Le Frère Jean de Matha LE ROY,
1841-1899


Le saint jour du Rosaire 1887, Mgr Mathurin Picarda célébrait une messe pontificale et prêchait en breton dans l'humble église de Meslan. L'un de ses auditeurs était tout heureux de dire à ses voisins : " Monseigneur et moi, nous avons été à l'école ensemble."

C'est, en effet, dans la paroisse de Meslan, au Guellec, que naquit Joseph-Marie Le Roy, le 15 mars 1841, d'honnêtes cultivateurs, plus riches d'enfants que de biens de la terre : il était l'aîné de huit frères et sœurs. Meslan avait alors pour instituteur un excellent chrétien, M. Kerdavid, le premier fondateur de l'établissement de Sainte-Marie de Gourin, que la Congrégation acquit plus tard de M. Aupied, en attendant d'aller à Langonnet. A l'école de cet éducateur modèle, le jeune Joseph-Marie acquit une bonne instruction primaire et devint un habile chantre de campagne ; il édifiait la paroisse par son excellente conduite et, le dimanche, par son assiduité au lutrin.

Devenu soldat, il perdit son père dans sa quatrième année de service, et fut alors réintégré dans ses foyers, comme soutien de famille. Au bout de quelques années, voyant que l'on pouvait se passer de lui, il résolut de se donner entièrement à Dieu, et alla humblement frapper à la porte de N.D. de Langonnet, où on le reçut, malgré ses 38 ans, sur les recommandations excellentes de son digne recteur, le 6 mai 1880. Moins de huit mois après, il revêtait avec joie le saint habit religieux ; et enfin, le 19 mars 1882, il avait le bonheur de faire sa profession, sous le nom de Frère Jean de Matha.

C'est à N.D. de Langonnet que devaient s'écouler les dix-huit années de sa vie religieuse, humble et modeste, mais pieuse et réguHère. Dans le poste de confiance qu'on lui avait donné au moulin, il était en rapports journaliers avec les personnes du dehors, presque isolé du centre de la communauté, ayant à manier des sommes parfois considérables. Un homme d'une vertu peu solide aurait été bien exposé ; le F. Jean de Matha n'eut jamais la moindre défaillance. Depuis quelques années, bien épuisé déjà, il ne pouvait s'acquitter de son emploi qu'à force d'énergie et de courage. Il fut enfin remplacé, par le F. Optat. Huit jours après, le bon Frère s'alitait, et dès lors il ne pensa plus qu'à se préparer à la mort. Dieu cependant lui accorda quelques jours encore. qu'il passa dans une prière continuelle, et il s'éteignit doucement, le 13 janvierl899, ayant tenu, presque jusqu'à la fin, les yeux élevés vers le ciel. Il avait 57 ans.

Page précédente