Le Père Louis LAMBERT,
1810-1875

(Cf. notice du P. Lambert parue au Bulletin général de la congrégation, en 1875, pages 168 à 171)

Le P. Louis Lambert est né à Orléans vers 1810. Après avoir achevé ses études littéraires, il entra au grand séminaire de son diocèse dirigé par les prêtres de Saint-Sulpice. Sous leur direction éprouvée, il étudia la théologie et les autres sciences ecclésiastiques, jusqu'à ce qu'il fut parvenu aux ordres sacrés.

Pendant dix ans, l'abbé Lambert exerça le ministère paroissial dans une et bientôt deux paroisses, à la grande satisfaction de son évêque. Mais il aspirait à de plus vastes labeurs d'apostolat, dans le cadre de la vie religieuse. C'était l'époque où le P. Libermann venait de fonder la société du Saint-Cœur de Marie qui s'unit par la suite à la congrégation du Saint-Esprit. A peine y fut-il entré qu'on l'envoya dans les missions qu'il désirait de tous ses vœux.

Il fut d'abord affecté à l'île de la Réunion. L'abbé Monnet et le P. Le Vavasseur y travaillaient activement à la libération des esclaves, qui fut obtenue à la Réunion en 1848. Mais en 1846, le P. Lambert fut envoyé par ses supérieurs à Port-Louis, capitale de l'île Maurice, pour venir en aide au P. Laval, débordé par la formation chrétienne de tous les esclaves libérés en ce lieu dès 1835. (1) ( Le P. Laval, l'apôtre de l'île Maurice, a été béatifié le 29 avril 1979 par le Pape Jean Paul Il). Le P. Lambert était bien le compagnon qu'il fallait au P. Laval et au ministère dont il était chargé. Modestie, simplicité, inaltérable douceur, patience à l'épreuve de tout : que pouvait-on demander de meilleur pour ce travail si vaste, si humble, si difficile, auprès de cette population de pauvres qu'il fallait instruire, relever, moraliser, civiliser, c'est-à-dire rendre sérieusement chrétienne. Grâce à Dieu, les succès furent à la hauteur des plus grandes espérances, on peut dire sans exagération qu'ils furent merveilleux.

Citons rapidement les autres lieux que le P. Lambert a évangélisés et quelques-unes des œuvres qu'il a accomplies. En 1853, il est aux Pamplemousses ; de là il dessert sa chère mission de la Montagne Longue, et y bâtit l'église paroissiale de Notre-Dame de la Délivrande. Chaque mois, il allait passer une semaine au quartier de Flacq, où il venait en aide aux deux curés qui s'y sont succédé, l'abbé O'Dowier, puis l'abbé Giles. Quand celui-ci partit en Europe, en 1855, le P. Lambert fut chargé par Mgr Collier de la paroisse de Flacq ; et c'est encore à son zèle que l'on est redevable de la belle église de Saint-Julien, de la tour et de la cloche qu'on y admire.

Enfin c'est à Port-Louis qu'il fut rappelé pour succéder au P. Laval décédé en 1864. Le tombeau du Bienheureux est devenu un lieu de pèlerinage, près de l'église de Sainte-Croix.

Le P. Lambert y retrouva les plus chers enfants de son cœur, les pauvres près desquels il aimait tant se dévouer. Ils lui venaient de la ville, des faubourgs, de la banlieue. Il les trouvaient encore à la chapelle de Roche-Bois. A tous, il donnait, de tout cœur, son temps et ses soins les plus assidus, n'écoutant ni ses fatigues, ni la faiblesse de l'âge qui se faisait déjà sentir, ni les rigueurs de ce chaud climat qui épuise les plus forts. S'inclinant plus sous le poids de ses labeurs que sous celui des années, il paraissait déjà un vieillard lorsqu'il dépassait à peine la soixantaine.

C'est ainsi que sa vie s'épuisa doucement et se termina après quarante années de ministère, dont trente passées dans les îles de l'océan Indien. Après une courte maladie, il reçut le saint viatique, et deux heures après, il passait de sa dernière communion sur terre à la bienheureuse communion éternelle.

Ses funérailles reçurent les meilleurs honneurs qu'on puisse attendre. Tous les membres du clergé séculier et régulier y assistaient, tandis que Mgr Scarrisbrick, évêque de Port-Louis, présidait l'absoute. Une foule de trois mille personnes recueillies s'unissaient aux prières : peuple sympathique que le P. Lambert, à la suite du P. Laval, avait aimé et évangélisé avec une charité si parfaite.

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