Le Frère Honoré Lang,
décédé à Brazzaville, le 7 juin 1897,
à l’âge de 26 ans.


Honoré Lang était né le 1er novembre 1870, à Niederchoffesheim (diocèse de Strasbourg). Sur les bons témoignages du curé de sa paroisse, il fut admis le 27 avril 1888 au postulat des frères, à Chevilly, où il fit profession le 8 septembre 1890. Immédiatement après, il fut désigné pour la mission de l’Oubangui.

Attaché à la maison de Brazzaville au moment où cet établissement était en pleine période d’installation, il prit une grande part à tous les ouvrages de charpente et de menuiserie ; il ne marchandait ni son temps, ni sa peine, et donnait à tous l’exemple d’un bon travailleur. Quoiqu’il ne fût pas de première force dans ces derniers métiers, il avait déjà acquis cet esprit d’économie si précieux partout, mais surtout en mission ; il ne laissait rien perdre des matériaux qu’il avait sous la main pour ses travaux, et s’attachait à faire beaucoup avec peu, maxime qu’il faut si souvent mettre en pratique en Afrique. Il trouvait là de nombreuses occasions de pratiquer la pauvreté, et il le faisait avec un véritable esprit de foi.

Chargé de l’atelier de menuiserie, il eut souvent à faire des actes d’humilité, car il avait sous ses ordres des ouvriers noirs plus habiles que lui dans son métier ; il sut en profiter pour se perfectionner.

Par tempérament, le F. Honoré était porté à la fièvre bilieuse hématurique ; il en a eu au moins cinq ou six, toutes assez graves. Fortement anémié par ces nombreuses fièvres, il dut rentrer en France en août 1895.

Il revint avec Mgr Augouard en janvier 1897. Le frère désirait partir pour une des fondations à créer dans l’intérieur ; Brazzaville, disait-il, devenait de jour en jour trop rapproché de la côte ! Monseigneur le désigna pour la fondation de l’Alima, dont le personnel et le matériel étaient prêts à partir en juin, mais dans le courant du mois de mai, il eut une nouvelle fièvre bilieuse hématurique.

Bientôt, cependant, il alla mieux et il espérait encore pouvoir guérir complètement et partir pour sa nouvelle destination ; mais une rechute lui ôta cet espoir. Il s’en releva néanmoins ; il commençait à marcher et à prendre un peu de nourriture ; le jour de la Pentecôte, il put même aller à la chapelle faire la sainte communion, lorsque, dans la soirée, il fut pris du tétanos.

La maladie paraissait assez bénigne, mais elle n’en fut pas moins rapide. Dans la journée du lundi, le frère se confessa et accomplit généreusement son sacrifice. Vers les cinq heures du soir, deux ou trois crises un peu plus fortes lui firent perdre entièrement connaissance. Monseigneur lui administra le sacrement de l’extrême-onction et, pendant l’agonie qui dura près d’une demi-heure, tous les confrères réunis autour de lui récitèrent les prières des agonisants. À cinq heures et demie, il rendit le dernier soupir, nous laissant la douce espérance que son âme s’envolait vers le ciel. -
BG, t. 18, p. 765.

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