Le R. P. Henri LE FLOCH

 

(1862‑1950)

 

Parmi nos confrères nous n'en voyons aucun qui ait été aussi âprement discuté que le P. Henri Le Floch : nous n'avons pas l'intention dans cette notice d'éclaircir les accidents de sri vie qui ont donné prise aux contes­tations; nous nous contenterons de dire ce que nous révèlent clairement les documents mis à notre dispo­sition, sauf pourtant en ce qui concerne son éloignement (le Rome en 19227, car en cette occasion le Pape lui­ même a prononcé; nous n'avons pas à expliquer son jugement car il ne nous en a pas fait connaître les motifs; nous n'avons pas à excuser le Père puisque l'autlorité suprême a parlé, comme le disait le Bulletin général (février 1928). « La bonne manière de rester toujours dans le droit chemin c'est d’être catholiques comme le Pape.‑ c'est la nôtre ».

 

 

 

            Henri Le Floch naquit le 6 juin 1862 au Caouet, en Plonévez‑Porzay, aujourd'hui en Kerlaz, diocèse de Quimper. Juché sur la falaise qui borne au midi la baie de Douarnenez, Kerlaz a belle mine. Le P. Le Floch en a chanté les charmes dans le discours qu'il pro­nonça aux noces d'or de sa sœur aînée en 1931 et qu'il publia dans une élégante plaquette sous le titre Mémo­rial de famille. Il y rappelle sa première éducation à la maison paternelle,, près de son grand‑père Henri Le Joncour; il y note la mort de sa mère à trente‑trois ans, de maladie contractée au service des varioleux, ‑il avait alors neuf ans ‑, il raconte les veillées au foyer des parents, il remonte jusqu'à ses aïeux du XVIe siècle pour expliquer la prospérité du domaine; il relève surtout les noms des prêtres de sa parenté depuis les contemporains de Michel Le Nobletz et du P. Maunoir Jusqu'aux confesseurs de la foi pendant la Révolution. C'est sur eux qu'il a pris modèle : « Le souvenir de ces grands‑oncles, dit‑il, m'a été une lumière dans ma vie sacerdotale de professeur, de supérieur de Collège, d'éducateur d'âmes apostoliques, de recteur du Sémi­naire français de Rome. »

Aussi se sentit‑il très tôt appelé par Dieu.

Il avait onze ans quand il l'ut envoyé au Likès, au pensionnat des Frères de Saint‑Jean‑Baptiste‑de‑la-Salle; aux vacances de 1875, il prit pendant trois mois des leçons de latin près du vicaire en résidence à Kerlaz, afin d'entrer en septième au Petit Séminaire de Pont­ Croix; il y resta trois ans et sa cinquième achevée il fut admis au Petit Scolasticat de Langonnet.

Il parut dès l'abord un excellent élève; ses notes sont très bonnes, sa santé se maintient assez bien; en 1882 à la fin de sa rhétorique il est fatigué, comme le sont tous ses condisciples; on l'envoie donc se reposer dans sa famille avant de le diriger sur Chevilly; il a d'ailleurs d'antres motifs d'aller vers les siens; en parti­culier il se propose d'encourager des vocations qui percent, celle de sa sœur surtout, sur le point d'entrer chez les Soeurs Blanches de Saint‑Brieuc et qui deviendra Mère Saint‑François.

Jusque‑là Henri Le Floch a été dirigé par le P. Pel­lerin, sous le haut contrôle du P. Jégou, supérieur; désor­mais il passe aux mains du P. Kraemer, fin psycho­logue, directeur des Scolastiques, le P. Grizard étant supérieur de la maison.

La première année, rien a relever dans les notes de l'élève en philosophie : tout est très bien, comme à Lan­gonnet. La seconde année le directeur pénètre davan­tage dans cette âme un peu fermée, il signale quelque impressionnabilité avec tendance au découragement en présence des difficultés de la vie religieuse; puis timi­dité, réserve, avec un goût marqué pour les études litté­raires, qui n'empêche pas pourtant une très sérieuse application à la théologie. Plus tard, le P. Grizard ajoutera à ces observations les notes du novice  : « Trop scientifique, pas assez surnaturel; cependant efforts et progrès. » Le P. Le Floch que nous avons connu est déjà tout entier dans ces appréciations : il aime le travail; il réussit; il ne néglige pas la piété, même en ce qu'elle a de démonstratif; il y est moins porté peut­être qu'aux spéculations intellectuelles, mais il la cultive avec soin, par devoir.

Pendant son séjour à Chevilly il reçoit les saints ordres depuis la tonsure ‑ 8 mai 1884 ‑ jusqu'à la prêtrise, 31 octobre 1886. Il ne nous a été rien conservé de ses dispositions en ces grandes circonstances; plus tard il commémorera les anniversaires de sa promotion au sacerdoce comme la plus grande date de sa carrière, avec un éclat qui en dit assez de ses sentiments intimes.

Le 28 août 1887, son noviciat achevé il fit profession. Pour ce temps‑là l'année était nombreuse : trente et un jeunes profès; un seul survit aujourd'hui, Mgr Michel Barrat, ancien préfet apostolique de Teffé. Des autres, il en est qu’il retrouvera à Rome, les PP. Wiisler et Liagre; la plupart ont été dispersés à travers le monde, comme il arrive chez nous, et plusieurs ont laissé des traces ineffaçables de leur passage ici‑bas.

 

Pendant son noviciat, le P. Le Floch avait craché le sang. Malgré le désir qu'il avait exprimé d'être destiné aux Missions d'Afrique, le T. R. P. Emonet l'envoya à Merville, où il resta deux ans, successivement proffesseur de rhétorique, préfet de discipline et directeur des Petits Scolastiques. Le P. Kientzler était supérieur de la maison. Parmi les confrères de ce temps un seul nous reste, le P. Thomann, toujours en pleine activité. En 1889 le P. Le Floch passa au Collège d'Epinal. Epinal était une des maisons qui promettaient le plus bel avenir; on s'y croyait tenu d'encourager les études et de les porter au plus haut point. Elle était dirigée en 1889 par le P. Albert Sundhauser, qui mourut en mars 1890 et fut remplacé par le P. Roserot. Le personnel enseignant y était choisi avec soin. Le P. Le Floch se fit bien vite parmi ses confrères une situation marquée.; il était professeur de philosophie, il y fut bientôt préfet des études et de temps à autre préfet de discipline. Il y devait apprendre à conduire une maison d'éducation autant qu'une oeuvre d'instruction, si bien qu'en sep­tembre 1895 il put être nommé supérieur du Collège de Beauvais.

Sa santé s'était raffermie. Après la première année de son séjour à Merville il avait dû subir à Allevard, dans l'Isère, un traitement de douches pharyngiennes, car il souffrait de la gorge depuis trois ans et il était menacé de perdre la voix. Son état en fut amélioré et peu à peu il reprit ses forces et son organe.

Il s'était aussi préparé pendant son professorat à l'examen de baccalauréat ès lettres. Il y avait réussi sans peine. Il aurait voulu en outre obtenir sa licence en philosophie. A cet effet il s'inscrivit à la Faculté des Lettres à Paris en 1894, mais échoua par la manœuvre, disait‑il, du professeur de philosophie, qui n'ayant pu exposer une partie de son cours, prit ses mesures pour forcer ses élèves à venir l'écouter l'année suivante.

 

Aux vacances de 1895 il prit les fonctions de supérieur au Collège de Beauvais, successeur du P. Philippe Kieffer. Le collège n'existait que depuis cinq ans, encore n'y avait‑on procédé que petitement et graduellement, depuis la classe de cinquième jusqu'à celle de rhéto­rique ouverte l'année précédente. Le succès semblait déjà assuré; les élèves venaient en nombre; on parlait déjà d'établir les cours d'enseignement secondaire moderne auprès de l'enseignement classique; et, preuve plus évidente, un lycée était fondé, pour faire concur­rence, semblait‑il, au Collège du Saint‑Esprit.

Le P. Le Floch était là dans son élément; il ne reculait pas devant la bataille loyale; il sut gagner la sympathie du nouvel évêque, Mgr Fuzet; il se sentait assuré de la confiance des meilleures familles et se mit à l'oeuvre résolument.

Il resta cinq ans à la tête de la maison; il lui donna un élan qui assura son avenir; il prouva pour ce qui le concernait lui‑même, qu'il était né pour conduire des jeunes gens. Il avait des vues très vastes. « Bien des parents, écrivait‑il, se décident à nous confier leurs, enfants, mus particulièrement par cette considération que nous sommes une Congrégation vouée à l'Apostolat dans les diverses parties du monde.  Par la vertu de cette vocation il nous est plus facile, leur semble‑t‑il, de rompre avec les idées trop exclusives et d'initier nos élèves à l'intelligence des temps nouveaux. Ils pensent aussi que le dévouement inspiré par les principes et les sentiments qui nous animent, est plus actif et plus généreux. »

Il eût été à désirer que tous les professeurs de nos collèges entendissent ainsi leur mission. La pensée du P. Le Floch, si elle n'était pas partagée par tous, n'en était pas moins féconde. Il terminait son exposé par ces deux phrases, qui nous paraissent aujourd'hui, après le Chapitre général de 1896, comme un essai de conci­liation entre les oeuvres des missions et des collèces d'Europe : « C'est sous cette forme que les mérites de nos confrères d'outre‑mer retombent en bénéfice sur les maisons d'Europe. Puissent celles‑ci à leur tour être utiles aux missionnaires, en faisant connaître les ser­vices rendus par eux à la foi et à la civilisation, en inté­ressant à leurs souffrances et à leurs travaux les élèves et les familles, en suscitant dans leur sphère d'action, des recrues pour la milice évangélique ! »

Un dernier bienfait procuré par le P. Le Floch à son cher collège de Beauvais fut la fondation d'une Société amicale des Anciens Elèves. Ces anciens étaient encore tous très jeunes, mais en prenant de l'àge ils formeront un corps capable de rendre, et qui rendra en effet, de très appréciables services à leur maison.

 

            Le 8 septembre 1900 le P. Le Floch fut nommé supé­rieur de Chevilly et directeur du Grand Scolasticat en place du P., Philippe Kieffer, devenu supérieur de Seys­sinet. Ce ne fut pas sans protestation des familles de Beauvais, qui exprimèrent nettement leur sentiment ‑ il était plus facile à Mgr Le Roy, disaient‑elles, de trouver un directeur pour ses Scolastiques, que de préposer au  Collège du Saint‑Esprit un homme qui en maintint la prospérité. Mgr Le Roy ne fut pas de cette avis. Déjà il  prévoyait pour le P. Le Floch d'autres fonctions plus en vue; il faisait à Chevilly l'essai de son candidat.

Ici nous attirons l'attention du lecteur sur la date à laquelle le P. Le Floch fut envoyé à Chevilly : sep­tembre 1900. L'année suivante, 1901, se passèrent les faits que tous parmi nous connaissent : déclaration du Conseil d'Etat que la Congrégation du Saint‑Esprit a cessé d'exister, démarches de Mgr Le Roy pour que cette déclaration fût rapportée, enfin au mois d'août le Conseil d'Etat revenant sur sa première décision, l'exis­tence légale de la Congrégation est admise. Pour en arriver là, Mgr Le Roy a étudié les documents qui se rapportent à la Fusion et en a conclu que la Congré­gation du Saint‑Esprit, en 1848, a continué d'exister et que la fondation de M. Poullart des Places garde toute sa valeur. Il y avait donc intérêt à remonter aux origines et à connaître le Fondateur. Le P. Le Floch fut‑il poussé par Mgr Le Roy dans cette recherche de notre passé ? Il ne pouvait qu'y être encouragé par son Supérieur général. Suivant ses propres déclarations, ce fut vers la fin de 1901 qu'il eut l'idée de dépouiller nos archives sur ce sujet. Il a aussi fait observer que par là il voulait connaître les origines de la Congrégation pour les exposer a ses Scolastiques.

Le 2 février 1902, chargé de faire à Chevilly la confé­rence usitée eu ce jour, il laissa de côté le thème qui semblait exigé par le cinquantième anniversaire de la mort du Vénérable Père, non pour faire une compa­raison mais pour présenter un rapprochement, comme il le disait, entre les deux Fondateurs, l'un du Saint Esprit, l'autre du Saint Coeur de Marie. A agir ainsi il y avait de l'audace . d'un côté un Père aimé et connu par sa Vie aux mains de tous, par ses lettres, ses écrits spirituels, lus et relus sans cesse; de l'autre côté un ancêtre ignoré, dont on exhumait quelques données bio­graphiques écourtées, des notes de ses retraites spirituelles et des Réflexions. Dans la conférence la véné­ration vouée au Vénérable Père n'était pas entamée par le respect témoigné à M. des Places. Mais désormais il n'était plus admis qu'on parlât de deux fondateurs, a titres égaux, mais d'un unique fondateur et, après celui ­ci, d'un restaurateur on si l'on veu,t d'un initiateur a l'esprit missionnaire religieux, esprit que M. des Places n'avait fait qu'indiquer à grands traits et que le P. Liber­mann avait dégagé avec maîtrise.

Cette conférence fut l'amorce d'un travail considérable qui fait époque dans la vie du P. Le Floch et le situa, bon gré mal gré, dans la Congrégation, en chef de parti, le parti qui, à la suite de Mgr Le Roy, tenait pour la perdurance de l’œuvre de M. Claude Poullart des Places dans la Congrégation telle qu'elle existe actuel­lement. Nous reviendrons sur la querelle qui s'éleva à cette occasion et qui n'a plus pour nous qu'un intérêt, historique, sans influence sur notre genre de vie. Ce travail fut : Une Vocation et une Fondation au Siècle de Louis, XIV. Claude François Poullart des Places, fondateur du Séminaire et de la Congrégation du Saint ­Esprit (1679‑1709), 1906, 556 pages gr. in‑8'.

 

Si l'on consulte la Table des Matières, on est étonné des titres donnés aux divers chapitres : le livre, semble­ t‑il, ne rapporterait que les événements peu marquants de la vie assez effacée d'un clerc mort à trente ans, avec un aperçu de son oeuvre; cette seconde partie tient en 100 pages, la première en a 380.

Mais à lire le texte, on saisit quelle richesse de documentation met cette vie en relief et souligne tout son intérêt. Le P. Le Floch a étudié avec soin le milieu ren­nais où est né son héros, la famille Poullart des Places, sa position dans la magistrature dans la capitale bre­tonne, les influences qui s'exercent sur les étudiants de ce temps et de cette ville, l'atmosphère religieuse et pieuse dans laquelle baigne l'âme de Claude Poullart, les collèges des Jésuites à la fin du XVIIe siècle, l'enseignement et l'éducation qu'ils donnent, la renommée des missions de Bretagne sous la conduite du P. Maunoir et de M. Leduger ‑ c'est toute une tranche de la vie d'une province française qui renaît avec une abondance de traits caractéristiques, c'est une résurrection de ce passé qui a fait notre France actuelle dans ses meilleurs éléments, ceux qui ont conservé la tradition des ancêtres en les adaptant aux besoins nouveaux surgis de toute part. Puis de Rennes la scène est transportée à Paris, dans le Quartier latin avec ses gloires et ses faiblesses, presque ses tares, au nombre desquelles l'abandon des écoliers ecclésiastiques pauvres dont la formation est négligée parce qu'ils ne trouvent pas à leur portée l'ins­titution qui les comprenne et qui leur donne la for­mation spéciale propre à faire d'eux un ferment de renouveau dans la classe paysanne française par le service des paroisses délaissées, des hôpitaux et par les missions.

Réunir en un Séminaire ces étudiants pour les diriger vers le but qui convient a leur misère, et leur donner une règle capable d'assouplir leur volonté, tout en les formant à la science, plus qu'ordinaire, qui les rendrait aptes à servir partout, telle fut l’œuvre, tel fut le mérite de Claude Poullart des Places.

Que de recherches pour retracer à vif tous ces tableaux, pour leur donner le relief nécessaire. Les notes au bas des pages n'en donnent qu'une faible idée. D'ailleurs aucun étalage d'érudition, tout y est subor­donné à l'édification. Le P. Le Floch n'écrit pas pour le grand publie mais pour les fils de celui dont il raconte la brève existence, en faisant remarquer ce qui éveille leur piété filiale et leur piété tout court, spécialement celle de ses Scolastiques à Chevilly, c'est‑à‑dire leur religion profonde envers Dieu.

 

La seconde partie de l'ouvrage qui rapporte l'histoire de l’œuvre de M. Poullart est empruntée aux cahiers du P. Jérôme Schwindenhammer. Elle se ressent de leur ton général, ton plutôt de chronique que d'histoire; elle se limite à la période qu'embrassent ses cahiers et qui va jusqu'à 1848. Le P. Jérôme avait préparé la suite mais n'a pas eu le temps de l'écrire.

On a pensé que le P. Le Floch avait subi de près l'influence de Mgr Le Roy dans cette seconde partie; s'il l'a subie, il a mal servi la thèse de son Supérieur général; car en s'arrêtant à 1848, il insinue que la Congrégation de M. Poullart ne va pas au delà de cette date, ce qui ruinerait les positions prises par Mgr Le Roy devant le Conseil d'Etat en 1901. La vérité est plus simple. A son ordinaire, Mgr Le Roy n'a pas cherché de truchement pour exposer ses idées, et le P. Le Floch s'est contenté de résumer un travail fait avec la plus grande exactitude, celui du P. Jérôme; d'ailleurs il n'aurait pas eu le temps de poursuivre l'histoire de la Congrégation parce qu'il lui eût fallu une étude appro­fondie de nombreux documents souvent incomplets; il venait en effet de passer de la direction du Scolasticat de Chevilly à celle du Séminaire français de Rome; ses nouvelles occupations ne lui laissaient pas de répit.

Néanmoins son dernier chapitre, concernant la Fusion de 1848, présentait comme une pierre d'attente en vue de discussions qui s'élevèrent bientôt. Il se ralliait eu ce point à l'opinion de Mgr Le Roy, qui se refusait à chercher le mode de la Fusion en dehors des documents émanés de Rome, c'est‑à‑dire dans des lettres qui relatent des intentions antécédentes on prescrivent pour l'avenir une règle de conduite toute pratique, sans égard à l'action juridique de la Propagande qui n'y avait rien à voir. Les intentions qu'on a eues d'abord, si respec­tables qu'elles soient, ne tiennent pas devant une déci­sion de l'autorité suprême, qui d'ailleurs n'a pas connu ces intentions; et les conseils subséquents ne sont de saison que s'ils ne contredisent pas la décision sou­veraine, sans que d'autre part on soit en droit de les interpréter comme une réaction d'opposition contre elle.

Nous reviendrons plus loin sur cette affaire en raison des discussions qu'elle suscita et qui émurent le Conseil général de la Congrégation.

 

            A l'aide du Bulletin général il nous est facile de relater les circonstances les plus notables du rectorat du P. Le Floch : avant tout son propre succès aux examens du doctorat en philosophie à l'Université de Louvain et, à ceux du doctorat en théologie devant le jury de l'Uni­versité Grégorienne en juillet 1905; puis dès la première année l'accroissement considérable du nombre des élèves - de quatre‑vingts à la centaine ‑ accroissement dans lequel la personnalité du nouveau supérieur n'était encore pour rien, mais qui présageait une ère de prospé­rité; enfin les fêtes, les réceptions entrent normalement dans la vie d'un Séminaire à Rome. Au nombre de ces fêtes il faut rappeler le sacre des quatorze premiers évêques français nommés après la rupture du Concordat (25 février 1906) et leur réception, le soir même, au Séminaire; le 27 janvier 1907, la manifestation de tous les Séminaires de Rome pour exprimer aux séminaristes français leurs sentiments de sympathie à l'occasion des violences dont le clergé et les établissements ecclésias­tiques étaient l'objet en France à la suite de la Sépa­ration des Eglises et de l'Etat. En souvenir, le P. Le Floch publia un cahier de 70 pages sur papier de luxe et orné de belles gravures : rappel de ce qu'était le Séminaire français, du bien qu'il avait fait, de ses espoirs; le nouveau recteur s'entendit toujours à faire valoir son oeuvre en profitant des bonnes occasions; exagérait‑il? Nous ne le pensons pas; il avait le sens de l'opportunité. Il n'épargnait non plus aucun soin pour divulguer les succès de ses élèves aux. examens de la Grégorienne, toujours attentif à ce qui relevait au dehors le prestige de sa maison.

 

Ce que ne nous révèle pas le Bulletin Général, ce sont certaines démarches faites pour la promotion du Père à l'épiscopat. Les premières à noter se produisent à la fin de 1907. Mgr Dubillard, évêque de Quimper, venait d'être transféré à l'archidiocèse de Chambéry; pour le siège vacant de Quimper, on parla du P. Le Floch; une pétition du clergé du Finistère fut même adressée à Rome dans cette intention. Un journal de Nantes fit allusion à. cette candidature en la déclarant impossible, parce que le candidat appartenait à une Congrégation religieuse. Ce fut l'archiprêtre de Lorient, le chanoine Duparc, qui fut élu a Quimper. D'autres distinctions arrivaient tout naturellement au P. Le Floch : consulteur de la Propagande, consulteur de la Consistoriale, il s'élevait sans le chercher par des fonctions en rapport avec son rectorat.

Trois ans plus tard, en 1910, il fut sur le point d'être revêtu de la dignité épiscopale tout en restant à la tête du Séminaire. Ce projet fut poussé assez loin pour que Mgr Le Roy dut, pour l'arrêter, intervenir auprès de très hautes personnalités : « Nous, ses Supérieurs et ses confrères, nous regarderions cet honneur qui ne serait appelé par aucune nécessité, comme un précédent regret­table, et loin de monter dans notre estime, le titulaire y ‑ baisserait certainement. » Ce n'était pas le seul argument du Supérieur général; c'est celui qui nous intéresse.

A nouveau, en Ï912, les instances reprirent par l'entre­mise de Mgr Battandier, ancien secrétaire du Cardinal Pitra. Le prélat s'efforça de répondre à toutes les objec­tions et à montrer tous les avantages que présentait pour le Séminaire cette promotion; il reçut un refus formel dont nous trouvons l'expression en termes concis sur la lettre même du solliciteur : « Restez‑en là et empêchez initiatives; ce serait le plus mauvais service à rendre au P. Le Floch et à moi‑même par contre‑coup. »

Mgr Battandier voyait dans l'honneur de l'épiscopat décerné au P. Le Floch une sorte de compensation pour les accusations portées l'année précédente contre le Père par quelques élèves du Séminaire, au sujet de sa conduite. Le Père en souffrit, mais l'estime de tous les gens de bien lui fit oublier ces vilenies. Entre temps il avait été nommé au Conseil Supérieur des Séminaires et Universités.

 

Un autre incident trouve ici sa place; nous le rap­portons non pour l'importance qu'il aurait eue, car cette importance fut en somme minime, mais parce qu'il nous semble refléter assez bien la tournure d'esprit du P. Le Floch et parce qu'il donna prise contre lui à ceux qui ne partageaient pas ses idées.

            Le 19 juin 1910 fut proclamé le décret d'héroïcité des vertus du Vénérable Père. Avant cette cérémonie le P. Le Floch crut bon de publier une brochure « Aux élèves du Séminaire français » sous le titre Louis Marie Barazer de Lannurien, fondateur et premier supé­rieur du Séminaire français de Roine et la Mission du Vénérable Libermann. Son intention était de rapprocher, par l'intermédiaire du P. Lannurien, M. Poullart des Places et leVénérable Père dans un but commun, la fondation et la direction de Séminaires en faveur des âmes abandonnées. A lire entre les lignes on conclut que le P. Le Floch avait par là le dessein de justifier l’œuvre du Séminaire français, en la faisant entrer dans le  dessein directement voulu par le fondateur du Saint­Esprit et par celui du Saint Coeur de Marie. A cet effet il citait un écrit du P. Lannurien qu'il appelait un mémoire et qui n'est qu'une note hâtive rédigée pour répondre à un désir du T. R. P. Schwindenhammer de connaître par des témoins divers les vues du Vénérable Père sur sa Congrégation. Le P. Lannurien avait écrit : « La petite Compagnie fondée par le P. Libermann devait, outre l'apostolat des oeuvres délaissées, exercé par ses membres, être employée à former des prêtres séculiers, remplis du même esprit de zèle et de dévouement, capable d'exercer apostoliquement le saint minis­tère et spécialement de se dévouer à évangéliser les classes inférieures, qui ont été jusqu'ici et depuis long­temps assez généralement délaissées, mais qui sont appelées désormais à jouer un rôle important dans la société et, à cause de cela, se voient exploitées habi­lement et activement par les agents du mal. »

Par cette affirmation catégorique qu'il étayait de quelques preuves non sans valeur, le P. Lannurien - et après lui le P. Le Floch ‑ enseignait une fin de la Congrégation qui jusque‑là n'avait pas été exposée avec cette force. En conséquence on soupçonna le P. Le Floch d'entretenir des visées subversives, qui s'ajoutaient aux causes de mécontentement déjà conçues à son égard. Des discussions naquirent qui finirent par embrouiller les idées jusqu'à disperser l'attention sur des points de moindre importance, de façon qu'il devint bientôt impossible de s'entendre sur le principal.

C'est lors de la publication du Mémoire du P. Lan­nurien que le P. Le Floch fut accusé d'avoir altéré les textes par des grattages, des suppressions, des inversions. Il fit en effet des corrections de style sans importance. Dans sa publication les termes qui ont une valeur pro­bante sont reproduits sans changement.

 

En 1915 il toucha de nouveau à la question brùlante de la Fusion. Il préparait une nouvelle édition de La Vie de Claude Poullart des Places. Il composa même un dernier chapitre de son ouvrage où il étudiait la question à fond, c'est‑à‑dire qu'il rapportait avec soin tous les incidents de 1848 pour conclure que la Congrégation du Saint Coeur de Marie avait été supprimée par la Pro­pagande en 1848 et que ses membres étaient entrés séparément et de leur plein gré dans la Congrégation du Saint‑ Esprit. Le lecteur non prévenu devait adhérer à cette thèse et elle nous semble la seule qui puisse être soutenue, si l'on excepte certains termes excessifs.

Le dernier chapitre ne parut pas dans l'ouvrage réédité : « Pour des motifs particuliers, nous nous sommes spontanément décidé, disait l'auteur, à différer la publication de cette partie de notre travail. Pourtant comme la composition typographique avait été faite, nous avons retenu quelques exemplaires numérotés pour notre usage personnel et en vue d’un dépôt près de la S. Congrégation de la Propagande. »

Le chapitre ainsi réservé portait le titre de L'Acte d’union du Vénérable Libermann et de ses disciples à la Congrégation du Saint‑Esprit d'après les Actes et les Documents de la S. Congrégation de la Propagande, Rome 1915, 50 pages in‑8', titre‑programme qui exprime les conclusions du Père, tirées en rigueur du seul document qui fasse foi, le décret de la Propagande, de septembre 1848. Les contradicteurs ne se tinrent pas pour battus; chacun garda son sentiment et le défendit, sans en rien céder. Pour nous, témoins de cette défense mêlée d'agression, nous nous félicitons que de part et d'autre chacun ait pu exposer librement ses raisons et nous nous gardons de condamner les intentions de qui que ce soit, parce que nous les savons toutes droites et visant à l'intérêt de notre Congrégation.

 

Il y eut d'autres escarmouches.

La même année 1915 le P. Le Floch fit paraître un second opuscule : Note pour une nouvelle édition de la Vie de C. F. Poullart des Places, de 30 pages, avec cet exergue Gaudium de veritate : c'est une explication des difficultés soulevées autour de l'ouvrage primitif. Il y avait des griefs futiles, réfutés en quelques lignes; d'autres étaient plus graves : on accusait l'auteur d'avoir méconnu l'esprit de la Congrégation qui est l'esprit du Vénérable Père, pour en substituer un autre; d'avoir assigné à la Congrégation un but, qu'elle n'avait jamais reconnu; d'avoir faussé, le sens de la Fusion : il était facile d'éclaircir tous ces points et, de montrer que ces reproches étaient immérités. Puis le Père rappelait les incidents pénibles de la lutte dont il était partie, sans l'avoir provoquée. Il se défendit, il était dans son droit; parfois il décochait à ses adversaires des traits un peu vifs comme il arrive en ces rencontres, en quoi on peut l'excuser. Enfin dans sa conclusion il réclamait de tous la bonne foi, dans la vérité de l'histoire, dans la grati­tude pour le passé et pour le bien qui s'était accompli, et enfin dans la paix.

Ce ne pouvait être le dernier mot de la discussion, car cette brochure était agressive et malmenait l'adversaire peut‑être plus que de raison. Un mémoire lui fut opposé et distribué aux principaux membres de, la Congré­gation. Le P. Le Floch y répondit par une nouvelle bro­chure : Supplément à l'Acte d'Union. ‑‑ Note sur le Mémoire « La Fusion », sous la devise Cor unum et anima una.

Le ton y était plus modéré que dans le précédent Opus­cule; l'argumentation restait précise et allait droit an but; mais la nécessité de discuter un exposé sans bases solides menait à des minuties où le lecteur aujourd'hui s'égare. Le conflit en était au point mort. Il fallait cesser : le P. Le Floch ne publia plus rien sur ce sujet et ses adversaires ne s'avouèrent pas vaincus. Mgr Le Roy essaya de ramener l'entente en publiant Notes et Docu­inents sur la Congrégation, laissant à chacun le soin de se former sa propre opinion sur cette affaire.

 

Au milieu de tout ce fracas, que devenait le Séminaire français? A nos confrères qui en auraient le moyen et le loisir nous conseillerions de relire la notice sur le Séminaire dans le tome XXVII du Bulletin général il est signé du P. Le Rohellec.

L'introduction, qui paraît l’œuvre du P. Le Floch lui­ même, sent la poudre; elle rappelle la note du P. Lan­nurien dont nous avons parlé plus haut sur les fins de la Congrégation, dans lesquelles entre la direction des Séminaires; elle cite la circulaire du T. R. P. Schwin­denhamnter du 25 mars 1854, qui se range à ce senti­ment. Puis le P. Le Rohellec prend la plume, passe en revue les brillants succès des dernières années, remé­more le rôle des Pères répétiteurs, soit dans les cours communs, soit en tête à tête avec l'élève, et insisté sur les facilités données aux étudiants de parfaire leur formation; dans cette éducation ecclésiastique il fixe la place faite à la formation spirituelle, à la piété privée, dirigée pourtant, à la piété commune dans la liturgie et surtout il en vient aux témoignages rendus au Séminaire par les anciens élèves, qui proclament bien haut la valeur des méthodes imposées, par les évêques qui dans leur correspondance particulière comme dans leurs lettres pastorales, rendent hommage aux procédés de la maison et s'en félicitent, enfin par le Souverain Pontife lui ­même, en particulier à l'occasion de la douloureuse cam­pagne dont nous avons parlé plus haut, menée contre le Supérieur par quelques élèves mécontents.

Peu après que ce bulletin eut paru, le P. Recteur insérait dans la préface de l'Acte d'Union une lettre du Cardinal Gasparri, Secrétaire d'Etat, écrite au nom de S. S. Benoît XV qui venait de succéder à Pie X :

« De ce livre (Vie de M. Poullart (les Places), fruit de vos méditations, déposé à ses pieds, le regard paternel du Souverain Pontife se porte avec affection vers la grande institution pontificale et française, depuis dix ans confiée à votre sollicitude, et dont la prospérité croissante est aussi l’œuvre de votre sagesse et de votre zèle. Le Saint‑Père se plaît à vous rendre le témoignage d'y avoir appliqué, avec un succès reconnu de tous, au bénéfice de la piété, des études et de toute la formation romaine, les méthodes et les principes transmis en patri­moine par le Serviteur de Dieu Claude‑François Poullart des Places, qui mettait si profondément au cœur de ses disciples avec l'amour de la science et de la perfection sacerdotale, le dévouement à l'Eglise et à la Chaire de Pierre ».

 

La guerre sévissait déjà. La rentrée du Séminaire s'était faite en 1914 à la date habituelle; il en fut ainsi pendant cinq ans; mais le nombre des élèves tomba de 150 à 30, 40, 50; les études suivirent leur cours avec les mêmes succès qu'autrefois. En ces temps si difficiles le P. Le Floch se dépensa sans compter; il se prête aux services que réclamait de lui la Secrétairerie d'Etat et accepte de répondre aux accusations portées contre le Saint‑Siège par un anonyme dans la Revue de Paris. Il y rétablit la vérité des faits : pendant tout le cours de la guerre le Souverain Pontife ne s'est pas départi entre les combattants de la stricte neutralité qui lui était imposée par son rang; Jamais il n'a favorisé les Empires centraux à l'encontre des nations de l'Entente. Reprenant une à une toutes les affirmations erronées de la Revue dle Paris, le P. Le Floch montrait d'abord la fai­blesse des arguments de l'accusateur, ainsi que sa mauvaise foi, et réduisait à néant les allégations fausses et, tendancieuses en y opposant ou les textes authen­tiques, le plus souvent déjà livrés à la publicité, ou les résultats de son enquête personnelle auprès des per­sonnages mis en cause. Cette réfutation, parue dans le Correspondant, soulagea bien des consciences catho­liques oppressées jusque‑là par la morgue de l'accusateur dans ses insolentes affirmations, qu'il était bien difficile aux particuliers de contrôler. Le Cardinal Gas­parri, au nom du Saint‑Père, témoigna, avec grand éloge, sa complète satisfaction d'un pareil travail.

 

Dans ses rares loisirs de guerre le P. Le Floch com­posa Les Elites sociales et le sacerdoce pour réveiller dans les âmes des hautes classes l'estime d'une sublime vocation et pour engager par suite les jeunes gens d'un rang plus élevé à se donner à Dieu. Cet opuscule fut très répandu et porta des fruits. Le Père tint aussi à glorifier les séminaristes, victimes pendant la guerre de leur devoir envers leurs pays; il fit ériger sur les parois du cloître du Séminaire une plaque de marbre, du plus beau travail, avec leurs noms; il donna à l'inau­guration de ce monument tout le relief que comportait le souvenir de pareils morts.

 

Quand la guerre eut pris fin, le Séminaire se repeupla; le chiffre (les élèves fut plus fort que jamais et la qualité parut meilleure, c'est‑à‑dire plus adaptée aux hautes études. Pie XI succéda à Benoît XV en février 1922 et la même bienveillance du Pape continua d'être témoigné au Séminaire français.

Mais ici commencent les déboires du P. Le Floch. Le Père semblait à l'abri de tout blâme. Les marques d'honneurs dont il était comblé de tous côtés lui faisaient un rang à part. Il avait été nommé consulteur du Saint Office, de la Propagande, de la Consistoriale, des Sémi­naires et Universités, de la Congrégation de l'Eglise Orientale; depuis le rétablissement de l'Ambassade auprès du Vatican il était dans les meilleurs termes avec les agents du Gouvernement français accrédités auprès du Pape; il était en. relations d'amitié avec plu­sieurs membres du Sacré Collège; les évêques de France lui témoignaient de la déférence; ses élèves répartis dans presque tous nos diocèses français le regardaient comme un centre incomparable d'influence; il était estimé pour sa science, son entregent, son expérience. Tout lui réussissait. Nos confrères attendent de nous que nous leur don­nions sur la retraite du P. Le Floch quelques indications qui leur permettront de juger équitablement l'affaire.

Disons tout d'abord que le Père avait des adversaires qui, rapportaient en haut lieu tout ce qui pouvait le desservir; il ne voulut pas y prendre garde; il les dédaigna.

Le 25 mars 1927 le Séminaire français fut reçu en audience par le Souverain Pontife, qui fut choqué ‑ ­il le déclara plus tard ‑ d'un mot de l'adresse du P. Le Floch; le Père, au contraire, avoua dans la suite n'avoir eu aucune intention malveillante en le pronon­çant, et nous l'en croyons sans peine. D'autres pourtant étaient aux aguets et reproduisaient dans une revue française, ce seul mot de l'adresse du Supérieur du Séminaire, preuve qu'ils avaient compris.

Dans sa. réponse le Pape n'y fit pas illusion et se contenta de parler avec véhémence, il est vrai, de l'Action Française et de sa révolte contre l'autorité pontificale. Sur la fin du discours quelques‑uns relevèrent une expression qui pour eux en disait long. Il ne suffisait pas, déclarait le Pape, de venir à Rome et de faire à Rome ses études, pour se dire en pleine harmonie de sentiments avec l'Eglise; en preuve, il ajoutait : « La vie et l'action post romaine de Lamennais en disent assez ! »

Quelques jours après Mgr le T. R. Père fut reçu par Pie XI, et sans rien savoir des incidents de l'audience du 25 mars, il s'entendit objecter que le P. Le Floch, malgré ses grands mérites passés, n'était plus à sa place au Séminaire français. Le T. R. Père défendit de son mieux le Recteur, assurant que ce dernier n'avait aucune mauvaise intention. Sur quoi le Pape conclut : le Père a demandé une visite canonique, il l'aura.

Ce fut Dom Schuster, abbé de Saint‑Paul‑hors‑les­Murs, qui en fut chargé, et déclara n'avoir rien trouvé à reprendre au Séminaire, ni pour la discipline, ni pour les études, ni pour la piété.

Il disait vrai; il n'en restait peut‑être pas moins que l'attitude de quelques élèves en matière politique pou­vait paraître répréhensible.

 

            Ce ne fut donc pas e rapport de Dom Schuster qui provoqua les mesures contre le P. Le Floch; ce fut un contre‑rapport du Cardinal Bisletti. Au cours de la visite apostolique, le Supérieur aurait dû s'abstenir de tout acte d'administration. Il en fit un cependant et de quelque importance, qui paraissait urgent. On s'en plaignit au Cardinal Préfet de la Congrégation des Séminaires et Universités, qui reçut les dénonciations : il ne put par lui‑même en contrôler la portée mais il les consigna dans un mémoire remis au Pape.

An mois de juillet le T. R. Père fut appelé à Rome par une lettre du Cardinal Bisletti, où lui étaient déjà signifiées les intentions dit Pape au sujet du P. Le Floch : le départ immédiat du Père. A l'audience qu'il lui accorda, le Saint‑Père exposa ses griefs , le Supérieur du Séminaire français était un adhérent de l'Action française, il fallait qu'il quittât Rome sans retard. Le Supérieur général prit la défense de son subordonné, royaliste peut‑être, mais non en révolte contre le Chef de l'Eglise; puis il demanda que l'exécution des volontés du Pape fut, aussi modérée que possible, et il fut renvoyé au Cardinal Gasparri pour la détermination des moyens à prendre en la circonstance. Le cardinal accueillit le 'I'. R. Père avec, la plus grande bienveillance, et sc fit fort d'obtenir de Pie XI ce qui était désiré : démission donnée par le Supérieur du Séminaire français, acceptée par le Supérieur général et ratifiée par le Pape. Le Père Le Floch se soumit sans hésitation et trois jours après il quitta Rome. Pendant vingt‑trois ans il avait dirigé le Séminaire français; Dieu lui réservait encore près de vingt‑trois ans de vie pour savourer l'amertume de ces pénibles événements.

 

            Mais nul n'est, juge dans sa propre cause, et la cause du P. Le Floch est un peu celle de tous ses confrères. Nous ne saurions faire peu de cas de l'attachement et de la vénération que lui ont témoigné jusqu'au bout ses anciens élèves, et penser que leurs sentiments pourraient être interprétés comme une diminution, si légère fût-­elle, de leur soumission au Souverain Pontife. Nous les avons sollicités de nous confier à ce sujet le fond de leur pensée. L'un d'eux nous répond : « Dans sa laborieuse et studieuse retraite le Père continua ses relations avec grand nombre d'anciens, à tous les degrés de la hié­rarchie, si attachés à celui qui restait pour eux le Père. » La même lettre poursuit : « ceci m'amène à vous dire que si au début de ce siècle, les idées du Père concor­daient parfaitement avec la réaction nécessaire contre le modernisme et avec la vigilance doctrinale de Rome sous Pie X, elles ne l'engageaient alors en aucune manière, sur le terrain politique, et ma génération à Santa‑Chiara ne s'en plaignit jamais. Aussi je considère volontiers l'âge d'or de ce Séminaire comme étant l'époque qui précéda la guerre. Évidemment le Père ne plaisait pas à tous et ne pouvait y prétendre avec sa per­sonnalité très marquée ‑ à preuve la petite brouille qui eut. lieu vers 1910, et qui fit venir à Rome Mgr Le Roy; mais il avait assez de largeur d’dée pour accepter une optique différente de la sienne, pourvu qu'on ne s'opposât pas systématiquement à ses directives intellec­tuelles et spirituelles. » « A quoi servirait‑il d'avoir  un Séminaire à Rome, me dit‑il alors, si l'on y venait uniquement pour études? On pourrait faire aussi bien  en France et dans les autres Universités; la raison  même de Santa‑Chiara c'est d'apprendre à penser  comme on pense au cœur de l'Eglise, d'y puiser  l'amour du Saint‑ Siège et de se former, en sentant comme l'Eglise, à une piété doctrinale. » Piété doc­trinale, voilà le leit‑motiv qui résume bien l'idée maî­tresse du Père.

« Grande fut ma stupéfaction de lire un jour dans La Croix sa lettre à M. Corpechot, d'autant plus qu'un de ses conseils en Lecture spirituelle était souvent : « N'écrivez pas facilement de Rome vos pensées intimes et personnelles, vous ne pourrez plus ensuite rat­traper vos écrits. »

« Je ne sais de toute cette histoire et de ses consé­quences, que ce qu'il a publié lui‑mème. Jamais il n'essaya de m'entraîner, dans celle voie. Et quand, après sa démission, je me demandai quelle conduite j'au­rais désormais à son égard, mon Evêque, à qui je m'en ouvris loyalement, me répondit : « C'est maintenant et surtout qu'il faut lui témoigner votre fidélité; je vous  aurais moins estimé si vous vous en étiez éloigné à la suite de cette grande épreuve... » Car si le Père accepta sa retraite, il ne put jamais oublier. Il ne se plaignait pas d'ordinaire et n'accablait pas de ses lamentations ses interlocuteurs; de temps à autre il sentait pourtant comme un besoin de rappeler ce qu'il avait été, non pour justifier sa conduite, mais parce qu'il poursuivait toujours l'idéal qu'il s'était pro­posé à Rorne : combattre le libéralisme, ennemi de l'Eglise et promoteur de la révolution antiehrétienne. A un moment il avait négligé toutes les contingences pour s'attacher à l'absolu; cette hantise de l'absolu lui revint là certaines heures jusqu'à sa mort : c'est ce qui explique et excuse les manifestations extérieures qu'il se permit et qui pour la plupart ne dépassèrent pas le cercle de ses intimes.

A son retour à Paris il fut d'abord eomme étourdi du coup qui le frappait. C'est sous cette impression qu'il écrivit sa lettre à  M. Corpechot, lettre privée qui fut livrée aux journaux. Dans le camp adverse ou s'en servit, pour attiser les haines. Le T. R. Père se crut donc obligé, par une déclaration parue dans La Croix du 13 décembre 1927, de protester contre certaines allé­gations de la fameuse lettre.

Il affirmait que le Cardinal Ceretti, ancien nonce à Paris, n'était pour rien. dans la démission (lu P. Le Floch  :  « Pour des motifs étrangers à l'antilibéralisme, conti­nuait‑il, un changement s'imposait à la direction du Séminaire pontifical français dont le recteur n'avait plus la confiance du Souverain Pontife. Par pure bonté et sur nos instances respectueuses, pour épargner au P. Le Floch une mesure plus rigoureuse, S. S. Pie XI voulut bien suggérer et faire agréer la solution d'une démission offerte et acceptée. »

            Cette courte explication suffit à rassurer la Congré­gation. « Cette question strictement personnelle au P. Le Floch, disait encore le Supérieur général, ne saurait mettre en cause ni ses confrères, ni le Séminaire français ni la Congrégation du Saint‑Esprit. Fière de son passé de fidélité à toutes les directives du Chef suprême de l'Eglise, nous avons la ferme confiance que dans l'avenir aussi, notre modeste famille religieuse aura toujours à cœur de se trouver au premier rang de ceux qui acceptent loyalement, amoureusement, jusqu'aux moindres consignes religieuses données par le Vicaire de Notre‑Seigneur Jésus‑Christ. »

 

Des incidents fâcheux, se produisirent. Des Sernaines religieuses prirent parti contre le Père en lui attribuant à tort certaines manœuvres condamnables; on dut les rappeler à l'ordre; la polémique s'étendit aux revues, aux hebdomadaires, aux quotidiens, chacun interprétant les faits à son goût. L'Année politique, dans son fasci­cule de janvier 1928, sous le pseudonyme de Nicolas Fontaine, auteur de l'article de la Revue de Paris, auquel avait répondu le P. Le Floch dans La Politique de Renoït XV, l'Année politique, disons‑nous, avait édité une longue étude Saint‑Siège, Action française, Catho­liques intégraux elle consacrait quelques pages à l'éloignement du P. Le Floch. On eût dit une revanche, sur un autre terrain, contre un adversaire réduit au silence : c'est un tissu d'accusations fausses ou fortement exagérées. Le P. Le Floch n'y répondit pas.

 

Nous n'aurions pas tout dit si nous ne mentionnions pas ici ce qu'on pourrait appeler l'envers de la vie du P. Le Floch et dont il a réservé la connaissance d'ordi­naire à ses intimes, c'est‑à‑dire l'explication et, au besoin, la justification de sa conduite dans les diverses circon­stances où il s'est trouvé. Il a fait en outre certains actes qui dans son existence tourmentée sont des points de repère et permettent de suivre sa pensée; au cours des événements il a publié ou laissé publier des brochures où il présente son activité d'autrefois, dans un but d'apologie sans doute, non directement d'apologie de sa personne, mais d'explication des attitudes diverses qu'il a prises pour le bien de ses oeuvres.

Nous avons parlé de la manifestation, en janvier 1907, des Séminaires de Rome au Séminaire français à l'occa­sion des épreuves de l'Eglise de France; nous avons dit. qu'il publia un souvenir de ce témoignage de sympathie. Après avoir rappelé la place tenue à Rome par le Sémi­naire français, il étudie avec finesse l'album qui lui fut remis à cette occasion, puis il raconte la présentation de l'hommage rendu au. clergé de France avec les discours qui furent prononcés, dont le sien qui résumait très heureusement le sens de cette journée. Il soulignait le tout de coupures de journaux et de lettres d'adhésion venues de très haut. C'était une façon de prendre date ne pereant.

Le 1er novembre 1912 le Père fêtait le vingt‑cinquième anniversaire de son sacerdoce : un petit volume de 120 pages, Jubilemus, rapporte tout ce qui s'est dit et fait autour de ces noces d'argent; il est tout il l’éloge du jubilaire, mais ceux qui l'ont composé par leurs discours, par leurs lettres, par leurs félicitations étaient des esprits avertis qui ne craignaient pas que leur sen­timent fût confié au publie. Il eu sera ainsi des publications de même genre dont il nous reste à parler.

Nous ne disons rien ici de ce que le Père fit paraître pour sa défense dans l'affaire de la Fusion; on y trouve maint détail qui éclaire la discussion engagée à ce sujet et aide à la comprendre.

Aux jours sombres de 1927 il répandit parmi ses plus intimes amis un Mémoire où il a rassemblé tous les documents qui éclairent sa conduite. D'autres plus tard l'étudieront de plus près; d'ailleurs ce Mémoire ne fut pas imprimé, mais nous en retrouvons la substance dans d'autres écrits.

Après la première guerre mondiale le P. Le Floch confiat au Sanctuaire de la Palud, en Plonévez‑Porzav, les reliques de sainte Anne qu'il avait obtenues de Saint­Paul‑hors‑les‑Murs, à Rome, et de l'Eglise d'Apt, en Provence. Le dimanche 27 août 1922 fut fixé pour leur translation solennelle, sous la présidence de l'Arche­vêque de Rennes et de l'Evêque de Quimper. Au P. Le F'loch revenait d'expliquer au peuple le sens de cette cérémonie; il chanta les grandeurs de la mère de la Mère de Dieu; il rappela l'histoire de son culte et glorifia La Palud, reliquaire splendide bordé par la mer, les bois, la montagne, à l'horizon semé d'une couronne d'églises et de clochers.. Tout son amour de la terre natale débordait de son cœur aux pieds de sainte Anne ce fut un de ses beaux jours; son discours fut publié le Père ne nous désapprouverait de le compter parmi ses apologies, car c'est la justification de son attachement à sainte Anne et à La Palud.

Il eut l'occasion de paraître, en d'autres cérémonies, rares il est vrai : à la bénédiction (lu Calvaire de Kerlaz, à la remise de la décoration de la Légion d’honneur à sa sueur, Mère Saint‑François‑Marie de la Croix, supé­rieure de l'hôpital de Landivisiau : il en fit le récit qui partit en un élégant opuscule.

Il fêta encore deux étapes de sa vie sacerdotale, noces d*or en 1937, noces de diamant en 1946 qui nous ont valu un volume de 350 pages d'une part et deux pla­quettes de moindre importance.

Le volume, signé par les anciens élèves du Père, raconte sa vie depuis sa première enfance; vue par lui, sa vie n'a sans doute que de beaux côtés : ce sera plus tard le travail des historiens d'y démêler les lumières et les ombres; il nous suffit pour le moment d'y voir un monument de sincérité, car il s'adressait à des amis qui, pour l'estimer, n'avaient pas besoin de son témoignage; et par delà ses amis il atteignait des témoins hostiles, bien renseignés et prompts à la riposte.

Un dernier ouvrage est sorti de la plume du Père Le Cardinal Billot, lumière de la théologie. Il avait gardé au Cardinal Billot une profonde et très vive vénération; tous deux ils, avaient combattu contre le libéralisme, tous deux avaient souffert pour cette cause; leur tour­nure d'esprit était de même trempe. Le P. Le Floch pouvait sans s'égarer faire l'éloge de son éminent ami, et il en fut félicité de divers côtés. Il fit paraître son étude en 1933 en un volume in‑4' et le réédita en 1946 en format plus petit.

 

            Après sa sortie de Rome il eut pour résidence le novi­ciat d'Orly. En 1940 il séjourna dans la zone libre, rattaché en principe à la Communauté de Marseille, mais vivant d'ordinaire près de M. le chanoine du Roure, d'abord curé de Peyrolles, en Provence, puis attaché à l'administration diocésaine d'Aix. A Peyrolles le Père se livrait à la prédication et au saint ministère selon que lui permettaient ses forces , plus tard il fut reçu à la rési­dence de la famille du Roure, à Barbegal, où lui étaient témoignés tous les égards dus à ses infortunes et à son glorieux passé; dans sa vieillesse il y reçut les soins les pins assidus et dévoués.

Il avait en la consolation en 1937, lors du cinquan­tenaire de son ordination, de recevoir du Pape Pie XI la bénédiction apostolique, eten 1939 d’être reçu en audience privée par S. S. Pie XII. Il apprécia beaucoup cette faveur, car le Souverain Pontife s'était montré à son égard d’une grande bonté et l'avait retenu plus que de coutuume.

 

C’est à Barbegal qu'est décédé le P. Le Floch, le mardi 21 février 1950. Ses obsèques ont été célébrées le ven­dredi 24 dans la chapelle du château, sous la présidence de Mgr de Llobet, archevêque d'Avignon. Mgr Monnier, vicaire général d'Aix‑en‑Provence, représentait son archevêque, Mgr de Provenelières, empêché de s'y trouver par suite d'un accident d'auto.

Boit nombre danciens élèves du Séminaire français s’étaient réunis pour donner à leur ancien maître le témoignage de leur reconnaissance.

Avant que Mgr l'Archevêque d’Avignon ne donne l’absoute, Mgr Monnier, au nom de Mgr l'Archevêque d’Aix, prononça nue touchante allocution et rappela « ce que l'Eglise et le clergé de France doivent à ce grand serviteur, humble et désintéressé du Siège romain, qui en tout, toujours et partout, resta lui‑même, homme à la conscience droite, homme de prière et de sage conseil, prêtre du Seigneur, formateur de prêtres, tra­vailleur infatigable et austère, écrivain dont la force de pensée et l’art d'écrire étaient admirés des meilleurs juges, qui se donna si entièrement et si noblement au service de l'Eglise et de la vérité, dont la caractéristique fut la bonté; supérieur du Séminaire français de Rome, de 1904 à 1927, il sut redonner à cette maison de for­mation cléricale toute sa valeur et il porta ce Séminaire à un degré, jamais connu et difficilement égalable  depiété et de science, de prospérité et de rayonnement.

« Pie X l'aima d'une particulière dilection; Benoît XV le chargea efficacement de défendre sa politique reli­gieuse au cours de la guerre 1914‑1918; Pie XI lui envoya sa bénédiction pour son jubilé de 50 ans de sacerdoce, au cours d'un voyage à Rome, Pie XII lui accorda une longue audience au cours de laquelle il lui témoigna sa paternelle affection. »

Cet éloge se termina par cette citation d'une parole du défunt : « Quand on a consumé ses jours dans le labeur désintéressé, Dieu donne sa grâce; et dès cette vie on éprouve des joies supérieures, car sous la croix se cache une onction divine. » Heureux fut‑il d'avoir éprouvé cette onction!

 

A Rome, dans la chapelle de Santa‑Chiara, fut célébré le 2 mars un service pour le repos de l'àme du défunt. D'anciens élèves, tels que Son Exe. Mgr Evreinoff, le T. R. P. Dom Salmon, Mgr Gromier et plusieurs pro­cureurs et religieux français de Rome, assistaient à la cérémonie ainsi que Mgr Nardone, secrétaire de la S. Congrégation Cérémoniale.

 

Nos confrères nous pardonneront d'insérer ici la citation à l'ordre du jour de la modeste paroisse de Plonévez, cette pièce à l'allure d'une citation militaire, lue en breton, le dimanche 9‑7 février, au prône de la grand'messe dans l'église de Plonévez‑Porzav, par le curé‑doyen, M. le chanoine Jacques Thomas

 

« Après la grandmesse sera chanté le Libera pour le R. P. Henri Le Floch, de la Congrégation des Pères du Saint‑Esprit, né au Caouet en Kerlaz et baptisé, dans l'église de Plonévez il y a quatre‑vingt‑huit ans.

« Son père, Jean Le Floch, « l'avocat de Kerlaz ». était de Trévigodou où sont encore ses parents en deux maisons.

<~ Sa grand'mère, Marie‑Jeanne L'Helgouac'h, était de Kerdeun, où étaient ses parents depuis cinq cents ans, où sa famille est toujours.

« Il était petit‑neveu du P. Capucin, Maximin L'Helgouac'h de Kerdeun, prêtre fidèle pendant la révolution, mort de misère dans la prison de Landerneau.

« Petit‑neveu de M. Charles Le Gac, de Lesvren, prêtre fidèle exilé deux fois.

« Petit‑neveu de M. Alain Le Floch de Vorc'h Izella, prêtre fidèle, envoyé aux galères sur les bateaux pourris de Rochefort.

« Vous voyez, le P. Le Floch est (le chez nous, prêtre de la paroisse de Plonévez : dans sa jeunesse Kerlaz n'était pas paroisse.

« A douze mois, il fut guéri par miracle dans la fontaine de sainte Anne par la foi de Louise Joncour sa mère.

« Très intelligent, le P. Le Floch fut instruit de bonne heure dans les sciences profanes et sacrées.

« A quarante ans, il fut mis à la tête du Séminaire français à Rome : charge très honorable. Plus de soixante futurs évêques furent instruits là par lui pour la France surtout, pour d'autres pays aussi. « A la triste époque où la France n'avait plus d'am­bassadeur au Vatican, le P. Le Floch fit souvent des missions secrètes entre le Pape et le Gouvernement de Paris.

« Il y a 28 ans il envoya à la Palud deux belles reliques de sainte Anne qui sont portées à la procession : un fragment de côte venu de Rome, un os d’un doigt venu de la basilique d'Apt.

« Le P. Le Floch a honoré l'Eglise, sa famille, les paroisses de Plonévez et de Kerlaz, et sainte Anne de la Palud.

« Il y a vingt‑deux mois, quand il vint pour la der­nière fois au Porzay, où il avait laissé un lambeau de son coeur, il voulut  être porté devant l'église paroissiale de Plonévez et devant sainte Anne, la vieille.

 

                       « Il est allé devant Dieu, mardi dernier, au manoir de Barbegal près d'Arles, dans le midi de la France, chez de bons amis à lui, et son corps a été enterré ven­dredi dernier dans la chapelle du manoir, parmi les parents de ses amis. « Que Dieu lui pardonne