Le Père Charles LE GOUAY
décédé à Liranga, le 29 avrril 1911,
à l’âge de 45 ans.


Le P. Charlcs Le Gouay, né le 24 juin 1866, sur le territoire de Kyriado, fut baptisé dans l’église de Ploemeur. À quatorze ans, il commença ses études au petit séminaire de Sainte-Anne d’Auray. « Pendant mes études au petit séminaire, raconte-t-il, j’ai vu passer bien des missionnaires et toujours j’écoutais leurs récits avec un vif intérêt. Je résolus de suivre l’exemple de tant de mes condisciples entrant chaque année, qui chez les Oblats de Marie, qui aux Missions Étrangères, qui chez Ies Pères du Saint-Esprit. Mais un grand obstacle se dressa devant moi : mes parents me suppIièrent de rester dans Ie diocèse, et force me fut d’entrer au grand séminaire de Vannes. Là, mon directeur. m’exhorta à persévérer dans mes désirs d’être missionaire, de sorte qu’à la fin de l’année, je fis ma demande d’admission dans la congrégation du Saint-Esprit. »

Il entra donc à Chevilly le 22 septembre 1889. Recu profès à Orly, Ie 15 août 1893, il eut peu après son obédience pour l’Oubangui et s’embarqua à Marseille le 10 octobre suivant.

Arrivé au Congo, il fut d’abord placé à Saint-Paul des Rapides (Bangui), puis il fut appelé à remplacer le P. Sallaz à Saint-Louis de Liranga. Lorsqu’en 1895, Ie P. Allaire rentra en Europe, il lui succéda dans la direction de cette station, Il resta dans cette mission, jusqu’à.ce qu’il fut chargé, en 1897, par Mgr Augouard, de la fondation de Lékéti, dans le Haut-Alima.

La région était intéressante au point dc vue de l’évangélisation, mais on y connaissait l’isolement ; pas de bateau rencontrant cette station sur son trajet ; les autres missions à grande distance et une sérieuse difficulté pour se ravitailler.

Le P. Le Gouay dût, pour mener les choses à bien, souffrir et s’ingénier de toute façon. Quelques mois plus tard, Mgr Augouard écrivait : « La nouvelle mission marche bien. Le P. Le Gouay est même allé voir Ies confrères de Franceville, qui lui ont fourni quelques marchandises pour acheter des vivres. Nous ne savions pas, en effet, ce qui se passait dans l’Alima, où les indigènes ne veulent que des perles bleues, de la poudre et du sel. Et le P. Le Gouay n’avait rien de tout cela. »

Cependant, la mort du P. Allaire obligea Mgr Augouard de rappeler à Liranga le P. Le Gouay. Nous le voyons, tout en faisant face à des fonctions de supérieur, vaquer avec zèle au ministère apostoligue. Alternativement avec le P. Falconet, il visitait des villages indigènes situés à une journée de pirogue de la mission, heureux de pénétrer dans Ies cases, d’y distribuer des remèdes, de venir en aide selon ses modiques ressources, aux détresses de toutes sortes dont il avait sous les yeux l’affligeant tableau.

Nous le voyons en 1906 tourner ses efforts sur Bouga, village considérable situé à l’embouchure de la Sangha. Une station y fut fondée, ayant pour but d’assurer des secours religieux à de nombreux travailleurs des messageries fluviales, la plupart chrétiens. Quelque temps après l’érection de cette station, sous Ie patronage de sainte Anne, le P. Le Gouay fit aux environs de Bouga une excursion chcz Ies Botondos. Ce fut une marche pénible dans un pays que les débordements de la Sangha et d’une autre rivière rendent d’un accès très difficile.

Le P. Le Gouay n’avait pu endurer toutes les fatigues de son ministère et les influences débilitantes du climat africain, sans éprouver Ie besoin de réparer ses forces. Il revint deux fois en France : une première fois en1902 et une seconde en 1909. Durant ce second séjour et pendant une villégiature passée à Argelez-Gazost, aux environs de Lourdes, il fut atteint d’une pleuropneumonie qui mit un certain temps à se guérir

Le 25 août 1910, il reprenait la mer à Bordeaux, amenant avec lui les PP. Delaunay et Bonnefont. C’etait pour rentrer dans sa chère communauté de Liranga où, malheureusement, il ne devait pas voir son existence se prolonger longtemps. Il y succombait en effet, Ie 29 avril 1911, emporté par une hémorragie cérébrale. -
A., janvier 1935.

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