Le Père Paul LAVAL,
1813-1844.


Paul Laval naquit le 4 juin 1813, à Condé-sur-Noireau, où son père était le pasteur protestant de la commune. Mal assuré dans sa foi, par l'usage du libre examen dans l'interprétation des Écritures, celui-ci, après longue réflexion, prit contact avec l'abbé Lefournier, curé de la paroisse, qui le mit en relation avec Félicité de Lamennais, qui résidait à Paris. Le père de notre confrère fit son entrée dans l'Église catholique, le 12 mars 1822, à Paris, dans la chapelle des Missions étrangères, où il reçut la communion des mains de Mgr Charles Brault, l'évêque de Bayeux (1)(Mgr Brault, évêque de Bayeux de 1802 à 1823, fut transféré à l'archevêché d'Albi de 1823 à sa mort en 1833.)

A l'âge de treize ans, le jeune Paul Laval poursuivit ses études au lycée de Caen. Doué d'une brillante intelligence, il fut toujours à la tête de sa classe, au point que ses prix formaient une véritable bibliothèque. Il se rendit ensuite au séminaire de Saint-Sulpice, puis, de là, chez les Eudistes. C'est ainsi qu'il eut l'occasion de rencontrer François Libermann, maître des novices à Rennes, chez les Eudistes, en 1838 et 1839.

Quand il apprit que Libermann créait la société missionnaire du Saint-Cœur de Marie, il s'empressa de le suivre à La Neuville, maison de campagne appartenant à l'évêché, près d'Amiens. Paul fut le douzième à rejoindre le fondateur.

Les pionniers se forment en surmontant tous les obstacles. "On vivait de quelques aumônes dans la plus stricte pauvreté, à peine pourvu du nécessaire. Un nouveau venu arrivait-il, l'un des anciens cédait sa chambre et son lit et se couchait sur l'unique table du réfectoire. Le vénérable Père supérieur, le plus convenablement logé, n'avait qu'une table, un lit et une paillasse, qu'il remuait de ses mains chaque matin. Il n'y eut d'abord qu'un seul encrier, placé dans une salle commune : chacun venait y puiser..."

Au XIXe siècle, la reprise de l'activité missionnaire en Afrique Noire vint des Etats-Unis après l'affranchissement des esclaves. Mgr Edward Barron, en recherche de personnel, obtint du P. Libermann un contingent de sept jeunes prêtres. L'équipe prit la mer sur "Les deux Clémentines" le 13 septembre 1843. Après une traversée d'un mois, sans incident, ils arrivèrent au Sénégal, à l'île de Gorée, et le 29 novembre au cap des Palmes, lieu choisi par Mgr Barron. Ils étaient affaiblis, mais pressés de se mettre à l'œuvre. Ils furent répartis en trois postes : cap des Palmes, GrandBassam et Assinie.

Ce fut un échec, un désastre... ou plutôt un sacrifice:
- Léopold de Régnier, de Séez, mourait au cap, le 30 octobre 1843.
- Louis Roussel, d'Amiens, mourait aussi au cap, le 27 janvier 1844.
- François Bouclet, d'Annecy, mourait en mer, le 28 mai 1844.
- Louis Audebert, de Beauvais, mourait à Grand-Bassam, le 6 juillet.
- Paul Laval, de Bayeux, mourait à Assinie, le 13 juillet 1844.
Deux survécurent: le P. Maurice, de Nantes, qui rejoignit son diocèse, et le P. Bessieux, de Montpellier, qui devint le premier évêque du Gabon.

Quand Libermann rassembla la communauté, et d'une voix triste mais calme leur annonça la tragique nouvelle, à l'inverse des réactions humainement prévisibles, l'un après l'autre, chacun vint à lui, demandant d'être envoyé en Afrique, à la mission des deux Guinées.

La nouvelle de la mort de Paul Laval trouva son vieux père calme et résigné. Il versa des larmes abondantes de consolation, en pensant que son fils, son bienheureux Paul - car c'était ainsi qu'il l'appelait - avait sacrifié sa vie pour la gloire de l'Église et le salut des âmes.

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