Mgr Paul LEQUIEN,
1872-1941


Mgr Paul Lequien est né le 4 septembre 1872 dans la petite ville industrieuse de Merville. Son père et sa mère, tous deux journaliers, eurent dix enfants. Malgré le peu d'aisance de la famille, Paul grandit parmi ses frères et sœurs dans la foi chrétienne. Il fit ses études au collège de Merville dirigé par les spiritains et entra au grand séminaire de Cambrai. Après son service militaire d'un an, il sollicita son entrée au noviciat. Il reçut la prêtrise le 1er janvier 1898 et prononça ses premiers vœux le lendemain, 2 janvier.

Il fit sa consécration à l'apostolat le 10 juillet 1899 et reçut son obédience pour le Sénégal. Quelques mois après son arrivée à Saint-Louis du Sénégal une terrible épidémie de fièvre jaune décima la population européenne du Sénégal. On écarta les nouveaux arrivés, estimant qu'ils étaient les plus exposés à la contagion. Le P. Paul Lequien repartit donc pour la France le 28 août 1900 et ne retourna que le 25 janvier 1901, lorsque tout danger était écarté.

En 1906, ses confrères du Sénégal le désignèrent en tant que délégué au Chapitre général à Chevilly en 1906. Le 18 octobre il s'embarquait àBordeaux pour sa nouvelle affectation, Haïti. On lui confia la paroisse de Pétionville, charmante bourgade située à 400 mètres d'altitude, à 10 kilomètres de Port-au-Prince. Le bourg est une infime partie de la paroisse, dont le territoire est assez vaste. Il faut une journée entière à cheval pour la traverser. Pendant sept années, le Père Lequien y consacra son activité sacerdotale.

En 1913, une nouvelle obédience le conduisit à la Guadeloupe. Curé doyen de Pointe-à-Pitre, il fut aussitôt nommé supérieur principal. En mars 1915, le Saint-Siège le nommait évêque de la Martinique.

C'est le 25 juillet 1915 qu'il fut consacré. Âgé de 43 ans, il est alors dans toute la force dé ses moyens. Il fut aidé dans ses fonctions par le Père Eugène de Jahan. Celui-ci passa plus de trente ans à l'évêché, successivement secrétaire particulier, secrétaire général et vicaire général. Mgr Lequien se montra du premier coup, grâce à son expérience, l'homme de la situation et il le resta toujours.

Il porta son effort d'abord sur l'organisation du saint ministère, la discipline dans le clergé, et la tenue des comptes. Parmi les nombreux travaux entrepris sous son épiscopat trois surtout attirent l'attention : Balata, Terres-Sainville et Sainte-Thérèse. Ce sont de remarquables édifices élevés par M. Wulfleff, l'architecte du Souvenir Africain à Dakar.

Mgr Lequien multiplia les prêtres du diocèse, appelant des spiritains, des séculiers de France et du Canada et favorisa la formation du clergé autochtone. Les prêtres dépassèrent le nombre de 80. Les œuvres paroissiales, spirituelles, culturelles et sociales se multiplièrent et s'épaulèrent les unes les autres. Il avait constitué son conseil épiscopal d'après les règles qui régissent la matière. Les membres étaient les titulaires des postes les plus en vue. Il les réunissait régulièrement et leur soumettait toutes les affaires en cours. Toute son administration s'inspirait des décisions prises en conseil. En comparant les statistiques annuelles, on voit que le chiffre des communions de dévotion a triplé pendant son épiscopat ; les communions pascales ont doublé, les mariages augmentés, ainsi que le pourcentage des enfants légitimes. Ceci est le résultat de I'œuvre commune.

En 1940, il célébra les noces d'argent de son épiscopat, chose assez rare en mission. La fête fut toute intime, en raison de la guerre internationale. Depuis plusieurs années d'ailleurs, il était évident que le vénéré jubilaire baissait. Le premier jour de l'an 1941, il fut si mal qu'on crut devoir lui administrer les derniers sacrements. Le dimanche 5 janvier, il perdit connaissance et ne la retrouva plus jusqu'à la fîn, qui arriva quelques heures plus tard. Il avait 67 ans.

L'enterrement eut lieu en présence d'une foule immense, dans une solennité imposante, avec le concours des troupes commandées par l'amiral commandant la base des Antilles. Ainsi qu'il l'avait demandé dans son testament, il fut enterré dans l'église de Balata, dédiée au SacréC(r.ur de Jésus. C'est là qu'il repose depuis lors, dans la première basilique qu'il construisit, et qui domine si magnifiquement la ville et la rade.

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