Le Frère Thiébaud Kohler,
décédé à Libreville, le 25 mai 1901,
à l’âge de 26 ans.


« Thiébaud Kohler arriva au Bois-d’Estaires (Nord), en mars 1889, en compagnie de onze jeunes camarades, qui devaient former le noyau d’un futur petit noviciat. Né à Thann, en Alsace, le 8 octobre 1874, il avait été amené à Chevilly six mois auparavant par le F. Acheul, à l’âge de quatorze ans. Connaissant sa piété, son dévouement, je demandai à le conserver avec moi, lorsque ses compagnons furent rappelés deux ans plus tard à Chevilly, et je lui confiai la direction du jardin. Bien qu’il n’eût que dix-sept ans, il réussit parfaitement, et ses excellentes dispositions lui méritèrent la faveur de prendre le saint habit, avec quelques scolastiques, à Notre-Dame d’Espérance à Merville, en la fête de saint Joseph 1892, sous le nom de Frère Thiébaud, qu’il avait déjà reçu au baptême avec celui d’Armand.

« Désireux de procurer à ce bon frère une formation sérieuse, je l’envoyai, au début de l’hiver de la même année, au noviciat de Chevilly, sur la promesse formelle qu’on me le renverrait ensuite, car je l’estimais beaucoup. Mais, en janvier 1893, Mgr Augouard, passant à Chevilly, obtint qu’il fût immédiatement admis à la profession, pour le suivre dans la mission de l’Oubangui. » (Lettre du P. Eugène Brunet, de Misserghin, 11 juin 1901).

Le F. Henri, son compagnon de travaux dans l’Oubangui, ajoute ces détails : « Placé à Liranga, le F. Thiébaud s’est beaucoup dévoué dans les travaux de construction, de briqueterie, de culture, etc…, sous la direction du P. Allaire. Il touchait aussi l’harmonium et était très habile pour les achats du magasin. Quoique d’un tempérament très fort, cinq ou six attaques successives de bilieuse hématurique l’avaient profondément anémié. Le R. P. Rémy, chargé de la direction de la mission, en l’absence de Mgr Augouard, jugea nécessaire de le faire revenir en France ; et, vu son état de fatigue, il l’accompagna même de Brazzaville jusqu’à son embarquement à Matadi. »

Mgr Adam raconte ainsi les derniers moments du cher frère, dans une lettre du 27 avril : « Le 24 avril, au soir, le bateau des Chargeurs, venant de Matadi, nous amenait le F. Thiébaud. C’est à Libreville seulement que le médecin du bord, s’étant aperçu de la gravité de son état, le fit descendre à la mission. Le cher frère ne laissait plus d’espoir de guérison : il avait une profonde anémie cérébrale, et son intelligence, sa mémoire, se ressentaient de son épuisement absolu.

« Nous avons tenté l’impossible pour le remonter, tout a été inutile. Dernière confession ; quelques instants après, on lui donnait l’extrême-onction. À deux heures de l’après-midi, il entrait en agonie et, à trois heures et demie, il rendait sa belle âme à Dieu. » -
BG. t. 21, p. 158.

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