Le Père Jean LE CHEVALIER,
décédé à Pointe-Noire,
le 15 décembre 1950, à l’âge de 46 ans.

Jean Le Chevalier est né à Gourin (Morbihan), le 13 octobre 1905. Il a fait profession le 8 septembre 1925 et, à la consécration à l’apostolat du 12 juillet 1931, il reçut son obédience pour le vicariat apostolique de Loango. Il y exerça son apostolat au petit séminaire de Mayumba (de 1931 à 1946), puis à la mission de Loango, jusqu’en 1950. À la fin de l’année 1950, il fut hospitalisé à Pointe-Noire et y mourut le 15 décembre 1950.

Au cours de son séjour à Mayumba, le P. Le Chevalier eut l’occasion de faire paraître plusieurs articles dans la revue, dirigée alors par le P. Maurice Briault, les Annales des Pères du Saint-Esprit : numéro d’octobre 1933, p. 232-233 ; numéro d’avril 1936, p. 109-113 ; numéro d’octobre 1937, p. 238-242 ; numéro de mai 1939, p. 136-138. La guerre devait interrompre cette fructueuse participation, toujours bien écrite et bien documentée. Retenons-en cette description de Mayumba :

« Mayumba est le plus beau pays du monde. Sans menterie, mon père, sur les bords de l’Océan, de Dakar à Pointe-Noire, je n’ai trouvé coin plus charmant. Que ne suis-je artiste ! Je suis absolument convaincu que le fondateur de Mayumba, sous sa rude écorce, cachait une âme de peintre. Tout le crie ici. Sans doute ce n’est qu’en 1924 que l’on s’est décidé à construire en brique et jusqu’ici il a été inutile de parler de tuiles, notre argile étant mélangée de gravier, mais le site est merveilleux. La mission a été construite sur un promontoire dominant de 60 mètres une lagune immense. À 20 mètres du séminaire c’est la brousse. Brousse nécessaire en ce moment puisque seul moyen, ici comme au Gabon, d’amender un sol vite épuisé. Cette brousse avec son enchevêtrement d’arbustes et de lianes dominé par de vieux palmiers aux têtes échevelées de gitanes s’étage sur les quelques centaines de mètres qui nous séparent de la lagune. Par delà celle-ci, par delà la forêt de palétuviers, par delà une large bande de sable ou de terre c’est la mer immense et à certains jours d’un superbe bleu. Jadis, des récits de Portugais le disent, la mer venait battre le pied de notre colline et, à notre promontoire, étaient rattachées deux collines qui, aujourd’hui, font partie des terres de l’autre rive. Peu à peu des dépôts de sable se seraient formés en face de chez nous et, un beau jour, la lagune se sera trouvée être un lac. Par une formidable poussée des eaux la bande de terre qui nous rattachait aux collines d’en face aurait cédé et la lagune serait, depuis ce temps, dans l’état actuel, à l’excption toutefois de l’embouchure qui ne cesse de voyager. Je vous disais il y a un instant qu’en face de chez nous il se trouve une forêt de palétuviers, aux jambes exsangues et noueuses d’un être malvenu, c’est vous dire que l’embouchure de la lagune n’est pas loin. Actuellement, il faut une demi-heure de pirogue pour y aller, mais avant septembre dernier elle était à 13 kilomètres d’ici et la voilà à nouveau en marche vers le Nord. »
(A, octobre 1933, p. 232-233).

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