Le Frère Jean-Baptiste L'HOSTIS
décédé le 21 octobre 1984, à Kremlin-Bicêtre (94), à l'âge de 66 ans


Le Frère Jean-Baptiste L'HOSTIS, bien que portant un nom typiquement breton, était parisien, tout ce qu'il y a de plus parisien puisqu'il est né rue Mouffetard, à deux pas de la Maison-Mère, le 22 février 1918. Pris en charge dès sa naissance par une bienfaitrice qui devait d'ailleurs être la « maman d'adoption » de beaucoup d'autres que lui, il vit son enfance et son adolescence dans des maisons accueillant des jeunes confrontés très tôt aux duretés de la vie.

C'est d'abord l'orphelinat d'Halluin, près d'Arras, tenu par les Assomptionnistes, puis cette « institution-» dénommée « Foyer à la campagne », fondée par le Père Brottier. N'ayant pas assez de place pour accueillir à Auteuil tous les enfants venant frapper à sa porte, il avait eu l'idée d'envoyer un très grand nombre d'entre eux dans des familles chaleureuses, pour l'apprentissage d'un « métier de la terre ». Jean-Baptiste L'Hostis fut un de ceux-là.

Engagé comme ouvrier agricole à l'âge de 16 ans au château du Puy, à Perpezac-le-Blanc, en Corrèze, il y restera jusqu'à son départ pour le service militaire, en novembre 1938. Quand éclate la guerre en septembre 1939, il est fin prêt pour partir directement au front. Il est fait prisonnier près de Mons, en Belgique, le 16 mai 1940. Durant cinq années, il connaîtra la vie des « camps » en Silésie. Il sera libéré par les Russes et rapatrié par les Américains, au mois de mai 1945. C'est au cours de sa captivité, guidé par des prêtres prisonniers comme lui, qu'il prend conscience d'un appel du Seigneur à se consacrer à son service. Aussi est-ce tout naturellement que, de la rue Mouffetard, il vient frapper à la porte de la rue Lhomond.

Il commence son postulat à Chevilly en août 1945. Puis c'est l'entrée au noviciat à Piré et la profession religieuse le 8 septembre 1947. Les jugements concernant le Frère Jean, depuis le noviciat, font état d'une vocation solide, d'un grand esprit de foi et d'une constante disponibilité. Tout cela devait lui permettre de répondre à l'attente de ceux qui, pendant 37 ans, ont bénéficié de son dévouement. De 1950 à 1953, il est au service de la cuisine à Mortain. Puis il part en Algérie où pendant dix ans, il sera moniteur en arboriculture au Centre artisanal et agricole de Misserghin. Entre 1963 et 1983, il s'occupera de l'accueil, d'abord à la rue Lhomond pendant 4 ans, ensuite à Lille pendant 16 ans,

En 1983, il vient à Chevilly en semi-retraite où il est prêt à rendre tous les services~ qui lui sont demandés. C'est là que le Seigneur vient à sa rencontre. Le 10 octobre il est brutalement frappé d'une congestion cérébrale, au retour d'une petite promenade en vélomoteur (cet instrument de détente qui, nous le savons tous, lui était si cher). C'est alors que commence pour lui une longue « passion ». Pendant ses 10 jours d'hospitalisation, il n'a pour ainsi dire plus parlé. Toutefois, à l'aumônier du Kremlin-Bicêtre qui lui demandait : « Frère, est-ce que vous souffrez? », il répondit : « Oui, beaucoup... », s'empressant d'ajouter : « mais Dieu est bon, c'est sûr ». Il est décédé le 21 octobre.

Telle fut la vie de Jean-Baptiste L'Hostis, une vie toute simple, faite de fidélité et dévouement, de don de soi dans les tâches les plus humbles. Frère Jean appartenait à cette « race des Anawim », de ces humbles que le Seigneur reconnaît comme les vrais héritiers du Royaume des Cieux. Nul doute que le Seigneur ait accueilli avec amour son humble et fidèle serviteur,
Jean FERRON

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