et à contre-temps. Et ces dernières années à l'affût des taupes : on en garde un grand tableau de chasse très précis.

Semeur de joie dans les communautés, semeur de joie dans sa famille, quel fut son secret ? Des témoignages écrits le soulignent : "Si votre cœur est gai, plein d'élan, c'est que vous respirez en votre âme une vie spirituelle franche et claire."

Quelques nuages devaient assombrir ses dernières années, nécessitant à deux reprises une longue hospitalisation. Beaucoup de souffrances intérieures certainement, traduites dans les yeux par quelques étincelles interrogatives. Terrible solitude que celle de ne pouvoir communiquer !

Le 25 novembre 1982, à Plouguernével (22), nous lui avons retrouvé, à 72 ans sur son lit de mort, un visage serein, son visage d'enfant, d'enfant de Dieu. P. Robert Lein

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