Le Père Léon Le Vavasseur,
1822-1892.


Léon Le Vavasseur naquit le 11 février 1822, à Argentan, où son père était receveur d'enregistrement. Son frère Gustave devint conseiller général de l'Orne. Léon, lui, s'intéressait surtout à la vie de l'Église. Après ses études secondaires à Argentan, et à Juilly dans le diocèse de Meaux, il entra au séminaire d'Issy en octobre 1839.

C'était précisément l'époque où François Libermann, avec deux créoles d'Haïti et de la Réunion, envisageait la création de I'Œuvre des Noirs, qui deviendra la société du Saint-Cœur de Marie. Prêtre le 6 juin 1846, il rejoignit le P. Libermann au noviciat de La Neuville, près d'Amiens, et le 25 mars de l'année suivante 1847, il faisait sa consécration dans la société nouvelle du saint fondateur. Peu de temps après, il fut envoyé à Notre-Dame-du-Gard, dont le P. Libermann avait pris possession depuis le mois de novembre 1845, et chargé de l'économat de cette importante communauté.

En 1848, eut lieu la fusion de la jeune société du Saint-Cœur de Marie avec celle plus ancienne* du Saint-Esprit. Cette union amena nécessairement un changement dans la situation du personnel. Le P. Léon fut appelé à Paris, attaché définitivement à la direction du séminaire colonial, en qualité de professeur de liturgie et de droit canon.

En 1852, il était témoin des dernières souffrances et de la mort précieuse devant Dieu du vénérable Père. Dans l'espérance que l'Église comblerait un jour les vœux émis pour la béatification du P. Libermann, il composa luimême d'avance une messe en son honneur. Puisse-t-elle être bientôt chantée !

A cette époque, tous les diocèses de France, à l'exception de trois, suivaient la liturgie parisienne ou d'autres liturgies particulières. Or, dès l'origine de son institut, le P. Libermann avait adopté le bréviaire romain et suivait, pour tout ce qui concerne le culte, les règles établies par Rome. Le P. Léon Le Vavasseur se sentit tout naturellement porté à entrer dans le mouvement romain qui commençait à s'accentuer. Il édita son Cérémonial selon le rite romain en 1857, dont sept éditions se succédèrent jusqu'en 1889. Il fit ensuite paraître les Fonctions pontificales et le Cérémonial à l'usage des petites églises de paroisses. Il devint aussi un des plus assidus collaborateurs de la Revue des sciences ecclésiastiques, pour les questions de droit canon.

Là ne se bornait pas son travail. Il composait des messes et des offices pour les divers propres de diocèses ou de congrégations, en y ajoutant la notation musicale, car il faisait, de plus, partie de la commission chargée de préparer les livres de chant grégorien de l'édition de Reims et de Cambrai. Il fut également nommé, par le cardinal Guibert, membre de la commission liturgique, instituée en 1875, à l'occasion du retour à la liturgie romaine du diocèse de Paris.

En 1885, il fut appelé à prendre le direction première du séminaire colonial. En 1887, une place étant devenue vacante dans le conseil général de la congrégation, il fut nommé à cette charge de confiance. Il préparait soigneusement, et toujours par écrit, ses sujets d'oraison, ses conférences et ses gloses sur le règlement. Habitué ainsi à tout écrire, il a laissé, manuscrits, plus de vingt volumes sur ces différents sujets.

Par mode de délassement et de joviale récréation, il trouvait encore le temps de faire de petites poésies, à l'adresse tantôt d'un confrère tantôt d'un autre. Elles ne manquaient ni d'à-propos ni de sel, mais elles ne blessaient personne. En ce genre, les vers semblaient jaillir de sa plume comme ils coulaient à flots de celle de son frère aîné, lauréat de l'Académie, dont la verve spirituelle et féconde a traité tant de sujets et porté tant de toasts rimés, si chaleureusement applaudis à la fin des grandes assemblées départementales ou régionales.

Les deux frères aimaient se retrouver dans la propriété de leur mère à la Lande-de-Lougé, et en faire profiter certains confrères fatigués ou des séminaristes hors d'état d'aller en vacances. Bon marcheur, il faisait encore volontiers, à plus de 65 ans, la route de Paris à Chevilly, aller et retour. Mais bientôt il commença à ressentir les mêmes malaises que son père, qui était mort d'apoplexie.

Le 27 mars 1892, à 70 ans, il s'endormit dans la paix du Seigneur. Le service funèbre fut chanté à Paris par les séminaristes coloniaux et les scolastiques de Chevilly réunis. L'inhumation eut lieu au cimetière de Chevilly.

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