Le Père Jean-Louis LE SCAO,
décédé à Fort-de-France, le 17 avril 1953,
à l’âge de 75 ans.


Jean-Louis Le Scao naquit le 30 juin 1877, à Briec, au diocèse de Quimper. Après ses années d’école primaire, il passa au petit séminaire de Pont-Croix, puis au grand séminaire de Quimper.

Entré au noviciat d’Orly, le 10 août 1900, il y fut ordonné prêtre le 22 décembre suivant et prononça ses premiers vœux le 23 août 1901. Il reçut son obédience pour le vicariat de Loango où il fut affecté à la station de Sette-Cama. Il fut ensuite désigné successivement pour Boudianga et pour Nsessé.

Bien fatigué, il revint en France pour y prendre quelque repos. Il y fit tournée sur tournée, ramassa de l’argent pour la fondation d’une nouvelle station à Kakamoéka. Le Bulletin général d’avril 1910 nous rapporte, sous la plume du P. Le Scao lui-même les origines de cette annexe de Loango. Le père s’y dépensa sans compter. Tout allait à souhait quand, en avril 1915, le feu détruisit tous les bâtiments sauf la chapelle. Peu après, le père, malade, rentra en France pour la seconde fois et fut soigné à l’hôpital Pasteur.

Après la guerre, il fut dirigé sur la Guadeloupe où il débarqua le 13 juillet 1919. Chargé de la paroisse des Vieux-Habitants, il quitta celle-ci au bout de dix-huit mois à la suite de mésintelligences avec le maire. Il nous suffit d’énumérer les autres postes qu’il occupa : vicaire à Pointe-à-Pitre, curé de la Baie Mahault, du Gosier. Partout, il se dévoua avec beaucoup de zèle, mais malheureusement froissa les susceptibilités de certains, et, pour comble d’infortune, faillit être écrasé sous les ruines d’un presbytère ravagé par un cyclone. Sa santé subit les conséquences de toutes ces épreuves et, une fois de plus, s’imposa un retour en France. C’était en 1928.

Rétabli de nouveau, le père fut envoyé à la Martinique. A la Redoute, aux Anses d’Arlet, a Macouba, à l’Espérance, au Prêcheur, il rencontra toujours les mêmes obstacles au bien qu’il entendait réaliser.

A nouveau de retour en France, en 1936, aumônier d’orphelinat a Monaco, il se heurta à des coutumes qu’il n’approuvait pas ; puis devint aumônier des Sœurs du Saint-Esprit à Béthisy-Saint-Pierre. Il travailla encore à Paris, où il fit des recherches aux Archives Nationales pour le compte du P. Janin, et retourna a la Martinique.

Chargé du noviciat des Sœurs de Saint-Paul de Chartres, il aurait pu y trouver la paix s’il s’était mis en garde contre les dissensions politiques. « Il n’était pas souple de nature, écrit son supérieur; il ne savait pas s’adapter et les nuances lui échappaient. Retranché derrière le texte de la loi, il décourageait la discussion. De ce travers, il a souffert plus que personne ; des notes qu’il a laissées l’attestent. »

A côté de cela, il était d’une richesse de cœur et d’une volonté de servir quoi qu’il en coûte qui s’imposaient comme de belles valeurs morales

Sa fin fut édifiante. Épuisé, parce qu’il ne se nourrit plus, il se reprend plusieurs fois avec une énergie invraisemblable. Il s’évanouit à la sacristie, il chancelle à l’autel : on doit lui imposer du repos. Il s’étonne alors de n’avoir pas compris plus tôt l’évidence de la volonté de Dieu. Il se prépare à la mort, l’attend et la reçoit avec une tranquille confiance. »

Il écrit son dernier mot, le 6 avril 1953 : « Monseigneur est venu ce matin me dire qu’il ne peut pas, en conscience, me laisser remplir les fonctions d’aumônier à cause de ma faiblesse. Des personnes sont allées lui dire qu’on est scandalisé de voir le pauvre P. Le Scao qui tient à peine debout. J’ai dû convenir que Monseigneur fait son devoir. Dieu me met au rancart: que sa sainte volonté soit faite. » -
Jean-Baptiste Delawarde - BPF, n° 65.

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