Le Père Roger LE DEAUT
décédé le 12 juillet 2000, à Chevilly, âgé de 76 ans
Né : 28.10.23, Camors (56). Profès : 05.10.42, Piré. Prêtre : 19.05.51, Rome

AFFECTATIONS -
ROME (il réside de 52 à 98 au Séminaire Français). Professeur à l'Institut biblique de 64 à 94 , et auprès de divers organismes.
FRANCE - Retraite et soins à Chevilly (98-00).


ROGER LE DEAUT a perdu ses parents très tôt et la privation de ses parents l'a beaucoup marqué. Il a fait en France d'abord, puis à Rome, des études brillantes, tant littéraires que linguistiques ou scripturaires. Affecté au Séminaire Français, il y est d'abord professeur de liturgie et accompagnateur apprécié des séminaristes, mais il se consacre surtout aux recherches concernant l'Écriture Sainte et ses à-côtés. Sa maîtrise dans le domaine de la philologie et de la littérature araméennes le fait rapidement nommer professeur à l'Institut biblique, qui paraissait jusque là territoire réservé aux jésuites.

La spécialité du P. Le Déaut était l'étude du judaïsme ancien. Citons trois oeuvres majeures. D'abord, sa thèse de doctorat, « La nuit pascale >, publiée en 1963 ; puis quatre volumes de « Sources chrétiennes » sur les Targums et enfin l'article « Targum », pour le Supplément du Dictionnaire biblique, article encore à paraître chez Letouzey. Il faudrait évoquer de nombreuses contributions à plusieurs revues savantes et à divers Congrès et sa participation à la TOB, pour des livres comme le Siracide.

Mais le grand axe de sa vie a été de contribuer au dialogue judéo-chrétien par la recherche biblique et les contacts personnels. A travers ses recherches et son enseignement - comme par exemple son cours sur la Septante - il a manifesté le souci pédagogique de mettre en valeur le contenu de la Révélation et du dessein de Dieu. Ses étudiants comme ses collègues l'ont entendu souvent revenir au contenu du message. Le texte n'était pas seulement objet d'étude, mais source de vie et de dialogue entre juifs et chrétiens d'aujourd'hui.

Roger Le Déaut a été éprouvé par sa santé fragile. La maladie et les opérations l'ont obligé à un régime sévère : véritable ascèse qui l'a gêné beaucoup dans ses déplacements, pour des conférences, des cours à l'étranger. Il devait manger à des heures régulières et ne supportait pas le bruit. Il était l'homme du travail acharné et régulier. Trente ans d'enseignement au Biblique supposent, en sus des recherches personnelles, un grand investissement de temps auprès des étudiants dont il faut suivre, soutenir, guider avec patience les travaux, corriger les épreuves d'examens et les thèses : exercice assurément fatigant, voire épuisant. C'était là sa forme de vie spiritaine, sa consécration à la tâche que la Congrégation lui avait confiée. Il l'a exercée avec constance.

Vie sévère, vie fidèle, vie d'écoute de la Parole de Dieu, vie de dialogue interreligieux, vie de spiritain donné à diffuser la Parole de Dieu, bien reconnue dans les cercles bibliques, particulièrement dans les rencontres entre chercheurs juifs et chercheurs chrétiens sur le judaïsme. Que le Seigneur accueille son fidèle chercheur et lui montre la beauté éternelle de ce qu'il a si assidûment cherché.
Jean Savoie