Mgr Louis LE HUNSEC,
1878-1954


De famille paysanne, le père de notre futur supérieur général avait choisi le métier de boulanger pour laisser les champs à ses frères. Il s'établit au village de Lanveur, dans la:, paroisse de Ploemeur. Sa mère, d'une famille de marins, mi-pêcheurs, mi-cultivateurs, était du village de Kerroc'h, à 5 kilomètres du bourg de Ploemeur. C'est à Lanveur. que naquirent leurs 5 enfants, dont 3 survécurent : une fine, Louis le spiritain, et son frère qui devint prêtre, et mourut en 1943, recteur d'Ambon. Le père de famille mourut en 1883 à 38 ans, la mère veuve continua à diriger la boulangerie et mourut en 1910.

Louis fréquenta les classes des Frères d'abord à Ploemeur, puis à Lorient. Un vicaire de la paroisse, M. Bars, lui ayant donné les premières leçons de latin, il entra au petit séminaire de Ste-Anne d'Auray en 1892, à 14 ans. Le petit séminaire avait un grand renom dans toute la Bretagne ; ses professeurs, vrai corps d'élite, étaient aussi soucieux de former leurs élèves aux belles lettres et aux sciences que de leur inspirer une piété solide et éclairée. Louis le Hunsec répondit à leurs soins et leur donna pleine satisfaction. Au physique il se développa heureusement. Il aimait les grands jeux, les sports ; en outre il se montra bon camarade, et tous ceux qui l'ont connu et fréquenté à cette époque ont gardé de lui le meilleur souvenir.

Louis Le Hunsec, à la suite d'une visite de P. Jôachim Buléon, futur évêque de Dakar, se décida pour les missions d'Afrique et la congrégation du SaintEsprit. Quand il fit part à son confesseur de ce choix, celui-ci lui répondit : "C'est ce qu'il te faut : là au moins tu auras ta liberté d'allure."

Après les vacances de 1897, il prit la direction de Paris, arriva à la rue Lhomond avec un camarade, Mathurin Le Mailloux, et repartit avec lui à pied pour le noviciat des clercs à Grignon d'Orly. A la fin du noviciat, le P. Genoud le nota : "très bien pour l'esprit religieux, de caractère doux et serviable, et de capacités ordinaires". En effet, Louis Le Hunsec était modeste et ne cherchait pas à briller.

Cependant Mgr le Roy le remarqua sur-le-champ, et l'inscrivit à Rome pour les études ecclésiastiques. Pour le futur missionnaire ce fut une déconvenue, mais le jeune religieux obéit et remplit son devoir : il obtint son diplôme de philosophie et la licence de théologie. Or à ce moment, Mgr Le Roy qui avait besoin de personnel demanda à Joseph Valy d'interrompre ses études à Rome pour recevoir une nouvelle affectation. Informé par son ami, Louis U Hunsec se porta volontaire pour une mission semblable. Et Mgr Le Roy lui donna satisfaction. Prêtre à Rome en 1901, il fit sa consécration à l'apostolat à Chevilly en 1902. Il fut retenu un an sur place comme professeur de philosophie et d'Écriture sainte ; mais l'année suivante, il obtint enfin de partir en Afrique.

Affecté au Sénégal, il fut placé à Dakar chez l'amiral de Gueydon comme précepteur des deux enfants de la maison, une fille, l'aînée, et un garçon. Il assura chaque jour six heures de classe durant quinze mois, jusqu'à la mort de l'amiral, en donnant satisfaction à l'excellente famille de Gueydon. Sachant se taire et écouter, il tira profit de sa situation. Il écrivit à ce sujet : "Somme toute, cette demi-position m'a été plutôt favorable, n'étant d'office mêlé à rien, mais entendant le son rendu par chacune des cloches du vicariat, et voyant beaucoup, j'ai été parfaitement renseigné sur les personnes et sur les choses."

Pour sa deuxième affectation, Mgr Kunemann l'envoya chez les Diolas de Casamance. Le P. Le Hunsec y fut cinq ans, acceptant vaillamment fièvres et difficultés, sans les prendre au tragique ; il a aimé la Casamance, et jusqu'à la fin de sa vie ce fut toujours avec plaisir qu'il revenait sur les années passés dans ce pays, où il exerça pleinement sa vocation missionnaire. En 1909, il fut appelé comme curé de Dakar pour remplacer le P. Jalabert qui venait d'être nommé évêque, à la place de Mgr Kunemann, mort d'accident.

Après un congé de six mois en France, il revint sous les ordres de Mgr Jalabert, qui le nomma de nouveau en Casamance, puis le rappela de nouveau à Dakar, où il fut, successivement ou simultanément suivant les besoins, curé, procureur financier de la mission, et vicaire général. La tâche fut bien menée, malgré la guerre qui l'entrava de 1914 à 1918.

En 1919, Mgr Le Roy appela à Paris le P. Le Hunsec et le mit à la tête de la communauté de Paris et du Séminaire colonial. Il exerça ces fonctions durant cinq mois et quelques jours, car il fut bientôt amené par Rome à remplacer Mgr Jalabert, disparu dans le naufrage du paquebot lAfrique, le 12 janvier 1920, dans les parages de l'ile de Ré. Évêque du Sénégal, Mgr Le Hunsec reçut l'ordination épiscopale le 30 mai 1920, des mains de Mgr Le Roy, assisté de Mgr Lerouge et de Mgr Kelling, dans la chapelle de l'Adoration Réparatrice, rue d'Ulm, à Paris.

Le 20 juin, il célébra la messe pontificale dans l'église de son baptême, et le 10 juillet partit pour Dakar. Il dirigea durant six ans le Vicariat apostolique de Sénégambie.

Supérieur général de la congrégation depuis 30 ans, Mgr Le Roy donna sa démission en 1926. Le Chapitre général convoqué à cette occasion, élut Mgr Le Hunsec, dès le second vote, à la presque unanimité des voix.

Il ne nous est pas possible de faire ici l'histoire des 24 années de son supériorat. Contentons-nous de citer quelques chiffres représentant le développement de la vie de la congrégation et de ses missions : les membres profès passèrent de 2.321 à 4.454 de 1926 à 1950 ; et la congrégation qui comptait dans ses membres 20 évêques missionnaires en 1926, en avaient 35 en 1950.

Comme son prédécesseur, Mgr Le Hunsec prit sa retraite dans la maison où il avait tant travaillé. Il y fut le conseiller écouté de tous ceux qui recoururent à ses lumières. Il put aussi conserver les précieuses relations qu'il s'était formées à Paris. En cela encore il ne visa qu'un seul but, être utile à ses visiteurs et à la congrégation.

Le jour de Noël 1954, il avait dit ses trois messes et en était fier parce qu'il n'en avait pas éprouvé de fatigue. Mais à 10 heures, il se sentit mal, et peu de temps après il se rendait à l'appel du Seigneur bien-aimé auquel il avait consacré sa vie. Sa tombe au cimetière de Chevilly était près du calvaire, voisine de celle de Mgr Le Roy.

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