Le Père Bernard GUY
décédé à Chevilly Larue le 6 mai 2011, âgé de 83 ans
Né : 23/02/28, Pontarlier. Profès : 4/10/48, Cellule. Prêtre : 03/07/55, Rome
AFFECTATIONS : CONGO : Mindouli (56-58, vicaire) ; Brazzaville (58-60, prof au séminaire Libermann ; 60-61, St François ; 61-77, Ouenze). FRANCE : Paris (77-78, recyclage). CONGO : Plateau Batéké (78-87, St Grégoire). FRANCE : Valence (87-90, animation missionnaire). CONGO : Plateau Batéké (90-2000, St Grégoire). FRANCE : Rennes (2001-2007) ; Chevilly (2007-2011).

Bernard, né à Pontarlier, est resté très attaché à ses origines. Pendant son séjour au Congo, il a su intéresser sa paroisse de Pontarlier à son travail et à ses projets. Une amie, Mme Jeannin, responsable de l’animation missionnaire, remuait ciel et terre pour soutenir ses projets à Brazzaville.
Un an après son ordination, il arrive au Congo Brazzaville. Il fait ses premières armes à Minduli avec le Père Gaston Schaub qui lui fait visiter les villages les uns après les autres, se familiarisant à la culture locale, annonçant la Bonne Nouvelle, préparant le terrain pour que naissent des communautés. Il y apprend le Lari mais ne reste que 2 ans car, comme il avait fait sa théologie à Rome, on a pensé qu’il était l’homme tout indiqué pour être professeur au grand séminaire Libermann. On se souvient qu’il ronchonnait souvent, disant : " Je ne me suis pas fait spiritain pour être professeur de philosophie ! " Ses rouspétances ont abrégé ce professorat et le voilà à St François puis à Ouenze où il a du apprendre une deuxième langue, le Lingala. Il y reste 16 ans.
Je me rappelle d’un confrère avec qui on ne s’ennuyait pas, grâce à son humour et à sa verdeur. Il parlait souvent de sa pirogue avec laquelle il visitait les petites communautés de l’ethnie TEKE, le long du fleuve Congo. Plus tard, il fonde la paroisse St Grégoire de Massengo, sur la route du Nord. Avec des moyens pauvres, il y construit le strict minimum. Il portait une très grande attention à tous ceux qui venaient frapper à sa porte pour obtenir de l’aide. Il y connut l’afflux des réfugiés qui fuyaient Brazzaville et sa guerre en 1997.
En 2000, la guerre recommence et le voilà lui-même victime du pillage à Massengo. Il vient se réfugier à la Maison Libermann de Brazzaville. Ce pillage fut pour lui un choc énorme et, pendant quelques temps, je ne le reconnaissais plus : fini son humour, finie sa verdeur. Ils étaient remplacés par la colère.
Il rentre alors en France où des ennuis de santé l’attendent. D’abord à Rennes (2001), puis à Chevilly en 2007, pour la dernière étape de sa vie. Il a tenu bon autant qu’il a pu en aidant à préparer chaque matin la table communautaire. Sa souffrance : il perdait la capacité à dialoguer, il cherchait ses mots qu’il ne trouvait plus, et enfin, ces derniers mois, il ne pouvait plus s’exprimer du tout. Ce fut sa dernière épreuve. Il nous a quittés un soir, en quelques minutes, sans agonie.
Joseph Mermier