Mgr Marcel LEFEBVRE,
1905-1991


Mgr Lefebvre, né à Tourcoing le 29 novembre 1905, est mort à Martigny, en Suisse, le 25 mars 1991, à 85 ans.

La démarche étonnante de Mgr Lefebvre se séparant de l'Église nécessitera une étude approfondie des 40 années qu'il vécut, de la condamnation de l'Action française en 1926, à la fin du Concile en 1965, et des 15 années suivantes au séminaire d'Ecône. Dans le courrier actuel, nous ne pouvons que reprendre le texte du Supérieur de la Province de France annonçant son décès.

Voici cette notice biographique écrite en 1991.
" La mort de Mgr Lefebvre en cours de semaine sainte et après une retraite discrète, n'a pas fait grand événement médiatique. Et c'était mieux ainsi. Mais tous les spiritains français ont été suffisamment marqués par Mgr Lefebvre pour que nous évoquions ici dans la prière ce qu'il a été pour nous.

" Il est entré dans la Congrégation par le Séminaire Français de Rome où il faisait ses études pour le diocèse de Lille de 1923 à 1930. Il a fait son noviciat comme prêtre. Après sa profession religieuse en 1932, il est missionnaire 12 ans au Gabon. Il est directeur du scolasticat de Mortain en 1945. Il est alors nommé Vicaire apostolique de Dakar et Délégué apostolique pour l'Afrique française en 1947. Ceux d'entre nous qui ont vécu avec lui ses longues années missionnaires témoignent de son dévouement, de son esprit d'organisation dans son service missionnaire.

" Avec les années soixante, l'Afrique arrive aux indépendances et l'Église entre en Concile. Nous avons assisté à la difficulté qu'a eue Mgr Lefebvre à vivre ces événements. Il quitte l'Afrique pour l'évêché de Tulle en 1962, et la même année il est élu Supérieur Général. Nous avions accepté sa nomination comme Supérieur Général, même si tout le monde ne la souhaitait pas.

" Alors sont venues ses prises de position que l'on sait au Concile et ses directives sur le style de formation dans les scolasticats. Dans la Province de France surtout, nous avons eu à supporter les interpellations de bien des gens au sujet des orientations de Mgr Lefebvre, mais la grande majorité d'entre nous a dû concilier sa vie spiritaine avec des directives évidemment orientées. Nous sommes reconnaissants envers tous ceux qui nous ont aidés à passer ces années difficiles, sans confondre les positions personnelles de Mgr Lefebvre avec celles de la Congrégation.

" Il n'est pas inutile de dire, car c'est peu connu, comment Mgr Lefebvre a quitté la charge de Supérieur Général. Élu pour 12 ans en 1962, il a annoncé le 27 mai 1968, qu'il démissionnerait au Chapitre spécial, pour que celui-ci puisse être électif. Ce qu'il a fait. Une question de procédure l'a mis en minorité ; il a alors quitté le Chapitre et n'y est reparu que très peu. Le Père Lécuyer a été élu Supérieur Général. Mgr Lefebvre s'est retiré de la vie de la Congrégation, comme peuvent le faire les religieux devenus évêques. Et nous avons appris plus tard qu'il travaillait à la fondation d'un séminaire en Suisse.

" "L'histoire d'Ecône est connue. Même si des confrères ont gardé une grande estime et parfois une amitié envers leur confrère, aucun n'a voulu participer à son œuvre. Les rencontres personnelles et les échanges de lettres n'ont pas manqué, surtout aux grandes étapes de cette action : en 1976, suspense a divinis après l'ordination de quelques prêtres ; en 1988, ordination d'évêques et déclaration du schisme. Mgr Lefebvre a toujours répondu à ses amis avec sa bienveillance habituelle, mais il est malheureusement resté tout aussi ferme dans sa démarche de séparation.

" Donnons le témoignage d'un récent échange de lettres entre un confrère et lui en novembre dernier. Mgr Lefebvre : " Votre lettre me fait bien plaisir et je vous remercie de me donner de vos nouvelles... Je vous assure que je ne regrette pas ce que la Providence m'a suggéré de faire. Après-demain, j'aurai 85 ans. Je sais bien que la fin approche. Je l'attends avec joie et paix ayant conscience de n'avoir jamais travaillé que pour le Règne de Notre-Seigneur au cours de mes 61 ans de sacerdoce. " Réponse du confrère : " Faut-il vraiment rester en désunion avec le Saint-Père ? Monseigneur, vous faites allusion à ce que la Providence vous a suggéré de faire. Avant d'entrer dans l'amour infini de Dieu, allez embrasser Jean-Paul II. Ce serait une telle joie pour moi et tant d'autres qui vous aiment tant. " Il ne l'a pas fait, il n'est pas inutile de savoir que cela lui a été dit.

" Mgr Lefebvre a été un spiritain généreux, un missionnaire évangélique et actif, un supérieur général soucieux de la vie de la Congrégation. Son orientation personnelle, intellectuelle et ecclésiale, qui l'a porté jusqu'à la séparation de l'Église, nous restera toujours mystérieuse. Nous le confions dans la prière à l'accueil miséricordieux du Père.
P. Jean SAVOIE "

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