Le Frère Barthélémy KACZYNSKI
décédé au Bouveret le 29 septembre 1988, à l'âge de 72 ans


Né le ler janvier 1916 dans le froid glacial d'une nuit moscovite, sur un traineau conduisant sa mère à l'hôpital, le Frère Barthélémy (Eugène du nom de son baptême) fit son premier contact avec un monde qui ne fut pas toujours tendre à son égard. A Moscou, la Révolution d'Octobre bat son plein. Né de parents polonais, orphelin de père à l'âge de deux ans, Barthélémy trouve en 1921 sa patrie d'origine grâce à un oncle qui avait organisé la fuite. C'est dans le cadre d'un orphelinat où il fit l'apprentissage du métier d'ébéniste que notre confrère passa sa jeunesse. Mais comme il avait à coeur de mettre ses jeunes forces et son dynamisme au service des autres, il choisit tout naturellement un cadre différent de celui dans lequel il vivait : son choix se porta sur la vie religieuse.

« C'est par hasard que je suis Spiritain », me confia-t-il un jour. Il J'ai fait en même temps la demande au Père Maximilien Kolbe, Supérieur des Franciscains à l'époque, aujourd'hui béatifié, et au Supérieur des missionnaires du Saint-Esprit. Ce jour-là, j'ai mis le bon Dièu au pied du mur, en lui disant : la première réponse sera pour moi un signe de Dieu. C'est là que j'entrerai."

Le voilà au noviciat des Spiritains, pour devenir dès lors notre Frère Barthélémy.

Arrivé en France peu avant la guerre, il s'embarque pour le Gabon où il travaille pendant une trentaine d'années. Familièrement on l'appelle Barthex. Il oeuvre de multiples manières : maisons d'habitation, dispensaires, églises, plantations, catéchèse... partout, Barthex marque son passage. C'est du bon et du beau travail. Il a pu accueillir chez lui plusieurs jeunes gens et jeunes filles de chez nous, partis parmi les premiers laïcs missionnaires.

Certains d'entre eux pourraient nous donner leur témoignage sur ce confrère sensible et fidèle, ce Nathanaël de l’Evangile, à qui Jésus disait :"Voici vraiment un homme sans détours."

Ce sont peut-être ces liens d'amitié très forts qu'il a tissés avec eux qui l'ont rapproché *du Bouveret où, depuis 1970, il a accepté de mettre ses compétences au service de la communauté et des élèves du Collège des Missions. Sous le titre "ceux qui cassent ... et celui qui répare", l'auteur de la chronique du Collège dans la revue Pentecôte sur le Monde écrivait « Sur l'entretien du Collège, Barthélémy en connaît un rayon. Il inspecte tout avec la conscience professionnelle et la compétence que nous lui connaissons. Rien ne lui échappe, rien ne lui résiste bien longtemps. Tout est finalement revu et corrigé, tout est remis en état. » Qui, parmi les confrères, n'a pas dÛ un jour se plier aux ordres du chef d'orchestre de la kermesse ?

On pourrait dire que la vie du Frère Barthélémy a été l'illustration de ce passage de Saint Jean où Jésus dit : « La volonté du Père qui m'a envoyé, c’est que je ne perde aucun de ceux qu'Il m'a donnés, mais que je les ressuscite tous au dernier jour. » Barthex s'est efforcé de mettre en pratique ces paroles du Seigneur; par sa vie consacrée au service humble et souvent caché de ses frères, il a voulu suivre le Christ qui n'a cherché qu'à faire la volonté de son Père.

Rendons grâces à Dieu pour une vie missionnaire si bien remplie. Cher Barthélémy, nous croyons qu'au soir de ta vie, tu as trouvé la main de Dieu dans la tienne. Puisque tu es maintenant près de Lui, intercède pour nous, afin qu'à ton exemple, nous servions jusqu'au bout dans la fidélité. Arnold WERNER

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