Le Père Francis HOAREAU
décédé à la Réunion, le 7 octobre 1987, à l'âge de 61 ans


S'il était nécessaire de donner une qualité qui caractéri­serait Francis HOAREAU, tous ceux qui l'ont connu noteraient certainement son accueil fraternel et son hospitalité toute simple. Dès le premier contact qu'on pouvait avoir avec lui, on se sentait chez soi, chez lui... Sa bonhomie, sa jovialité, sa sympathie mettaient immédiatement à l'aise! Combien de ses frères prêtres, de religieuses ou de ses paroissiens ont pu expérimenter cette joie de vivre qui émanait de lui!

Et pourtant, Dieu sait par quels moments difficiles il est passé!

Francis est né en 1925 dans une famille réunionnaise très chrétienne; il désirait être spiritain comme ceux qu'il avait pu rencontrer au cours de son enfance et de son adolescence. Pour réaliser cet appel, Francis vient faire ses études secondaires à Allex. Le 8 septembre 1948, il fait sa profession religieuse à Cellule et suit ses deux années de "philo" à Mortain. Des ennuis de santé le contraignent à revenir à la Réunion; c'est au sémi­naire de La Ressource, tout nouvellement installé, qu'il commence sa théologie; il la terminera à Chevilly. Ordonné prêtre en octobre 1953, il reçoit son obédience pour la Réunion. Là, il donne le meilleur de lui-même dans les différentes responsabi­lités que l'évêque lui confie.

A la Rivière des Pluies, l'une des dernières paroisses où Francis a été curé, une grande épreuve l'attend : il devient de plus en plus aveugle et il sait que son mal est irréversible... Malgré ce handicap, il veut continuer à servir dans des con­ditions qu'il n'avait absolument pas prévues. "Cette épreuve le conduit plus près de Dieu. Diminué dans son regard sur les hommes et sur la nature, il se tourne vers Dieu; il approfondit sa com­munion au Christ et aux personnes. Lui-même le disait : "Depuis que je ne vois plus, je vois les choses autrement... 'Je vois certaines choses mieux qu'avant". Cette relation à Dieu lui donne une disponibilité pour accueillir ceux qui venaient vers lui" (Homélie de son enterrement).

Dans cette paroisse où est priée spécialement la "Vierge Noire", le Père Francis a développé la prière à Marie. Ayant sonorisé le lieu du pèlerinage, de la cure, il entraînait les pèlerins à la récitation du chapelet, prière qui était devenue, pour lui d'abord, une sorte de compagne journalière.

Cette paroisse devenue trop lourde pour lui, Monseigneur confie à Francis un autre sanctuaire dédié à la vierge : Notre Dame de la Délivrance. C'est là que le Seigneur est venu le chercher. Il était parti dans sa famille pour quelques heures de repos ; brusquement, il s'est endormi "comme un enfant s'endort dans les bras de sa mère".

La foule présente lors de son enterrement, le nombre de prê­tres qui l'accompagnaient, la multitude d'amis qu'il a laissée ... ce sont là autant de preuves, s'il en était besoin, du travail qu'il a réalisé au service de ses frères Réunionnais : un apos­tolat tout simple où transparaissait la Bonté du Père... un té­moignage dont on peut être heureux dans une vie de "Pasteur", quelles que soient les difficultés et les souffrances par lesquelles on peut passer!

Longtemps encore résonnera aux oreilles de ceux qui l'ont connu et aimé, le son de sa voix forte et enjouée...
Bernard Reniers

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