Le Père Victor KOHLER
décédé à l'hôpital d'Efok (Cameroun), le 20 janvier 1977 : à l'âge de 67 ans.


Né la 26 juillet 1909 à Bisel (Haut-Rhin), Victor rentre au noviciat de Neufgrange, où il fait profession le 8 septembre 1930. Prêtre le 3 octobre 1937, il fait sa consécration à l'apostolat le 3 juillet 1938 et reçoit son obédience pour le diocèse de Yaoundé, au Cameroun.

Il commence son ministère sacerdotal à Efok, où, comme tous les jeunes Pères de l'époque, il s'occupe surtout de l'école des garçons. C'est dans cette même Mission, à l'hôpital " Ad Lucem ", construit par le Dr Aujoulat, que le Seigneur viendra le chercher, le jeudi 20 janvier 1977.

Un confrère qui l'a bien connu,- pour avoir travaillé de nombreuses années avec lui, nous rapporte un certain nombre de souvenirs qui dessine bien le portrait du Père.

Si le P. KOHLER ne s'y connaissait pas du tout en matériel, soit mécanique, soit construction, il fut un très grand missionnaire : pendant près de quarante ans, son centre d'intérêt était l'école. Ses anciens élèves avaient pour lui une grande. vénération et reconnaissance. Il se faisait toujours accoster par l'un ou l'autre à Yaoundé, chaque fois qu'il se trouvait en ville. Il visitait fréquemment les écoles et, à Mvom-Nnam, il allait faire le catéchisme dans les Cours Élémentaires et Moyens. Il aimait beaucoup cela et excellait en la matière.

Quand il allait faire des courses à Saa, il n'aimait pas predre de passagers, mais les étudiants étaient toujours acceptés, et il avait le don de les faire parler. Bien vite et malgré son air froid, il devint leur ami et il était content de leur demander de petits services, pour pouvoir leur faire quelques dons. Il avait toujours un stock de bonbons et autres bricoles pour les petits écoliers qui volontiers venaient le voir après la classe. A l'égard des enfants qui faisaient le ménage à la mission, il était d'une grande bonté.

Sous un dehors réservé, -il cachait une grande sensibilité : il ne pouvait pas voir la souffrance chez les autres, ni surtout l'injustice. Voir les gens se haïr le révoltait. Il lui arrivait. d'avoir les larmes aux yeux, en rapportant de tels faits.

Certains le disaient misogyne ; toujours est-il que les jeunes filles et les femmes ne l'aimaient pas tellement. - Abo bi ayok " (il nous fait la sévérité), disaient-elles. Mais n'était-ce pas une attitude voulue chez lui ?

Le Père étudiait la Bible dont il possédait toutes les éditions récentes, et il était devenu un spécialiste en la matière. Pendant quelque temps, il fut le conférencier pour les récollections des Religieux et Religieuses du secteur de Saa. Il aimait traiter avec beaucoup de compétence des sujets d'actualité, ce qui parfois surprenait ses auditeurs. Un jour il fut même très applaudi.

Autant il aimait faire la doctrine à l'école ou prêcher, autant il se plaisait dans la conversation. Il avait une mémoire extraordinaire de tous les événements de sa vie missionnaire. Pour ceux qui avaient des problèmes (chrétiens ou confrères), il pouvait être de bon conseil, car il avait un jugement sûr et savait bien analyser un situation. .

C'était un prêtre d'une grande piété et à la spiritualité très profonde. Il priait beaucoup, mais tout cela était fait très simplement, comme une chose qui va de soi.

C'est le 18 janvier que son confrère, le Père VOORN, le trouva en semi-conscience il faisait une crise d'urémie.

A l'hôpital d'Efok, où Il a été très rapidement transporté, il sera sujet d'admiration pour les infirmiers et infirmières qui le soignaient.

Le mercredi 19 janvier, il recevait des mains de l'Abbe Théophile AWANA le sacrement des malades et la bénédiction apostolique. C'est avec beaucoup d'émotion qu'on J'entend dire : - N'est-ce pas que, tous, nous sommes destinés a rejoindre le Bon Dieu. Qu'il vienne me prendre le Plus tôt Possible, s'Il le veut bien.

Le jeudi, 20 janvier, son entourage a été édifié, quand dans la matinée, i a récité les prières de la messe. Il a encore ajouté : " Je demande au Bon Dieu la grâce d'être fidèle, de marcher dans le droit chemin jusqu'à ma Mort. Cette même grâce, je la demande pour tous mes confrères. "

C'est dans ces dispositions que le Seigneur vient de le prendre, le jeudi 20 janvier, à 21 heures. Il repose dans sa dernière paroisse, Mvom-Nnam.
d'après le P. Jean SCHEER.

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