Le Frère Siméon HUGUES,
1824-1850


Le Frère Siméon Hugues était un enfant trouvé, confie à l'Hospice de Bordeaux, le 17 novembre 1824. Lors de son service militaire en 1845, le Père Libermann obtint du Ministre de la Guerre qu'il fut envoyé en Afrique au service des missions :
" En vertu de la décision ministérielle du 19 novembre courant, le Colonel du 70e de ligne, commandant par interim le Département de la Somme, autorise le nommé Hugues Siméon, jeune soldat disponible de la classe 1844 du Département de la Gironde, à se rendre de la Neuville les-Amiens (Somme) lieu de sa résidence, à la Côte d'Afrique, comme frère catéchiste, attaché à une mission. "

En 1850, une lettre du Père Boulanger nous parle de la vie et de la mort du frère Hugues : " Le bon frère Siméon, parti de France en 1845 avec MM. Lossedat et Warlop, était des environs de Bordeaux. Tout jeune encore en partant de France, il n'avait que 21 ans, je crois. Il était petit, mince et paraissait d'un tempérament assez chétif. Arrivé en Afrique, il a trouvé de la besogne, car on s'est mis presqu'aussitôt à bâtir la maison de Dakar, et il y a pris une part très active et bien considérable. Au milieu des Noirs, ouvriers et autres, il avait su comprendre leur caractère, leurs habitudes, de manière à s'en faire aimer et à les conduire admirablement. Leur langage surtout, ce qui est une si grande difficulté pour tous, il l'avait appris le mieux et le plus promptement de tous les missionnaires, à tel point que depuis un à deux ans déjà, il assurait parler plus facilement et plus volontiers le wolof que le français ; les tournures de cette langue, leurs proverbes bien fréquents, les fables même qu'ils aiment tant à raconter, il avait saisi et appris tout cela avec une facilité incroyable, non pas sans travail toutefois, car dans le commencement, il écrivait toutes les phrases qu'il entendait prononcer, puis tous leurs proverbes et comparaisons. Il est vrai qu'à cette application il joignait une mémoire heureuse et très locale. Tout cela réuni l'avait amené à cette connaissance si précieuse de la langue, ce qui ne contribuait pas peu, ainsi que son caractère gai, à le rendre aimable et cher à tous les Noirs qui le connaissaient : eux-mêmes ne voulaient pas croire qu'il fût Toubab ou Blanc d'origine.

" Ce travail corporel pour la bâtisse, les charrois, commissions, et avec le travail intellectuel pour l'étude de la langue, n'avait nullement altéré sa santé. Son tempérament s'était formé et fortifié, il avait pris même de l'embonpoint, et était d'une force plus qu'ordinaire, faisant facilement les douze lieues à pied par jour. À diverses reprises, il avait eu des fièvres comme tout le monde, mais pas de maladie sérieuse : les accès de fièvre, quand il en avait, lui duraient beaucoup moins longtemps. Monseigneur l'avait placé à St-Joseph de Ngazobil pour soulager surtout le cher abbé Chevalier dans les rapports avec les gens employés dans la maison et aussi avec les étrangers. Il s'en acquittait admirablement. Mais Dieu nous l'avait donné, il lui a plu de nous l'ôter, en tout cela il n'est arrivé que ce qu'il a plu au Seigneur de permettre ou d'ordonner, que sa très sainte volonté soit faite, et son saint nom béni. "

Le cher frère Hugues, emporté par une fièvre pernicieuse, a généreusement donné sa vie à Dieu pour l'Afrique, le 22 septembre 1850, dans sa vingt sixième année.

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