Le Père Flavien LAPLAGNE,
1877-1961


C'est au village de Boo-Silhen près d'Argelès-Gazost que naquit, le 23 février 1877, Flavien Laplagne fils d'un cultivateur. A 12 ans, il fut admis au petit séminaire de Saint-Pé d'où il passa en 1897 au grand séminaire de Tarbes. L'année suivante il fit son service militaire sur place dans l'infanterie. De retour au séminaire, il eut l'occasion d'entendre parler des missions lointaines par plusieurs spiritains et en particulier par le Père de Beaumont, futur évêque la Réunion. Recommandé par celui-ci il fut admis au noviciat d'Orly en 1900. En 1902 il était ordonné prêtre à Chevilly et recevait l'année suivante son affection pour la Préfecture apostolique de Conakry en Guinée française. Il s'embarqua à Bordeaux le 15 août 1903 avec le P. Quillaud et le P. Garin.

A son arrivée il fut heureux d'être affecté dans la région forestière où il parvint à Brouadou après 28 jours de marche à pied. Il y travailla 6 ans s'initiant à la langue kissienne et aux travaux matériels variés de cette fondation. Après un congé en France, c'est à la fondation de Mongo qu'il fut envoyé dans le district militaire de Gueckédou. Avec le P. Lecler il partageait son temps entre les travaux manuels (il était bon menuisier) et le catéchisme, dans la langue qu'il possédait bien désormais. En 1913, l'église était inaugurée et l'on comptait plus de 500 catéchumènes. De 1914 à 1917 il fut mobilisé sur place à Gueckédou', mais il pouvait, un ou deux dimanches par mois, assurer les offices à Mongo. Les deux années suivantes il revint à Brouadou pour diriger la mission et confectionna lui-même la table de communion. De 1920 à 1929 il revint à Mongo comme supérieur. Il avait alors consacré 26 ans de sa vie au pays Kissi.

Après un congé, c'est au pays de Macenta, à l'est de Gueckédou, qu'il fut chargé de fonder une.nouvelle mission au village de Balouma. Après le Kissi, il dut se mettre au défrichage d'une langue fort différente, le Toma. Comme toujours, son temps fut partagé entre les travaux manuels et les travaux de langue et de catéchisme pendant 20 ans.

Or en 1950, la nouvelle Préfecture de Kankan opéra avec les Pères Blancs un échange de territoires, acquérant le pays de Siguiri au nord et cédant celui de Macenta au sud. Le Père Laplagne eut donc à transmettre sa mission de Balouma et de Macenta. A sa mort, c'est-à-dire dix ans après, le Père Ammann des Pères Blancs écrivait : "Le Père Laplagne est le fondateur de notre mission et il a laissé un souvenir qui n'est pas prêt de se perdre. Partout dans les villages, il est connu et l'on ne parle de lui que comme du "bon père" qui aimait tendrement ses enfants. L'ayant moi-même connu, puisque lors de notre arrivée ici pour remplacer les Pères du Saint-Esprit, il nous fut laissé pour 6 mois, afin de nous initier aux problèmes du poste. Je sais combien était grande sa chante et c'est peut-être là la marque la plus profonde qu'il a laissée par sa longue vie de dévouement : une charité jamais prise en défaut, tant à l'égard de ses confrères qu'à l'égard des indigènes. Aussi dès que nous avons appris son décès, ce fut pour tous ceux qui l'avaient connu une douleur profondément ressentie. Aussi les chrétiens ont-ils eu à cœur de faire dire plusieurs messes pour le repos de son âme, car ils se sentent gravement redevables envers lui des grâces de leur baptême."

Durant 5 ans le Père Laplagne vécut ensuite à Dabadougou près de Kankan. C'est là qu'il fut fait chevalier de la Légion d'honneur. En lui épinglant sa décoration M. François Mitterand lui dit "Vous l'avez bien méritée" ; le P. Laplagne lui répondit "Oui, au moins aujourd'hui !" car le ministre les avait fait attendre plus d'une heure sous un soleil brûlant.

Le Père Laplagne prit sa retraite à Bordeaux puis à Langonnet. Il y est mort comme il a vécu, sans se plaindre. Jamais il n'a dit qu'il souffrait et quand on lui a proposé l'extrême onction il n'a paru ni ému ni étonné. Le bon Dieu lui a fait la grâce d'une belle vie comme d'une sainte mort.

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