Le Frère Auxène HECKLY,
décédé à Langonnet, le 1er décembre 1929,
à l’âge de 56 ans.


Léon Heckly, naquit le 20 février 1873 à Segolsheim (Haut-Rhin). Il était infirme de naissance : sa main droite s’était imparfaitement développée, mais son bras et les quelques phalanges qui existaient sur sa main atrophiée avaient gardé leur mouvement normal. Il se servait de sa main gauche pour écrire et put obtenir une place de clerc chez un huissier d’abord et ensuite chez un avocat. Un de ses compatriotes, le F. Olivier Mangold, lui fit connaître la congrégation et l’engagea à l’y suivre. Le 24 décembre 1889, il entra comme postulant au noviciat du Saint-Cœur de Marie et fit profession, le 19 mars 1892, sous le nom de F. Auxène.

A Chevilly, on l’occupa à la reliure, puis, en 1893, il fut envoyé pour un an à Épinal comme aide-économe et passa enfin à Seyssinet (1894 à 1895) ; enfin, après une nouvelle année à Chevilly, on le destina à la mission de Loango. Il résida d’abord à Loango, puis à Sette-Cama, de 1897 à 1902. C’est là qu’il fut victime d’un accident qui faillit le réduire à ne plus rendre aucun service pour le reste de ses jours : il perdit la main gauche. Voici en quels termes il raconte lui-même son aventure :

« Le 16 octobre dernier, les gens de la maison française de Sette-Cama passaient à la Mission et priaient le P. Koffel de prendre passage à bord de leur chaloupe se dirigeant sur Copa. Le père leur répondit que le F. Auxène les accompagnerait. Je partis donc avec ces messieurs et nous arrivâmes heureusement à Copa. En repartant, je pris avec moi quelques objets pour acheter des vivres et je me munis de quatre cartouches de dynamite pour attraper de quoi manger. Me voilà donc, le 18 octobre, sur la lagune de Copa, à la pêche. La cartouche ne voulait pas prendre feu et, pendant que je prenais l’élan pour la jeter quand même, elle éclate dans ma main gauche. Je me rends tout de suite à la mission où le bon P. Koffel et le P. Murard me prodiguent leurs soins jour et nuit jusqu’à mon départ pour l’hôpital de Libreville, le 24 suivant. Là, c’est Mgr Adam qui s’occupa de moi. Depuis le 29 octobre jusqu’au 21 novembre, je fus à l’hôpital, et jusqu’au 31 décembre à Sainte-Marie. » Ces faits se passaient en 1900.

Ce que ne dit pas le frère, c’est qu’au premier moment, il se soigna avec une compresse d’eau salée, et que, bientôt, craignant la gangrène il se fit enlever les doigts qui tombaient en décomposition. À l’hôpital, le docteur lui amputa le reste de la main et le poignet.

Malgré son misérable état, il eût voulu rester en mission, mais il fut contraint de rentrer et placé à Langonnet, en octobre 1902. Il y resta six ans.

Il se rééduquait lui-même ; la main gauche étant désormais incapable de tenir la plume, il écrivait de la main droite ; l’on dirait même que son écriture avait gagné en netteté. Aussi en 1908, on l’appela à Paris à la Procure générale où il devint commissionnaire et enfin chargé des expéditions. Il aimait ses fonctions et s’y dévouait. Volontiers, il rendait service aux confrères de passage, leur procurait les facilités de voyage qu’ils réclamaient et, par les relations qu’il s’était créées dans les diverses administrations, il parvenait à contenter tout le monde.

Depuis quelques temps, sa santé déclinait quand il fut forcé, en juillet 1929, de prendre du repos à Langonnet, après une très forte crise de diabète qui avait faillit l’emporter.

Dans la nuit du 25 au 26 novembre se déclara la crise qui provoqua deux syncopes et l’affaiblit beaucoup. Le 26, il ne put garder aucune nourriture et toute la journée il eut le sentiment de sa fin prochaine. Il demanda avec insistance et reçut pour la deuxième fois le sacrement de l’extrême-onction.

Peu de temps après, il tomba dans le coma trois jours, presque sans interruption. Le vendredi, il eut un moment de lucidité ; mais peu après, il retombait sans connaissance et il rendit le dernier soupir, dimanche matin à quatre heures quarante cinq. -
BG, t. 34, p. 510.

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