Le Père Jean Leterrier,
1912-1990.


Né à Cherbourg, le 2 juin 1912, Jean Leterrier a hérité, de ses origines familiales, l'exigence du travail consciencieux, l'amour de la musique, le goût de la mer, la charité qui donne tout, le temps et les biens. Très tôt, il fut initié dans sa famille à l'art du violon et à l'ascèse d'un groupe musical, avec sa sœur aînée musicienne de profession.

Après ses études au collège Saint-Paul de Cherbourg, sa vine natale, il fit une première tentative au noviciat spiritain. Revenu au grand séminaire de Coutances, il est ordonné prêtre en 1938. Vicaire à Saint-Lô, il acquiert le sens du contact individuel avec tous les paroissiens. De 1943 à 1947, il est curé dans une paroisse rurale, et l'on parle de ce jeune curé comme d'un futur doyen. Mais il est travaillé par l'idée de revenir à la vocation missionnaire. Encouragé par un Trappiste écouté de son évêque, introduit par le Père Briault, il fait profession au noviciat de Cellule et part en 1949 pour le Gabon, où il restera quarante ans.

Après un passage à Port-Gentil (1949-1951), le Père Leterrier est affecté à Sainte-Anne, sur la lagune du Feman-Vaz. Une église, des écoles, un presbytère au bord de l'eau. Les tournées se font en pinasse, où l'on voyage, où l'on dort. Si seulement c'était plus grand, on en ferait une chapelle et une salle de projection... Pour nourrir les enfants de l'interna, il se fait pêcheur et forestier.

En 1964, il est nommé à Lambaréné. Il y continue son ministère au fil de l'eau, le long de l'Ogooué et des grands lacs. En 1972, il retourne pour deux ans au Feman-Vaz. Il a atteint soixante deux ans : on le place à la cathédrale de Libreville. C'est un peu étroit et sédentaire, mais il accepte par devoir (1974-1983). A soixante et onze ans, il revient à Port-Gentil. Il se dépense auprès des enfants... et dépense les revenus de la paroisse : il donne tout.

L'âge, une maladie respiratoire et quelques autres infirmités le contraignent assez vite à une semi-retraite, à Lambaréné ; il visite les malades de l'hôpital (1987-1989). En 1989, il rentre en France, bien conscient que "la pinasse faisait eau". Quelques mois de douleur courageuse, et voilà la pinasse ancrée dans les eaux calmes de Dieu. Il est décédé à Piré-sur-Seiche, le 9 mai 1990, dans sa 78' année.
(Cette notice est signée par le Père Alain Rouquet)

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