Le Père Victorin LAFFONT

IL est né le 4 janvier 1892, à Borée, près de St-Martin de Vallamas, dans les monts du Vivarais (où la Loire prend sa source au mont Gerbier-de-Jonc). Cela nous donne tout de suite l'ambiance dans laquelle s'épanouit Victorin enfant. Il est né au cœur de l'hiver, quand la neige obligeait à l'époque d'utiliser le traineau sur les routes de montagnes. C'est ce qui lui arriva, aimait-il à raconter, le jour de son baptême quand son berceau glissa hors du véhicule, à l'insu de ses parents ... qui durent, arrivés à la ferme, rebrousser chemin pour le trouver sur la piste. Mais l'enfant était résistant, et toute sa vie il le prouva.

Le climat politique de la France obligeait alors les étudiants religieux à s'expatrier, et c'est en passant de Suse à Langogne et à Gentinnes que Victorin poursuivit ses études secondaires. La suite eut lieu à Chevilly où il fit profession en 1913 et fut ordonné prêtre en 1921.

L'année suivante, il fut heureux de partir dans l'océan indien prendre la direction de la paroisse de Rodrigues, petite île britannique francophone, au large de Maurice. A cette époque, sur ses 110 kilomètres carrés elle ne comptait guère que 3.000 âmes. Le Père Laffont s'y trouva fort à l'aise et garda toujours un excellent souvenir de ce bon vieux temps.

En 1930, il revint en Europe, passa trois ans à la Procure de Fribourg en Suisse, puis 23 ans à Langogne, Cellule, Allex et St-Ilan. Ce grand barbu, fumeur de pipe, tendre et bougon, avait plaisir à enseigner latin et français à ses jeunes futurs missionnaires.

L'amputation d'une jambe, qui aurait pu le diminuer, le grandit au contraire dans l'estime de tous, car il savait en rire et en tirer avantage en obtenant facilement de voyager en auto-stop d'Allex à Borée ou de Bretagne en Vivarais.

L'âge venu, il assura l'aumônerie de religieuses à St-Servant durant quatre ans, puis se retira à Langonnet pour une retraite paisible, agrémentée de quelques leçons particulières de latin ou de corrections de copies d'élèves. Il accueillit la mort avec simplicité le 23 décembre 1969. - Les Sœurs de St-Servant écrivirent à son sujet : " Vous le dirai-je, mon Révérend Père, il est, entre autres qualités du Père Laffont une très spéciale, très appréciée : c'était l'amour qu'en toutes occasions il témoignait à sa congrégation, une estime profonde pour ses supérieurs et ses confrères. Oui, cela le rendait admirable durant son séjour chez nous. C'est très beau de porter les autres à l'estime de sa congrégation tous ceux qui l'ont approché en ont fait la remarque."

Page précédente