Le Frère Philomène Hirsch,
décédé à Linzolo, le 6 juillet 1889,
à l’âge de 24 ans.


Eugène Hirsch était né à Wintershausen, diocèse de Strasbourg, le 2 février 1865. Il apprit à connaître la congrégation par un autre Alsacien déjà au noviciat des frères, Jérôme Adam, qui lui exprimait souvent son bonheur de se trouver au Saint-Cœur de Marie. Désireux, lui aussi, de se donner entièrement au bon Dieu dans la vie religieuse, il fit sa demande d’admission, avec le plein consentement de ses pieux parents, et entra, comme postulant frère, à Chevilly, le 4 janvier 1882. Reçu novice le 8 septembre de la même année, il émit ses premiers vœux juste deux ans après, le 8 septembre 1884.

Il ne tarda pas à être envoyé en mission, selon ses désirs, et fut destiné à la station de Linzolo. Il s’y est généreusement dépensé pour le salut des âmes et la gloire de Dieu, ainsi qu’on le verra par la lettre suivante du P. Augouard à Mgr Carrie : « Le bon Dieu nous a donc pris notre cher F. Philomène ! Quoique cette nouvelle ne fût point imprévue pour nous, elle nous a cependant causé une peine profonde. Tous, en effet, nous avions pu apprécier les qualités et les vertus de ce cher confrère, et nous reconnaissons que c’est une grande perte pour la mission de Linzolo à laquelle il s’était dévoué avec tant de courage et d’abnégation.

« Pour moi, en particulier, c’est une véritable peine et je la ressens bien vivement. Le bon F. Philomène était parti de France avec moi, en 1884, et dès le commencement du voyage, je distinguai en lui des qualités et des vertus qui ne se démentirent jamais plus tard.

« Aussitôt débarqué à Landana, nous nous occupâmes de former une caravane ; et huit jours après nous prenions le chemin de l’intérieur. Le bon frère, fatigué du voyage, ne se plaignit jamais ; il supportait courageusement les rayons de notre soleil africain, aussi bien que les privations inhérentes à ces sortes d’expéditions apostoliques. Sans être acclimaté, il se mit à l’eau et aux racines de manioc (ce qui est un peu loin du vin et du beau pain de froment d’Europe) ; et jamais il n’aurait consenti à laisser faire pour lui la plus petite exception.

« Placé à Linzolo, où tout était à faire, il se mit courageusement à l’œuvre et s’initia de lui-même à une foule de métiers, tant pour diminuer nos dépenses que pour accélérer les travaux de l’établissement.

« Le plus grand éloge que je puisse faire de lui, c’est qu’il passa inaperçu, accomplissant ponctuellement sa règle jusque dans les moindres détails, et ne donnant jamais prise à la moindre observation. De fait, on n’eut jamais à le rappeler à l’ordre, et le registre des chapitres est vierge de remarques à son endroit.

D’un caractère doux et aimable, il se faisait tout à tous et nous égayait souvent par sa joyeuse aménité. Cela ne l’empêchait pas d’être très mortifié, et dans les incommodités inhérentes à la vie africaine, il fallut souvent le forcer à prendre un peu de repos dont il avait bien besoin. C’est ainsi que, lors de ma dernière visite à Linzolo, je lui imposai huit jours complets de délassement pour réparer sa santé qui commençait à décliner.

« J’ai fait part de la triste nouvelle à la station de Brazzaville, et aussitôt M. le Résident est venu lui-même nous offrir ses condoléances. Ce matin, il est venu de nouveau à la mission, avec les Européens de la station et ceux des maisons de commerce, afin d’assister à la messe de huit heures, que j’ai dite pour le repos de l’âme de notre cher défunt. » -
BG t. 15, p. 421.

Page précédente