Le P. André JELTSCH
< décédé à Mulhouse, le 6 avril 195l,
à l'âge de 32 ans et après 13 années de profession.


Le P. Jeltsch naquit à Mulhouse le 21 avril 1921. Dès sa prime jeunesse, il conçut le dessein de se faire missionnaire, encouragé dans cette voie par l'exemple et les lettres de l'un de ses oncles, Provin­cial, de l'Ordre des Barnabites, au Brésil. Ayant eu l'occasion de passer à notre maison de Blotzheim, il sentit un attrait particulier pour les oeu­vres de la Congrégation.

Il fit ses études chez nous, à Saverne, où il ar­riva en 1932, et fut admis au noviciat des clercs, à Piré, en novembre 1939. Profès le 24 novembre 1940, il continua ses études sans interruption, si ce n'est l'année scolaire 1942-1943 durant laquelle nous le trouvons comme scolastique-professeur à l'école Saint-Charles, à Nancy.

Ce qu'on a pu reprocher au P. Jeltsch, c'est sa légèreté. Il est mis en garde contre ce défaut tout au, long de sa formation. Le Maître des Novices fait observer, à la fin du noviciat que « M. Jeltsch est bien en forme, actuellement, mais à surveiller, à aider, à stimuler; et que si la légèreté reprenait le dessus il y aurait tout à craindre. . » Le jeune homme convenait lui-même que durant son enfance il s'était montré très indépendant de caractère par suite de l'absence paternelle au foyer. Son père, en effet, employé des postes, était mort assez rapidement des suites de la guerre 14-18.

Au moment de faire sa consécration, l'esprit d'indépendance paraît s'être encore accentué; M. Jeltsch est un autodidacte, libre d'allures, de bonne nature pourtant qu'on ne désespère pas de plier à toutes les exi­gences de la vie religieuse.

Il fit sa consécration à l'apostolat, à Chevilly, le 15 février 1948; et deux mois plus tard, le 13 avril, îl s'embarquait pour le vicariat aposto­lique de Douala. Le 17 mars 1953, il était de retour en France; il avait déjà besoin de refaire sa santé.

Après une année de convalescence, son Supérieur Principal lui demande de reprendre les occupations qui lui avaient été confiées: preuve que le P. Jeltsch donnait satisfaction en missions. Le 5 avril dernier, il adressait au T. R. Père le certificat médical l'autorisant à regagner l'Afrique. Cette lettre du Père ne devait arriver à la Maison-Mère que le lendemain du jour de sa mort. Le 6 avril, il rentrait de Suisse en scooter. Son frère, en effet, vicaire à la paroisse de Cernay, lui prêtait volontiers sa « Vespa » pour ses dé­placements. Voici comment un journal régional rapporte l'accident qui devait avoir des suites mortelles: « Venant de Mulhouse, le P. André Jeltsch roulait à assez vive allure semble-t-il dans la rue de Wittels­lieim, lorsqu'en tournant devant l'hôtel d'Alsace, il omit de changer de vitesse. Emporté par son élan, il fut déporté sur le côté gauche de la route .

« A ce moment précis arrivait, en sens opposé, un lourd camion d'une maison de transport haut-rhinoise. Perdant le contrôle de sa machine, le motocycliste se jeta dans la roue avant gauche du poids lourd. Le choc fut terrible. Projeté à terre avec une extrême violence, le P. Jeltsch fut grièvement blessé sur tout le corps, notamment à la tête ».

Le P. Joseph Gaschy, aumônier de l'hôpital de Cernay nous communique encore quelques détails. « Je ne veux pas toucher la question de savoir qui est en faute, écrit-il. Il semble que ce n'est pas discutable: c'est le Père.

« On demanda au presbytère d'envoyer un prêtre sur les lieux de l'accident, sans dire de qui il s'agissait. M. le Curé envoya le prêtre disponible qui se trouvait être M. l'abbé, Jeltsch. Malgré son émotion, il donna sur place l'Extrême-Onction et l'absolution, puis une ambulance conduisit le blessé à l'hôpital. Au Hasenrain, hôpital de Mulhouse, sa ville natale, on essaya de pratiquer une transfusion de sang; mais le P. Jeltsch suc­comba à ses blessures. Il s'était d'ailleurs rendu compte de son état, et durant le transport de Cernay à Mulhouse, à l'infirmière qui l'accom­pagnait, il dit: « Je vais mourir, priez avec moi; je ne peux plus parler ».'

« En tout cela, continue le P. Gaschy, nous n'avons vraiment qu'une seule consolation: il est bien mort. Il a du endurer de grandes souffran­ces, mais il avait conscience de son état, alors qu'il aurait très bien pu rester dans le coma..; A subitanea et improvisa morte, libera nos, Do­mine ».

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