Le Père Guillaume JAOUEN,
1844-1892


Guillaume Jaouen est né dans la paroisse de Plouégat-Guerrand, le 17 août 1844, fils légitime d'Olivier Jaouën et de Marie-Jeanne Cécile Mahé, cultivateurs. Toute l'ambition de ses pieux parents était de donner leur enfant au Seigneur. Aussi confièrent-ils le soin de son éducation à des maîtres chrétiens qui prirent la tâche de cultiver en lui les germes de la vocation ecclésiastique. Il fit ses humanités au collège de SaintPol-de-Léon et suivit, pendant deux ans, les cours de philosophie au grand séminaire de Quimper.

Ses aspirations le portaient vers la vie religieuse. La réputation de sainteté du Vénérable Père Libermann fixa son choix dans la congrégation naissante du Saint-Esprit, dont le principal but est l'évangélisation du peuple noir. En 1867, avec le consentement de ses parents et de Mgr Sergent, il sollicita son admission au scolasticat de Chevilly. Il y fut ordonné prêtre en 1869 et prononça ses premiers vœux en 1970. Ses supérieurs le considérant doué pour l'enseignement ne l'affectèrent pas en Afrique mais aux Antilles.

Son premier poste le fixa pour treize ans à la Guadeloupe, dans la communauté de St-Pierre, six ans professeur de quatrième et sept ans aumônier du pensionnat de Versailles à Basse-Terre.

Il fut ensuite professeur au collège de St-Pierre à la Martinique de 1884 à 1886. Appelé en Haïti, on lui confia la cure de Pétionville. Cette paroisse, située en altitude à six kilomètres de la capitale, domine la rade de Port-au-Prince et la vaste plaine de Cul-de-Sac. La fraîcheur du climat en rend le séjour délicieux en toute saison. Il eût été difficile de mieux choisir pour ses goûts et pour sa santé. Mais il ne put en jouir que quelques mois.

Le 19 janvier 1887, deux mois après la mort du Père Lejeune, on imposa un lourd sacrifice au curé de Pétionville, en le nommant supérieur du séminaire-collège St-Martial de Port-auPrince. Le religieux ne choisit pas, il obéit. Le nouveau supérieur avait mieux à faire qu'à commander. Il voulut donner l'exemple en tout point, n'exigeant des autres que ce qu'il accomplissait lui-même. Il fut le père et le serviteur de la maison. Son administration ferme et soutenue a contribué, pour une large part, au succès toujours grandissant de l'établissement. Il avait trouvé 245 élèves, il en a laissé 450. Mgr Hillion l'avait en haute estime; il le nomma chanoine honoraire, dès la première promotion qu'il fit, le 15 août 1888.

Les chaleurs excessives de Port-au-Prince attaquèrent trop vite la santé du Père Jaouen. Bientôt les médecins parlèrent d'un congé, mais il s'obstina à rester jusqu'à son complet épuisement. Obligé de partir au commencement de l'année 1890, il s'empressa de revenir à son poste, dès que l'obéissance le lui permit. En mars 1892, une pneumonie aiguë vint à bout en huit jours des son tempérament déjà épuisé. Il est décédé le 2 avril, dans sa quarante huitième année.

M. le Président de la République et M. le baron d'Avril, ministre de la France par intérim, assistèrent au premier rang à ses funérailles, en témoignage de leur respectueuse estime pour le défunt et de leur profonde sympathie pour l'œuvre du séminaire-collège.

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