Le Père Robert LEIN,
1923-1987


Le Père Robert Lein est né le 15 août 1923, à Saint Derrien. Il était le l0~--e d'une famille de 16 enfants. Comme il le dit lui-même dans des notes qu'il nous a laissées, les ainés aidaient à élever les suivants, le partage était roi et l'on savait, de bonne heure, ce qu'était la participation, à la maison, à la ferme et aux champs.

Toute son enfance a baigné dans le religieux... vie de foi naturelle" et chrétienne, de par la famille et de par le milieu. La maison était pleine d'images pieuses, la campagne semée de menhirs et de fontaines christianisées, de calvaires et de chapelles. Jamais on n'aurait manqué la prière en commun du matin et du soir ni la prière avant et après les repas."

C'est à 11 ans qu'il entend l'appel de Dieu. Il en avait gardé un souvenir précis. Dieu, dit-il "a parlé à mon coeur, le vendredi 13 avril 1934, vers 4 heures de l'après-midi, dans l'église de mon village, à côté du pilier, en face de la chaire. Une illumination intraduisible. Tu seras missionnaire chez les Noirs." Robert Lein a 13 ans, lorsque en 1936, il entre chez les Spiritains, à Langonnet. A la fin de ses études secondaires, il fait son noviciat à Piré-sur-Seiche. Suivent les années de philosophie et de théologie. Il est ordonné prêtre le ler octobre à Chevilly.

1951... l'Afrique. Enfin libre, note-t-il. Avec son tempérament, son trop plein d'énergie, il s'était senti un peu à l'étroit dans le cadre de nos maisons. La Guinée va lui offrir les grands espaces qu'il désirait. Sa première affectation le conduit à Labé, en plein coeur du Fouta-Djalon, chez les Peuhls. Pendant 6 ans il fait l'expérience de la Mission en pays islamisé, soucieux "d'apporter aux populations ce qu'elles étaient capables de recevoir : enseignement, développement, santé et... la grâce de Dieu, au moindre appel, mais avec beaucoup de discrétion.

En 1957, il est appelé au séminaire-collège de Dixinn, dans la banlieue de Conakry. Pendant 4 ans, il est professeur et aumônier de lycée. En 1961, les écoles privées sont nationalisées, les séminaristes dispersés. Le Père Lein retrouve les Peuhls du Fouta, à la mission de Mamou. Lorsque les séminaristes peuvent de nouveau se regrouper et trouver un hébergement provisoire à la mission voisine de Kindia, il redevient professeur à mi-temps et, en plus de son ministère, il assure des cours aux jeunes candidats au sacerdoce. Il aura ainsi participé à la formation du clergé guinéen qui prendra la relève à partir de 1967.

En juin 1967, après l'expulsion des missionnaires non-africains de Guinée, Robert Lein se trouve disponible et ses supérieurs lui confient, pour un an, la fonction d'adjoint au maître des novices. Il retourne en Afrique en 1968, cette fois au Sénégal. Il est nommé à la paroisse du Sacré-Coeur, puis à Pikine dans l'immense banlieue de la capitale sénégalaise.

En 1980, à la suite d'ennuis de santé, il accepte la charge de l'Abbaye de Langonnet. Pendant 6 ans, jusqu'à la fin de son mandat, il fera face à ses responsabilités, malgré la maladie, un cancer des os, qui devait le frapper peu après son arrivée dans la maison. Robert Lein a vécu une rude et longue épreuve. Sa croix, il l'a portée avec courage, esprit de foi, sans se plaindre. Certains jours seulement, une simple remarque, parfois teintée d'humour, nous laissait deviner combien ses souffrances étaient grandes.

Mois après mois, nous l'avons vu décliner, au point qu'il n'était plus, physiquement que l'ombre de lui-même. Cependant, jusqu'à la fin, il gardera toute sa lucidité. Robert Lein avait griffonné sur un bout de papier ces mots de l'Apôtre Paul : il m'a été mis une écharde dans la chair, mais le Seigneur m'a dit: Ma grâce te suffit. Le 20 octobre, à la suite d'une chute dans sa chambre, il est admis à la clinique de Gourin où il meurt le lendemain matin. Une foule de parents et d'amis et quelque 70 prêtres étaient présents aux funérailles, présidées par Mgr Morvan, évêque de la Guyane.
Père Jean Kerloc'h

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