Le Père Eugène HOLTZHAUER
1894-1969
BPF 156 p.333-334


Le Père HOLTZHAUER, originaire de la Province de France, né à Reiehshoffen (Bas-Rhin), le 5 janvier 1894, décédé au Lorrain (Martinique), le 5 janvier 1969, à l'âge de 74 ans. Le Père Eugène - comme on avait l'habitude de l'appeler - est mort au Presbytère du Lorrain (Martinique) dans la soirée du dimanche 5 janvier 1969. Il fut inhumé le lendemain dans le caveau paroissial.

Né à Reichshoffen (Bas-Rhin), le 5 janvier 1894 il appartenait à une très ancienne famille alsacienne. Sa mère s'appelait Madeleine Frisonet, fille elle-même d'un douanier originaire de Saint-Etienne, établi en Alsace bien avant la guerre de 1870.

Après ses études primaires dans son village natal, il fit ses études secondaires à Saverne et à Knechtsteden. En 1914, il fut contraint de servir dans l'armée allemande et combattit sur les fronts français et russe. Simple soldat, puis sous-officier, il connut la misère des tranchées, la violence des bombardements, les attaques où tant de ses camarades tombèrent autour de lui. Il fut blessé et fait prisonnier peu avant l'armistice. Très traité, comme il se plaisait à le rappeler, il passa quelques mois à Saint-Rambert-sur-Loire (Loire), dans un camp de prisonniers alsaciens-lorrains.

La guerre terminée, Eugène Holtzhauer entra au Noviciat des Pères du Saint-Esprit à Neufgrange. Les novices étaient nombreux, fort différents par l'âge, les origines, la formation; des jeunes bien sûr, mais aussi des anciens soldats ayant combattu dans les deux camps; parmi eux, des hommes comme Mgr Sahut, d'une cinquantaine d'années, ancien Vicaire Général de Montpellier, l'abbé de Langavant, blessé deux ou trois ans avant comme lieutenant aux tirailleurs sénégalais et qui devait devenir évêque de la Réunion; des Alsaciens aussi, dont certains portaient des cicatrices de graves blessures reçues en France ou dans la lointaine Russie. Malgré la diversité des mentalités, la charité régnait et, après un demi-siècle, les rares survivants du noviciat lorrain en gardent un bon souvenir. Eugène y fit profession religieuse, le 29 septembre 1920.

Ses études philosophiques et théologiques se passèrent à Chevilly, où il fit ses voeux perpétuels le 29 septembre 1923. Il fut ordonné prêtre le 28 octobre de la même année.

A sa consécration apostolique, le 5 juillet 1924, il reçut son obédience pour le Kilimandjaro et, après quelques mois de vacances, Il partit pour l'Afrique Orientale Anglaise où il devait rester jusqu'en 1949, soit vingt cinq ans. Comme bien des gens âgés, le P. Eugène parlait volontiers de son passé et évoquait d'une manière très intéressante le souvenir des multiples aventures de sa vie de combattant ou de missionnaire dans la brousse africaine.

Rentré en France avec une santé affaiblie, il fut nommé directeur du Triennat des Frères de Neufgrange, où il aida aussi l'économe de la maison. Cette charge ne lui plaisait guère, et il demanda à ses supérieurs l'autorisation de repartir. Il avait alors 58 ans. Monseigneur de la Brunelière accepta bien volontiers de lui donner une occupation dans son diocèse de la Martinique.

Le P. Holtzhauer arriva ainsi aux Antilles vers la fin de 1952. D'abord curé de Schoelcher, puis du Lorrain, il se dépensa sans compter jusqu'en novembre 1963. Son mauvais état de santé l'obligea alors à prendre une demie mais encore laborieuse retraite. Il continuait notamment à célébrer mariages, baptêmes et enterrements, entendait les confessions et faisait fonction d'aumônier à l'hôpital local.

Il devait aller en congé en 1968, mais préféra renoncer à ce voyage. C'est au début de novembre qu'il se mit à décliner rapidement, et un séjour de deux semaines à l'hôpital civil de Fort-de-France fut jugé néces­saire. Mais il continua ensuite à s'affaiblir et dans la nuit du 25 au 26 décembre il appela son curé pour qu'il lui administre le sacrement des malades. Admis d'urgence à la Clinique Sainte-Marie, le P. Eugène, qui souffrait déjà du diabète, faisait une occlusion des canaux biliaires. Il porta cette épreuve avec beaucoup de courage et une grande soumission à la volonté de Dieu. de Dieu. Le P. Ruscher, remplaçant le P. Aine, supérieur, principal alors en Guadeloupe en Guadeloupe, lui donna l'Indulgence de la bonne mort, et le dimanche 5 janvier à midi, l'ambulance ramenait le P. Eugène dans un dans un état d'extrême faiblesse au Lorrain. Le soir même, il rendait son âme à Dieu. Le P. Eugène Holtzhauer laisse le souvenir d'un prêtre plein d'expérience, bon et dévoué; ses anciens paroissiens du Lorrain et de Schoelcher lui portaient estime et affection. Il est mort en la fête de l'Épiphanie, jour consacré à prier pour les Missions dont il fut un vaillant serviteur.

Page précédente