Le Père Jean-Marie Javouray,
1885-1949


Le Père Javouray naquit le 2 septembre 1885, à Sarzeau, petite ville, sise sur la rive-sud du golfe. Son père avait épousé à Orléans Juliette Leblanc en 1880, et devint par la suite conseiller général du Morbihan. Au petit séminaire d'Auray, Jean-Marie rencontra des natifs de tous les secteurs du diocèse, ils étaient nombreux, ce qui favorisait l'émulation. Se plaçant toujours parmi les premiers, il fut présenté au baccalauréat, et obtint le diplôme à 18 ans. C'était en 1903, époque orageuse pour l'Église de France ; le séminaire de Vannes fut fermé, et se replia provisoirement à l'Abbaye de Kergonan. C'est de là que Jean-Marie vint se présenter à la congrégation du Saint-Esprit, après ses trois années de service militaire.

Profès en 1909, prêtre en 1910 à Chevilly, il fit sa consécration àl'apostolat à Fribourg (Suisse), le 9 mai 1911, et fut tout heureux d'obtenir son affectation missionnaire pour Madagascar. A Diégo-Suarez, Mgr Corbet, premier évêque du Nord de l'île, l'envoya à Majunga, sur la côte-ouest, où le P. Morin le chargea des européens et des créoles, en attendant qu'il possède la langue malgache. Malheureusement, il fut bientôt secoué par une fièvre telle, qu'il ne dut son salut qu'au dévouement incroyable d'une religieuse, qui resta jour et nuit à le veiller, sept semaines durant, en lui appliquant sur le front une relique de Soeur Thérèse de l'Enfant-Jésus, quand il ne pouvait plus baiser le crucifix. Le récit de la guérison fut transmis à Lisieux, mais le Père fut rapatrié d'office.

Après six mois de convalescence à Langonnet, le P. Javouray entreprit son métier d'éducateur, en se rendant à Gentinnes en Belgique. Pendant deux ans, il contribua à former des jeunes en vue de la mission, pouvant s'estimer ainsi deux fois missionnaire.

Puis ce fut la guerre, où il fut quatre ans infirmier, prêtre-brancardier dans l'enfer de Verdun, où une blessure à l'épaule lui valut croix de guerre et médaille militaire.

Entre les deux guerres, le P. Javouray va donner toute sa mesure. Il a 34 ans à la démobilisation en 1919. Ses adieux au pays n'auront été qu'un au revoir, car il revint en Bretagne pour s'occuper successivement de quatre catégories d'enfants : petits jardiniers de St-Han, orphelins de St-Michel, apostoliques de Langonnet, écoliers de Landudec jusqu'en 1939.

Après son départ de Landudec, le P. Javouray traîna au long des mois une de ces maladies nerveuses, fertiles en idées noires ; mais c'est alors aussi qu'il connaîtra des amitiés indéfectibles. Jamais plus il ne retrouvera l'exubérance de ses 28 ans, alors qu'il voguait vers le pays de ses rêves, ni la gaieté de ses 40 ans pendant les ébats de ses garçons aux bords de l'Ellé, ni même le sourire engageant de ses 50 ans aux rentrées scolaires de Landudec.

On l'occupera cependant à l'Oeuvre d'Auteuil. Il est placé à l'annexe de N.D. de Mettray, en Indre-et-Loire, de 1941 à 1946. Il n'en est pas le directeur. Tours, Châteauroux et Orléans le reçoivent en touriste ou en pèlerin. Il y trouve des amis et des bienfaiteurs de l'oeuvre. Il occupe ensuite un poste d'aumônier à l'hôpital privé de Villersexel, en HauteSaône, d'avril à décembre 1946.

Puis c'est un stage à Chevilly. Au printemps 1947, le P. Javouray part dans les Landes, comme aumônier du sanatorium Hélio-Marin de Labenne. Il se reprend alors à vivre, visite souvent ses malades, accompagne leurs fréquentes randonnées, vers Lourdes surtout, prend note des pèlerinages diocésains de l'Ouest, où il rencontre parents et amis de Vannes, Quimper, Laval... Il retrouve même une note de gaieté, avec la sourdine bien séante à un homme de 62 ans et qui a souffert l'accès de rire est bien vite réprimé et sa joie devient tout intérieure "pax et gaudium in Spiritu Sancto."

Le 30 août 1949, ce fut le drame inopiné. Se reposant sur le sable, à l'endroit où viennent mourir les vagues, une vague beaucoup plus forte le saisit et l'entraîna en eau profonde. Quand on vint à son secours, il était mort. Il avait 64 ans.

Page précédente