P. Jean Baptiste KEMPF
BG X, p. 687


Né le 30 / 12 / 1842 à Strasbourg (Bas-Rhin, 67) ; 1ers vœux le 25 / 08 / 1867 ; vœux perpétuels à son lit de mort ; diacre à Paris le 26 / 05 / 1866 ; prêtre à Chevilly, le 22 / 09 / 1866 ; Maurice du 03 / 11 / 1878 au 05 / 02 / 1875 ; il meurt à la Réunion, le 25 / 02 / 1875, âgé de 39 ans après 7 ans de vie religieuse .

Voici les détails que transmet le P. Duboin :
« Hélas ! mon très Révérend et bien-aimé Père, le P. Kempf n’est plus ! … Depuis un certain temps déjà, bien que jeune encore, sa santé devenait assez chancelante . Néanmoins à la rentrée des classes, à la mi-janvier, il se mit comme tous à l’œuvre avec courage, mais dès la fin du même mois, il se déclara chez lui une maladie de foie qui donna bientôt de très graves inquiétudes . Les medecins déclarèrent qu’il fallait absolument le faire aller aux eaux de Salazie, à l’ïle de la Réunion . Ils espéraient encore par ce moyen arriver à le guérir . Le voyage pour Bourbon fut donc résolu, et le 5 février (1875) notre cher malade fit ses adieux à ses confrères de Maurice .

Mais il était dans un tel état de faiblesse qu’on ne pouvait le laisser partir seul . Je me décidai alors à l’accompagner . Ce fut heureux, car la nuit de notre traversée de Maurice à Bourbon, il eut une crise telle qu’il serait, je crois, mort en mer, sans avoir put même recevoir les sacrements, si je n’avais été là pour lui donner les soins nécessaires .

« A son arrivée à Bourbon, il fut jugé trop faible par le medecin pour monter de suite à Salazie . En attendant je le fis entrer le 8 février (1875) à l’hôpital militaire de St Denis . On espérait que le repos et les soins lui rendraient un peu de forces . Mais, hélas ! au lieu de revenir elles en furent que diminuer de plus en plus . Le mal ne put être enrayé, et la fièvre le consumait . Il avait probablement un abcès au foie ; et c’est ce qui l’aura emporté . C’est le vendredi 26 février (1875) à 2h du matin, jour où nous faisions la fête du St Suaire de Notre Seigneur, qu’il a rendu doucement son âme à Dieu . Il a été enterré dans la soirée du même jour .

«Le clergé de St Denis nous a témoigné dans cette circonstance, toute sa sympathie . Presque tous les prêtres de la ville sont venus assister aux funérailles . Nous devons une grande reconnaissance au médecin un chef de l’hôpital et aux Sœurs de St Joseph, qui ont prodigué à cher malade les soins les plus touchants . Je n’ai pas besoin de dire combien tous nos Pères du collège de St Denis ont contribué aussi, par leurs visites fréquentes, à lui adoucir ses souffrances . J’étais moi-même le plus souvent auprès de lui, et j’ai reçu son dernier soupir . »

«La perte du P. Kempf est sans doute bien douloureuse . Cependant, je suis heureux, Mon très-Rév. Père, de pouvoir vous dire pour votre consolation, comme pour la nôtre, que la mort de ce cher Père a été admirable d’édification . Dès avant son départ pour[7] Maurice, sa piété nous édifiat beaucoup, son sacrifice était fait, il tâchait d’obéir à toutes les prescriptions et exigences de ceux qui le soignaient . Depuis son arrivée à Bourbon, il a admirablement sanctifié ses souffrances, parfois très considérables . Il était heureux quand on lui parlaient du Bon Dieu, et ces sentiments se sont soutenus, jusqu’au dernier moment . Il aimait beaucoup ses confrères ; et le sacrifice de sa vie était augmenté par la perte que nous faisons en lui . Ses derniers mots ont été les mots bénis de Jésus, Marie, Joseph ! … Et après qu’il eut perdu la parole, je sentais encore les efforts qu’il faisait pour articuler les pieuses invocations que je lui suggérais .

Il m’a spécialement chargé de demander pardon pour lui, à vous mon très Révérend Père, des peines qu’il aurait pu vous causer et à tous ses confrères de Maurice d’avoir pu peut-être les malédifier par le passé .

Il m’a également exprimer bien souvent combien il était heureux de mourir religieux . « Et dire, ajoutait-il, avec un sentiment de touchante humilité, et dire que j’ai pourtant failli perdre cette belle vocation ! Oh ! que je suis heureux que le Bon Dieu m’ait fait la grâce de la conserver ! … Mon Dieu, combien je regrette en ce moment mes infidélités passées ! … Mon Dieu, ne me repoussez-pas … acceptez mes souffrances en expiation ! … »

« Avec votre autorisation présumée, je lui ai (fait) faire, à son lit de mort, les vœux perpétuels .

« Le 23 avril (1875), nous avons célébré à Maurice un service solennel pour le repos de son âme . Une dizaine d’ecclésiastiques de la colonie sont venus unir leurs prières aux nôtres . La chapelle était remplie de monde . » (Lettre du 2 mars 1875)

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