Père Jean GUTH
Décédé à LUGOLO (Congo Brazzaville) le 10 août 2002, âgé de 63 ans
Né : 12/01/39, Argentan. Profès : 8/09/58, Cellule. Prêtre : 14/08/66, Chevilly.

AFFECTATIONS :
CONGO : Brazzaville (67-68) ; Madibou (68-72).
FRANCE : Allex (72-73) ; Bletterans (73-76).
CONGO : Kindamba (76-83).
FRANCE : Paris (83-84).
CONGO : Talangai (84-86) ; Massengo (86-93) ; Lekana (93-94) ; Mayama (94-2002)


D’abord nommé professeur au petit séminaire de Brazzaville, Jean y dure peu, car il n’est pas à l’aise dans ce genre d’apostolat. Il part en paroisse avec le Père Schaub et le Frère Laurent pour lesquels il manifeste un très grand respect. Il sera très reconnaissant de ce qu'ils lui ont transmis. C’est là qu’il fait sa première construction. Mais quelques années plus tard, une tornade en arrache le toit." Il en est mortifié, car dit-il "je croyais l'avoir faite solide". A Kindamba, il fera plus solide, guidé par des architectes qui lui indiquent la marche à suivre. Si parfois palabres il y a, tous reconnaissent à Jean son savoir-faire et son acharnement au travail : "Zebi sala : Il connaît le travail". Puis ce sera l’agrandissement de l'église de Mfilou et le chantier du premier scolasticat à Kinsundi. En 1987, Jean est à Massengo, immense secteur aux minuscules communautés au nord de Brazzaville. Après un court séjour au nord-Congo, il revient à Massengo. De là, il fonde Mayama, qu'il visitait déjà depuis Kin-damba. Il y restaure le toit de la vieille église et y mûrit des projets : adduction d'eau, électrification, nouvelle église, jardinage commencé par un coopérant venu le rejoindre. Mais c’est la guerre. Il reste sur place six mois durant avant de devoir rejoindre Brazzaville à pied. Ce qu’il fait en quatre jours. Après une halte en France et à Makelekele, il regagne Mayama. A Noël 2001, il célèbre la messe à Kindamba où il n’y en a pas eu depuis deux ans ! Il promet de revenir pour Pâques 2002. Ce qu’il fait. Mais pendant la nuit du samedi saint, la guerre et les pillages recommencent. Le matin, plus question de liturgie pascale. Il décide donc de partir. A Lukuo, des Ninjas l'arrêtent et lui coupent le tendon du pied gauche. Par la suite, nous ne saurons jamais rien de sûr. "Il va bien" nous a-t-on dit souvent. Trimballé de forêt en forêt, le 10 août il meurt au village de LUGOLO, assis sur une chaise longue vers 17heures et à 18 heures 30, on oblige les quelques hommes présents à l'enterrer sans cérémonie.

J’ai toujours apprécié Jean pour ses qualités d'éducateur. Une bande d'enfants tournait sans cesse autour de lui. Il les formait au travail, prenait le temps de leur expliquer le pourquoi de faire comme ceci plutôt qu'autrement. Ces enfants étaient toujours prêts à lui rendre mille petits services. Il était attentif aux besoins des autres. En échange, des tas de "grandes" et petites gens l'ont aidé à la mesure de leurs moyens. Minutieux dans son travail pastoral comme dans les multiples travaux manuels ce qu'il faisait était bien fait. Il fait partie des pionniers de cette jeune Église congolaise: "Merci à sa famille de nous l'avoir laissé", disent de nombreux chrétiens congolais.
Père Joseph Mermier.