Le Père André LANDREIN
décédé le 20 février 2001, à Yaoundé, âgé de 75 ans
Né : 04.09.25, Pont-Aven (29). Profès : 05.10.44, Piré. Prêtre : 01.10.50, Chevilly .
AFFECTATIONS
CAMEROUN - diocèse de bafia - Lablé, vicaire (51-56) ; Ombessa, vicaire (56-60)
Lablé, curé (60-99) ; Gondon, chancelier du diocèse (99-01)


Peu enclin à parler de lui, André Landrein, doué d'une grande mémoire, savait nous entretenir longuement de l’Eglise de Bafia. Il aimait ce diocèse pour lequel il a donné toute sa vie : il l’aura servi fidèlement pendant cinquante ans. C'est dans son labeur plus que dans ses confidences qu'il se laissera deviner.

Lorsqu’il arrive à Lablé en 1951, il saura innover. Il annoncera l’Evangile auprès des jeunes le ballon au pied : il fonde une équipe de foot à Bafia : (c'est le temps où le P. Mayer fonde Le Tonnerre de Yaoundé). Toujours à l’effort, pour marquer, toujours à l’avant !...Il pourra pendant quatre années aider efficacement à la formation de la paroisse d'Ombessa. S'il revient à Lablé en 1960, c'est avec le même souci de la jeunesse qu’il faut former et bien former. Le collège technique de Lablé devient un lieu de référence où l’on sait pouvoir acquérir une vraie compétence professionnelle : maçonnerie, menuiserie, mécanique, ferronnerie... II mobilise les hommes et les fonds nécessaires pour faire passer aux jeunes son amour du travail soigné.

Dans le même temps, il sait rester l'homme de tous : il connaît chaque famille et chaque famille le connaît. Au moment où l’Eglise de Bafia connaît de vives tensions il sait écouter les uns et les autres. Pour lui, comme sur le terrain de foot, il n'y a de bon match que lorsque chacun sait reconnaître l’autre, lui envoyant la balle quand il faut, oeuvrant au service de tous.

Homme sans ambition pour lui-même, il sut se laisser former par les anciens qu'il avait trouvés sur place, les pères Bohn, Grimaux, Loucheur. Il eut plaisir à voir grandir les plus jeunes et à leur laisser la place, jusqu'au grand détachement : en 1999, il demandait à son évêque d’être déchargé de la cure de Lablé, désormais trop lourde.

Ami fidèle, il accepte de continuer la route, près de Mgr Athanase Bala, pour un travail d'historien. Chancelier du diocèse, il compulse les archives et sa grande mémoire pour jeter les bases de l’histoire de son diocèse. Il vit cette dernière étape avec son vieux compagnon de Lablé, le frère François Grobel. Il lance ses dernières forces dans des services désormais discrets. 1l saura remettre ordre dans les archives du diocèse : il aimait aussi vivre le service dominical à Ngoro ou auprès des prisonniers de Bafia.

Quand récemment, je lui demandai un service pour l’assemblée spiritaine qui devait se dérouler du 30 janvier au 2 février, il répondit oui sans hésiter. Durant une heure, il nous fit goûter les prémices de l’histoire de l’Eglise dans le Mbam. Le 2 février il repartait heureux de cette rencontre fraternelle. Il avait découvert que la jeunesse était là bien présente, prête à continuer la partie. Il a, en une dernière passe, lancé la balle en direction des plus jeunes. Le mardi 20, il pouvait partir sans bruit, il n'y aurait pas de prolongations. Ce n'est pas le coup de sifflet final qui est venu l’arrêter : le coup d’envoi de la communion éternelle a résonné en lui comme un appel. Il s’est offert à jamais au « oui » de son Dieu, vrai Maître de son jeu.
Louis Cesbron