Le Père Joseph LE DOARé,
1908-1939


Le cher Père Joseph Le Doaré s'est éteint tout doucement, sans agonie, le 2 février, au jour anniversaire de la mort de notre Vénérable Père.

Il nous était arrivé au Cameroun, dans les derniers jours de septembre 1938, et il fut placé à Minlaba, mission bien grande, très étendue, et comptant plus de dix mille chrétiens. Le cher Père était heureux et comptait bien se vouer corps et âme à l'apostolat. Le bon Dieu, Lui, avait d'autres desseins sur lui !

A peine arrivé dans sa mission, il fut pris de maux aigus et persistants au bas des reins. Tout le monde pensa, comme lui, que s'étaient des rhumatismes. Il en avait eu une crise aiguë déjà sur le paquebot ; et le médecin lui avait dit : "C'est un fort lombago ; tenez-vous bien au chaud, et cela passera. "

Le directeur de la mission de Minlaba voyant que le jeune Père était obligé de garder souvent le lit, et étant par ailleurs surchargé de travail, dirigea le malade sur Yaoundé, où il serait près du médecin.

Les médecins crurent aussi à un lombago, durant les premiers jours. Mais le Dr Aujoulat soupçonna bientôt quelque autre mal, et il emmena le Père Le Doaré à Efok, pour l'examiner de près (30 octobre). Au bout de huit jours, il lui fit une ponction lombaire, et il constata que le cher Père avait la mal de Pott, et déjà assez avancé. Il jugea cependant bon de faire radiographier le malade, et il l'amena à l'hôpital de Yaoundé. Les médecins de Yaoundé firent la même déclaration : Le Père a le mal de Pott, et cela d'une façon grave, irrémédiable. Ils ne lui donnaient que 3 ou 4 mois de vie.

Tout doucement je rendis le Père attentif à la gravité de son état. Il ne s'en émut pas beaucoup, et pensa que dans quelques semaines il se remettrait. Il pouvait marcher un peu, et quand il se tenait immobile, il ne ressentait pas de douleur. Mais bientôt il fut obligé de rester étendu sur son lit, ou dans une chaise longue, et la paralysie gagna les jambes, puis le bas du corps, et les reins à cause de cette paralysie. Le cher malade n'eut pas de souffrances physiques notables. Bien qu'il se rendit compte de son état, il ne se laissa pas abattre, et s'entre tenait bonnement avec ses confrères, avec le docteur et la sœur infirmière. Il recevait chaque matin la sainte communion, et il priait souvent durant la journée.

Dans les premiers jours de janvier, il perdit beaucoup de sang par les reins ; il eut une forte crise de faiblesse, et on crut que le Père allait mourir. Mgr Graffin qui se trouvait à Efok pour présider la profession religieuse des sœurs indigènes, administra au cher malade les derniers sacrements. Toutefois le Père se remit un peu, et resta ainsi, entre la vie et la mort, jusqu'au 2 février.

Dans la matinée, le confrère qui le veillait vit soudain le malade respirer plus fortement, puis rendre tout doucement, et sans agonie, le dernier soupir !

Mgr Vogt, prévenu par une dépêche, arriva à Efok avec le Père Branger et le Frère Athanase. La dépouille mortelle du Père Le Doaré fut conduite à l'église. Monseigneur donna l'absoute, puis on se rendit au cimetière.

Le Cher Père le Doaré, né le 6 septembre 1908, à Tréboul, près de Douarnenez, nous a tous édifiés par sa patience et sa soumission à la volonté de Dieu. Il a généreusement offert sa vie pour la mission dans la trente et unième année de son âge.

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