Le Frère Pierre LE TIEC
décédé à Langonnet, le 19 janvier 2000, âgé de 98 ans
Né : 22.12.01, à Saint-Pierre. Profès : 09.09.34, à Chevilly
AFFECTATIONS Approximativement :
Chevilly (34-35); Ruitz (36-37); Mortain (38); Piré (39); etc.
Mortain (44-47); Chevilly (47-52); Rue Lhomond (52); Cellule (53-56)
Maulévrier (56-66 et 70-71); Langonnet (67-69); Saint-Ilan (72); Mortain (73)
Retraite active : Langonnet, depuis 1974


Le Frère Pierre Le Tiec est né le 22 décembre 1901 à St-Pierre dans l’archipel de St-Pierre-et-Miquelon. Il fait ses études primaires à St-Pierre, de 1909 à 1917, puis devient maçon. A l’époque, il a la réputation du meilleur maçon de l'île. Il laisse un barrage sur l'étang du Goéland. Dans les années 30, le Père Charles Heitz, préfet apostolique, l’encourage à demander son entrée dans la Congrégation. Le Frère lui en gardera une grande reconnaissance. Il vient à Chevilly où il fait son noviciat et émet ses premiers voeux suivis du triennat. Dès 1936, commence pour lui un véritable tour de France de nos maisons spiritaines, un parcours de disponibilité encore jamais vu. Suivons-le, guidés par ses notes.

« Je ne sais pas, dit il, si j’ai quelquefois été affecté à une maison, parce que j'ai toujours été en déplacement d'une maison dans une autre pour y faire des travaux de bâtiment. En 36, j'étais à Chevilly, puis à Ruitz. Revenu à Chevilly en 37. En 38, on m’envoie à Mortain avec une équipe de frères pour refaire un bâtiment au dessus de la sacristie et y aménager deux salles de classes. Entre-temps, la guerre est venue. On m’envoie à Piré pour faire des travaux nécessités par l’arrivée des novices-clercs. En 1940 : rue des Pyrénées, Maison Provinciale, - pour aider aux travaux en cours. Retour à Piré. En 1944, à la libération, je reviens à Mortain pour rouvrir le scolasticat.

En 1947, je suis allé passer quelques mois à St-Pierre-et-Miquelon.

En 48, je suis revenu à la Maison Provinciale, pour construire un garage ; puis je travaille du 19 mai au 9 août à Chevilly, pour ensuite retourner à la Maison Mère, travailler au dallage de la chapelle jusqu'au 6 octobre. Retour quelques semaines à la Maison Provinciale pour le local des Annales Spiritaines, puis Chevilly pour le hangar de la ferme, et enfin Paris pour terminer le local des Annales.

- 7 février 49 : Bletterans. - 16 décembre : Maison Provinciale. - Début 50 : construction d’un étage sur le garage à la Maison Provinciale ; ensuite, Chevilly, jusqu’au 4 décembre. D'où l’on m'envoie à Bletterans.

9 août 52 : revenu à Chevilly pour terminer la porcherie du Père Coste. - 27 novembre : Cellule, pour la construction de la sacristie. - 18 mars 54 : retour à la rue des Pyrénées, pour un 2e garage. - 28 mai : retour à Chevilly, pour une cabine de transfo. - 12 octobre : Piré, pour refaire l’étable. - 6 juin 55 : Maulévrier, pour divers travaux. - 22 février 57 : Langonnet. - 8 juillet 58 : Mortain. - l0 juillet 60 : Piré, pour construction d'un hangar. - 4 octobre : Langonnet, pour divers travaux.- 24 octobre 64 : revenu à Saint-Ilan. - 26 août 65 : toiture de la chapelle à Langonnet et travaux à St-Michel.

8 avril 67 à 8 avril 68 : congé à St-Pierre-et-Miquelon.
Mai 68 à octobre 69 : Maison Mère. - 20 octobre : Maulévrier. - en 70 : du 21 mai au 2 septembre, toiture de Saverne. - 2 septembre : retour à Maulévrier... - 5 juin 73 : Saint-Ilan, réparation de la chapelle. - 9 octobre : Mortain, remise du jardin.... »

Le 21 mai 1974, à 72 ans, il prend sa retraite à l’Abbaye de Langonnet ; mais il attendra ses 90 ans pour dire qu'il arrête de monter sur les toits.

En somme : un frère que les responsables des communautés se disputent en raison de sa compétence, de ses qualités humaines, de sa bonne humeur, sans toujours lui donner les moyens de réaliser, ni lui renvoyer les bonnes appréciations sur son travail.

Devant cet impressionnant tableau de services, qu’admirer le plus : la compétence professionnelle, la disponibilité au service des autres, le sens sportif, ou la foi mise à l’épreuve par l’itinérance continuelle ? Pierre Le Tiec devait compter beaucoup sur lui-même. Pas étonnant qu'il ait une structure physique, morale et spirituelle si solide ! Il ne savait pas s'arrêter! Pas étonnant qu'il puisse vivre la solitude, exigeant pour le travail, et trouvant difficilement un compagnon à sa mesure. Il y en eut un : le Frère Gerlacus.

En résumé, il a passé de communauté en communauté, témoignant de la foi enracinée en lui depuis le rocher de St Pierre, témoignant de sa fidélité à Dieu à travers la prière et le travail comme lieux de sanctification. Ora et labora, telle pratiquement aurait pu être sa devise, s’il avait songé à en prendre une. Et ainsi, il a passé en faisant le bien.

Alors, Seigneur, tu peux lui dire : Entre dans une maison que tu n’auras pas construite ni aménagée, mais que j’ai bâtie pour toi et tes frères et où tu seras à l’aise pour me louer dans la joie du face à face que tu as désiré.
Pierre Loubier