François Marie Paul LIBERMANN 1802-1852
Fondateur de la Société du Saint Coeur de Marie
Onzième supérieur Général de la Congrégation du Saint Esprit
cause de béatification en cours


Juif alsacien, né à Saverne en 1802, Jacob Libermann passe les premières années de sa vie dans un milieu culturellement juif, séparé des sphères françaises et allemandes. Son père, rabbin, l'envoie à Metz en 1822 afin de le préparer à lui succéder. Quittant le cercle très fermé de son enfance, Jacob subit le choc de la modernité et tombe dans un doute rationaliste. Dans le même temps, deux de ses frères passent au catholicisme. Paul Drach, un célèbre rabbin devenu catholique lui explique les raisons qui l'ont poussé à devenir chrétien. Jacob se rend à Paris. Drach lui trouve un logement au collège Stanislas. C'est là que Libermann va être " retourné " - converti -, le 13 novembre 1826. Catéchisé par Drach, il est baptisé la veille de Noël 1826, sous le nom de François, Marie, Paul. Très vite, il veut devenir prêtre ; Drach le fait entrer en 1827, au séminaire de Saint-Sulpice dont le modèle le marquera à vie : importance de l'oraison, devoir de sainteté du prêtre...

Mais, les épreuves se succèdent. Renié par son père, Libermann est victime en 1829, d'une crise d'épilepsie : il ne peut plus devenir prêtre. Voyant en lui un modèle spirituel, les Sulpiciens l'envoient au séminaire d'Issy-les-Moulineaux comme économe adjoint. Son influence y est considérable en tant que directeur spirituel de nombreux séminaristes. Ses crises se raréfiant, ils le recommandent en 1837, aux Eudistes de Rennes comme candidat et maître des novices. Il va vivre alors deux années d'épreuves intérieures avec un sentiment d'inutilité. En 1839, il est sollicité par deux séminaristes créoles, Le Vavasseur et Tisserant, préoccupés par l'abandon des nègres, esclaves ou affranchis, à Haïti et à Bourbon. Ils envisagent une association de prêtres menant une vie sainte en communauté, pour l'évangélisation des Noirs. Libermann les aide à affiner leur plan sans pour autant se sentir concerné : devenir prêtre lui semble toujours impossible. Mais, en octobre 1839, Libermann écrit qu'il a eu " quelque petite lumière " le poussant à se joindre à eux. Il sait comment former des prêtres et en cela, il peut être utile à l'Oeuvre des Noirs..

Au nom de celle-ci, il se rend à Rome y soumettre le projet qui est approuvé en juin 1840 ; une seule condition : qu'il devienne prêtre ! Au retour d'un pèlerinage à Notre-Dame de Lorette, il apprend que l'évêque de Strasbourg l'accueille dans son diocèse : il est ordonné sous-diacre et diacre à Strasbourg. L'ordination sacerdotale a lieu en 1841, à Amiens où une maison a été proposée pour accueillir les novices des missionnaires du Saint-Cœur de Marie dont il est élu supérieur. La règle de vie de la nouvelle société est une règle de vie de prêtres (les frères viendront plus tard) vivant l'esprit des vœux religieux, en communauté, dans le souci des plus abandonnés dans l'Eglise : les nègres. La mission est conçue comme l'annonce du salut, en tentant de vivre ce que l'on veut transmettre. L'exercice pratique sur le terrain ne tarde pas. Le Bienheureux Laval part pour Maurice, Le Vavasseur pour Bourbon, Tisserant pour Haïti. La première mission sur les côtes d'Afrique, dès 1843, est une tragédie, seuls le P. Bessieux et le Fr. Grégoire survivent et arrivent au Gabon .

Un des buts fixés par Libermann à sa congrégation, est la formation d'un clergé indigène accueilli en communautés. Il est marqué par la pensée de Jean Luquet, des Missions Etrangères de Paris : la naissance d'une Eglise suppose un clergé indigène et des évêques. Luquet rédige, à la demande de la Propagande, un véritable traité de missiologie fondé sur les Instructions données en 1659 aux premiers vicaires apostoliques du Tonkin et de la Cochinchine. En 1845, Rome en tire une Instruction pour les missions du monde entier : Neminem Profecto, le plus grand document missionnaire du XIXè siècle par la solidité de son ecclésiologie et la fermeté de ses consignes au sujet de l'épiscopat et du clergé indigène. Libermann s'inspire de tout cela et rédige en 1846, son Mémoire sur les missions des Noirs, premier plan d'ensemble pour évangéliser l'Afrique noire. Contre les clichés racistes de son temps, il souligne l'image divine qu'il a de l'homme noir créé à l'image de Dieu et sauvé par Jésus-Christ, et demande pour l'Afrique des Eglises locales de plein droit. En 1847, il écrit aux missionnaires : " Faites-vous nègres avec les nègres ". Pour lui, nègre renvoie à esclave. Le missionnaire doit épouser le mouvement du Verbe se vidant de lui-même pour se faire serviteur jusqu'à la mort sur la croix (Ph.2,5-11). Plus le héraut de l'Evangile imite le Christ, plus advient le salut du monde ; il ne convertit pas, il est appelé à devenir le serviteur de ceux qu'il évangélise.

En 1848, pour le bien de la mission et en accord avec Rome, Libermann dissout sa congrégation et la fait entrer dans la Congrégation du Saint-Esprit fondée au XVIIIè siècle. Il en est élu supérieur général. Il réintègre les éléments de sa propre règle dans celle de la congrégation du Saint-Esprit placée sous la protection du Saint-Cœur de Marie. Il est considéré comme le second fondateur des Spiritains, après le Breton Claude Poullart des Places (1689-1709).

Le juif de Saverne a vécu dans son corps et son âme l'histoire de son peuple : en lui, fils d'Israël ayant revêtu le Christ, le Dieu de l'Alliance se révèle Lumière des Nations. Si Libermann reste un maître, c'est qu'il fut d'abord un disciple et un témoin passionné. Il n'a jamais réduit la mission à une stratégie de conquête, elle fut d'abord pour lui une mystique. Plusieurs intuitions missionnaires développées par Vatican II sont déjà, d'une certaine façon, présentes chez Libermann qui meurt dès 1852 : en dix ans, il a posé des fondements solides jusqu'à nos jours. Sur les plus de 3 000 spiritains abordant le troisième millénaire, presque un tiers déjà sont des disciples africains de Libermann et de Poullart de Places, quittant leur propre pays pour aller au plus près des plus loin et des plus pauvres.
Paul Coulon

FRANCOIS LIBERMANN ET LA REPRISE DE LA MISSION SUR LA COTE DE L'AFRIQUE

A la mi-août 1846, un prêtre discret et ne payant pas de mine, quitte l'hôtel pour pèlerins, tenu à Rome par un Français, M. Bouisse, 39, place de l'Ara Coeli, et prend à pied la direction de la Place d'Espagne où se tient le palazzo de la Sacrée Congrégation chargée des missions dans le monde entier. C'est là qu'il dépose le manuscrit de ce qui est, dans l'histoire contemporaine des missions catholiques, le premier plan d'ensemble pour l'évangélisation de l'Afrique noire. Une lettre, datée du 15 août 1846, introduit un texte intitulé : Mémoire sur les missions des Noirs en général et sur celle de la Guinée en particulier, présenté à la Sacrée Congrégation de la Propagande par l'abbé Libermann, le supérieur des missionnaires du St Cœur de Marie…

De la naissance juive au baptême en Christ
Etrange et séduisante figure, en vérité, que celle de François Libermann (1802-1852) ! Parmi les grands fondateurs de congrégations, il a un parcours atypique, en raison même de son origine et de son histoire. Juif alsacien, Jacob Libermann passe les vingt premières années de sa vie (1802-1822) dans un milieu culturellement juif, séparé des sphères françaises et allemandes : il ne parle ni le français, ni l'allemand, mais le judéo-allemand. Son père, rabbi, entendant faire de son plus jeune fils son successeur, lui fait étudier le Talmud des années durant. Puis, il l'envoie à Metz en 1822 afin de parfaire sa formation de futur rabbin.

Quittant le cercle très fermé de son enfance, Jacob découvre alors la langue française, apprend le latin et le grec. Il lit Rousseau. C'est le choc de la modernité. Peu à peu, il ne se reconnaît plus dans la foi de ses pères et tombe dans une espèce de doute rationaliste. Dans le même temps, son frère Samson et un autre de ses frères passent au catholicisme. Ce fut pour lui un très grand choc, au début de 1826, alors qu'il en est lui-même réduit à un simple déisme philosophique. Il se met cependant à correspondre avec Drach, très célèbre rabbin devenu lui aussi catholique. Cet intellectuel de haute volée tente de lui montrer les raisons qui l'ont poussé à devenir chrétien, ce qu'il appelle " l'harmonie entre l'Eglise et la Synagogue ".

Une chose est certaine, dans cet état, Jacob ne pense plus à devenir rabbin. Il se rend à Paris. Drach lui trouve un logement au collège Stanislas. C'est dans cette solitude que Libermann va être " retourné " - converti -, le lundi 13 novembre 1826. Dans un moment d'angoisse, il tombe à genoux et prie le Dieu de ses pères. Il ne passe donc pas directement d'un athéisme philosophique à la foi chrétienne. Il retrouve d'abord la foi de son peuple. Il est alors gratifié d'une " illumination " : il s'agit bien d'une grâce, d'un don. Toutes ses objections tombent en un instant.

Catéchisé par Paul Drach, il est baptisé la veille de Noël 1826, sous le nom de ses parrains : François, Marie, Paul. Très vite, il manifeste le désir de devenir prêtre et Drach le fait rentrer au séminaire de Saint-Sulpice. On peut comparer la période qui commence alors pour lui à l'Exode vécu au désert par le peuple d'Israël : rien de définitif ne va se profiler à l'horizon de sa marche difficile jusqu'en 1839.

Sous le signe de l'Exode
En 1827, il devient donc un séminariste ordinaire. Libermann n'a pas eut une initiation chrétienne dans un milieu " normal ". Il est passé sans transition de son milieu juif au milieu particulier d'un séminariste sulpicien. Il n'a pas eu d'expérience paroissiale ordinaire. Du coup, le modèle sacerdotal sulpicien va beaucoup le marquer. Ce dernier insiste sur la primauté de la prière dans la vie du prêtre. Dans la ligne de Monsieur Olier, le fondateur de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice, le principe unificateur de la vie de Libermann sera effectivement l'oraison conçue comme une relation vivante au Christ. Pour l'école sulpicienne, la sainteté est le premier devoir du prêtre. Par la suite, une fois fondateur et confronté au travail en Afrique, il se dégagera de la matérialité de ce modèle, tout en gardant l'intuition centrale : un missionnaire qui n'est pas saint et homme de prière compromet l'annonce du salut.

Dès son entrée au séminaire, les épreuves se succèdent pour Libermann… Quand son père apprend sa conversion, il renie son fils préféré. La veille de son sous-diaconat, le 13 mars 1829, il est victime d'une crise d'épilepsie : il n'est plus question qu'il devienne prêtre. Le considérant cependant comme un modèle sur le plan spirituel, les Sulpiciens acceptent de le garder. Ils l'envoient au séminaire d'Issy-les-Moulineaux comme adjoint de l'économe. Alors qu'il n'est que simple acolyte et que probablement, il ne deviendra pas prêtre, son influence est considérable. Il est quasiment directeur spirituel de très nombreux séminaristes, avec l'accord de la direction du séminaire. On apprécie son discernement. Après sa mort, sa correspondance publiée en fera un des grands auteurs spirituels du XIXè siècle. Dans le cadre du séminaire de Saint-Sulpice, il va ainsi connaître un nombre important de futurs prêtres (et de futurs évêques) de toutes origines. Ce long temps d' " exode " lui permet de tisser un formidable réseau de relations à partir duquel se constituera plus tard sa société missionnaire.

Même si les crises se raréfient, les Sulpiciens considèrent sa santé comme encore trop fragile pour lui rouvrir la voie du sacerdoce dans leur société. Ils le recommandent toutefois aux Eudistes comme candidat et… maître des novices pour leur maison de Rennes ! Là, de 1837 à1839, il vit deux années de terribles épreuves intérieures. Il a le sentiment d'être inutile, de ne pas être à sa place…

L' " Œuvre des Noirs "
Début 1839, il est sollicité par deux séminaristes de Saint-Sulpice, d'origine créole, Le Vavasseur et Tisserant, qui l'avaient connu à Issy. Ceux-ci ont pris conscience que, dans leurs Eglises d'origine de l'île Bourbon et d'Haïti, personne ne se préoccupe des vrais pauvres, les nègres, esclaves ou esclaves affranchis. En février 183, ils avaient lancé une grande campagne de prière à Notre-Dame des Victoires pour l'Œuvre des Noirs. Selon eux, pour que les Noirs ne soient plus laissés pour compte dans les colonies, c'est une réforme du clergé qu'il faut. Ils envisagent donc de fonder une association de prêtres bien formés, menant une vie sainte et vivant en communauté, dont la mission serait d'évangéliser les Noirs.

Le Vavasseur soumet donc ce projet à Libermann. Ce dernier l'éclaire, l'aide à affiner son plan. A ce moment-là, Libermann ne se sent pas personnellement concerné : devenir prêtre lui semble toujours impossible et sa santé lui interdit de partir au loin. Quelques temps après, Le Vavasseur lui soumet un projet mieux élaboré. Et voici qu'en octobre 1839, Libermann écrit à ce dernier qu'il a eu " quelque petite lumière " le poussant à se joindre à eux. En fait, il a compris qu'il pouvait aider à lancer ce projet. Peut-être ne sera-t-il jamais prêtre, mais il sait comment former des prêtres…

A Rome, sous le signe de la pauvreté et de la foi
Au nom des candidats à l'Œuvre des Noirs, Libermann se rend à Rome pour y soumettre leur projet. Ce dernier est approuvé dans des délais très brefs, en juin 1840, contrairement à beaucoup d'autres présentés à la même époque et pourtant appuyés par des personnages influents. Libermann a eu l'intelligence de ne pas présenter un projet d'institut religieux mais un projet missionnaire, soumis directement à la Propagande. Cette dernière ne pose qu'une condition : qu'il devienne prêtre ! Dans l'obéissance, il entreprend des démarches dans ce sens. A son retour d'un pèlerinage à Notre-Dame de Lorette, deux lettres l'attendent. Elles lui ouvrent la voie du sacerdoce : l'une de l'archevêque de Paris qui accepte qu'il devienne prêtre dans un autre diocèse, et l'autre de l'évêque de Strasbourg lui annonçant qu'il l'accueille dans le sien. Il part donc pour Strasbourg, est ordonné sous-diacre et diacre. On propose alors à l'Œuvre naissante une maison située près d'Amiens. C'est là que Libermann est ordonné prêtre en 1841, à trente-neuf ans, et que sont accueillis les premiers novices de la société des missionnaires du Saint-Cœur de Marie dont il est élu supérieur.

La mission par contagion
Quels sont les grands axes tracés par la règle de vie de la nouvelle société missionnaire ? C'est une règle de vie de prêtres (les frères viendront un peu plus tard) choisissant à l'imitation des apôtres, une vie en communauté pour s'encourager mutuellement, et vivant selon l'esprit des vœux religieux. Ils décident de se mettre au service des personnes alors les plus abandonnées dans l'Eglise : les nègres. La règle détermine un style de vie : simplicité, refus d'accepter des charges pour aller au plus près des plus pauvres… La mission n'y est pas conçue comme une campagne de propagande mais comme l'annonce d'un salut : c'est une mission par contagion. On tente de vivre ce que l'on veut transmettre.

Et l'on passa immédiatement à l'exercice pratique sur le terrain. Il n'est pas question de rappeler ici lez déroulement des faits : la mission à l'île Bourbon, avec Le Vavasseur ; à l'île Maurice, avec le Bienheureux Père Jacques Laval ; en Haïti, avec Tisserant. La mission sur les côtes d'Afrique, dès 1843, s'avère dramatique, avec deux seuls survivants pour la première expédition : le P. Bessieux et le Frère Grégoire, finalement arrivés au Gabon

Un des buts essentiels fixés par Libermann à sa congrégation, est la formation d'un clergé indigène et l'accueil de ces prêtres dans les communautés de l'institut pour les soutenir spirituellement. Une fois formés, ces prêtres pourront évangéliser eux-mêmes leur pays. Les difficultés pratiques rencontrées lors des premières missions le long de la côte d'Afrique (Libreville, Dakar) confortent Libermann dans cette certitude.

Le plus important document missionnaire romain du XIXè siècle
Libermann est, par ailleurs, subjugué par la pensée de son disciple et ami, Jean Luquet (1810-1858), des Missions Etrangères de Paris, qui, en étudiant les textes fondateurs de sa société, a remis en lumière une vérité essentielle : la naissance d'une Eglise suppose non seulement la formation d'un clergé indigène mais aussi la nomination d'évêques : c'est l'évêque, successeur des Apôtres qui fait l'Eglise en un lieu.

Alors qu'il vient de rentrer des Indes et à propos du synode de Pondichéry auquel il a participé, Luquet a rédigé, à la demande de la Propagande, un rapport qui est un véritable traité de missiologie, fondé sur les célèbres (et pourtant oublié à Rome même) Instructions données en 1659 aux premiers vicaires apostoliques en partance pour les royaumes chinois du Tonkin et de la Cochinchine. En 1845, Rome tire de la réflexion de Luquet une nouvelle Instruction adressée à tous les chefs de mission dans le monde entier : Neminem Profecto, le plus grand document missionnaire du XIXè siècle par la solidité de son ecclésiologie et la fermeté de ses consignes sur l'épiscopat et le clergé indigène.

Le premier plan d'ensemble pour la mission en Afrique noire
C'est de son ami Luquet et de Neminem Profecto que Libermann s'inspire pour la rédaction de son grand Mémoire sur les missions des Noirs, écrit à Rome et déposé à la Congrégation de Propaganda Fide, le 15 août 1846. C'est, répétons- le, dans l'histoire contemporaine des missions, le premier plan d'ensemble pour l'évangélisation de l'Afrique noire. Contre les clichés racistes des penseurs de son temps, Libermann entend montrer aux cardinaux de Rome que l'Afrique a toutes ses chances : " Nous avons le bonheur de pouvoir affirmer à vos Eminences que les Noirs en général dans tous les pays où nos missionnaires les ont vus, sont d'un naturel bon, doux, sensible et reconnaissant… Les Noirs ne sont pas moins intelligents que les autres peuples… " Notez bien l'expression " Nous avons le bonheur " ! Toute l'attitude de Libermann y est contenue, tout on regard sur l'autre : c'est une image divine qu'il a de l'homme noir créé à l'image de Dieu et sauvé par Jésus-Christ. C'est le regard même du Dieu de Jésus amoureux de l'homme. Il développe ensuite longuement un plan d'évangélisation dans lequel il demande pour l'Afrique des Eglises locales de plein droit, fixées " sur le sol ".

" Faites-vous nègres avec les nègres "
L'année suivante, le 19 novembre 1847, dans une lettre à la communauté de Dakar et du Gabon, jaillit sous sa plume une des plus célèbres consignes missionnaires de l'époque contemporaine : " Faites-vous nègres avec les nègres ". Le héraut de l'Evangile est appelé à devenir le serviteur de ceux qu'il évangélise. C'est la kénose évoquée par saint Paul (Philippiens 2,5-11) : ce mot grec désigne le mouvement du Verbe qui se vide de lui-même pour se faire serviteur jusqu'à la mort, et la mort sur la croix.

Le mot serviteur utilisé par saint Paul (en grec, doulos) désigne à la fois le serviteur et l'esclave. Quand Libermann emploie ce mot, il pense à ce double sens. Pour lui, le mot nègre renvoie à esclave. Faites-vous nègres avec les nègres, cela signifie littéralement : Faites-vous esclaves avec les esclaves, comme le Christ s'est identifié aux plus pauvres. Il n'y a pas de mission si on épouse pas le mouvement même du Christ. Le missionnaire est invité à se mettre à genoux devant ceux qu'il est appelé à servir et à évangéliser. Plus nous imitons le Christ dans le mystère de son incarnation et de sa mort sur la croix, plus advient le salut du monde. Le missionnaire ne convertit pas, il n'a même pas à se soucier des résultats : il a à être au milieu des hommes comme le Christ. C'est le cœur de sa pensée. Libermann n'invente rien : il revient au centre.

De l'Exode d'Israël à la Pentecôte des nations
En 1848, pour le bien de la mission et en accord avec Rome, Libermann dissout sa propre congrégation et rentre, avec prêtres et séminaristes, dans la société missionnaire du Saint-Esprit fondée au XVIIIè siècle. Il en est élu supérieur général. Il réintègre les éléments de sa propre règle dans la congrégation du Saint-Esprit placée sous la protection du Saint-Cœur de Marie. Il est considéré comme le deuxième fondateur des Spiritains, après le breton Claude-François Poullart des Places (1689-1709).

Le petit juif de Saverne a revécu dans son corps et dans son âme toute l'histoire de son peuple : en lui, fis d'Israël ayant revêtu le Christ, le Dieu de l'Alliance se révèle Lumière des Nations. Et si Libermann reste un maître, c'est qu'il fut d'abord un disciple et un témoin passionné. Il n'a jamais réduit l'aventure missionnaire à une stratégie de conquête, sa politique missionnaire fut d'abord une mystique.

Un certain nombre d'intuitions missionnaires pleinement développées par Vatican II sont déjà, d'une certaine façon, présentes chez Libermann qui meurt dès 1852 : en dix ans, il a posé des fondements solides jusqu'à nos jours. Sur les plus de 3 000 spiritains qui abordent e troisième millénaire, presque un tiers déjà sont des disciples africains de Libermann et de Poullart de Places, quittant leur propre pays pour aller au plus près des plus loin et des plus pauvres…
Paul Coulon

CHRONOLOGIE BIOGRAPHIQUE de François LIBERMANN
colligée par Paul Coulon et Bernard Ducol.


Evénement - Idées - Oeuvres - Contexte

Il y a longtemps qu'on attend une chronologie libermanienne satisfaisante, chez les Spiritains comme chez les historiens... Le P. Cabon aurait sans doute pu fournir après une vie entière consacrée aux études libermaniennes et à l'édition des Notes et Documents relatifs à la vie et à l'oeuvre du Vénérable François-Marie-Paul Libermann (13 Tomes + 3 tomes d'Appendices et Compléments, Paris, Maison-Mère, 1929-1956). Il en a d'ailleurs fourni des éléments en donnant à la fin de chaque volume un "Tableau des principaux événements de la vie du Vénérable P. Libermann". Mais ces tableaux, dispersés, ne sont pas d'une utilisation pratique; ils ne sont pas complets; ils ne sont pas toujours exacts; il ne font pas le lien avec un contexte un peu plus large...

Le travail que nous proposons est neuf. Il repose sur d'importants travaux de vérification et de recherches nouvelles menés à partir, d'une part, des différentes études libermaniennes anciennes ou plus récentes et, d'autre part, des textes originaux eux-mêmes (ou microfilmés) des archives non seulement de Libermann mais de ses correspondants.
Nous avions pensé présenter cette chronologie sur deux pages, celle de gauche fournissant un certain nombre de dates concernant l'histoire générale, l'histoire de l'Eglise et l'histoire de la mission. Bernard Ducol s'était chargé de cette partie, consciencieusement. Pour des raisons de longueur, malheureusement nous avons dû abandonner ce parti et n'intégrer dans l'ensemble d'une unique chronologie que quelques éléments de ces recherches plus larges. Toutefois, en raison du travail fourni et du souci commun porté à deux, nos deux noms restent associés à ces pages.

Nous avons sous-titré cette chronologie biographique: Evénements, Idées, Oeuvres, Contexte. En effet, loin de nous en tenir à une histoire "factuelle", nous avons voulu souligner le surgissement des idées chez Libermann, la genèse d'une pensée ou d'une action en attirant l'attention sur tel événement d'actualité, sur tel ou tel de ses correspondants, etc. Loin de nous en tenir à ce qui se passe en France du côté de Libermann, nous soulignons aussi succinctement ce qui se passe sur le terrain, en mission. Dans la mesure du possible, notre chronologie met en évidence le décalage entre le moment où quelque chose se passe sur le terrain et le moment où Libermann l'apprend et peut en tenir compte... Cette chronologie essaie de suggérer les influences (événements, idées, personnes) qui ont pu marquer Libermann: en ce sens, elle est le fruit direct de nos propres travaux de recherches de thèse qui ont permis certaines découvertes ou mises au point. Nous attirons l'attention sur le fait que les auteurs de ce volume n'ont pu en bénéficier et se sont contentés de ce qui était admis jusque là, d'où certaines imprécisions voire même erreurs... Il n'était malheureusement pas possible dans le cadre de ce livre de fournir les références justifiant chacune des dates ici présentées.

1802.
Lundi 12 avril (22 germinal an X), naissance à Saverne (Alsace) de "Jagel" (Jacob), cinquième "fils de Libermann Samson", rabbin mais se déclarant "commerçant" pendant le Révolution, et de Hündel Jacob.

1806-1813.
Jagel suit l'école primaire juive de Saverne.

1807.
Le rabbin de Saverne désigné par le préfet de Strasbourg, en raison de sa science reconnue, pour siéger au Grand Sanhédrin (9 février - 9 mars) convoqué par Napoléon pour entériner religieusement les décisions de l'Assemblée des Notables juifs. Reconnaissance légale du culte juif et organisation consistoriale mise au point.

1808.
Inscription des Juifs à l'Etat-Civil avec des noms fixes. Le rabbin de Saverne prend le nom familial de LIBERMANN et se donne le prénom de Lazar(d). Sa femme est inscrite sous le nom de Léa Suzanne HALLER. Jagel devient Jacob.

1809.
Le jeune David Drach (né en 1791), ami des Libermann, devient rabbin-docteur de la loi.
Samson, frère aîné de Jacob (né en 1790), part à Mayence perfectionner ses études talmudiques; il s'y lie avec le milieu des Juifs émancipés. Fait des études profanes.

1813.
Mort de Léa Haller (4 avril), mère de Jacob. Remariage du rabbin avec Violette WEILL, veuve de 35 ans avec deux enfants, religieusement intégriste (21 juin).

1814.
Samson commence ses études de médecine à Mayence et rencontre Babette Maylert, sa future femme.

1815.
Probablement le 22 avril, Jacob fait sa Bar-mitzva, cérémonie religieuse d'accession à l'âge adulte de "fils de la loi". Jacob poursuit ses études talmudiques à Saverne avec son père qui veut en faire un rabbin comme lui.

1820.
Samson passe sa thèse de médecine. Devient secrétaire de l'Ecole Mutuelle juive que Ratisbonne père vient d'ouvrir à Strasbourg. Se marie le 18 mai 1821 avec Babette Maylert, à Mayence.

1822.
Automne: Jacob se rend à Metz pour y poursuivre ses études et obtenir le diplôme de l'Ecole talmudique qui venait d'être réouverte au début de 1821. Y découvre une communauté juive divisée entre "Israélites français" et juifs intégristes. Se met pour la première fois, et discrètement, à des études profanes (français, allemand, latin, grec).
David Drach, grand professeur juif à Paris, gendre du Grand Rabbin Deutz de Paris, se convertit au christianisme et se fait solennellement baptiser par Mgr de Quélen, archevêque de Paris (29 mars).

1824.
Samson et Babette Libermann se font instruire dans la foi catholique à Strasbourg par le chanoine Bruno Liebermann, vicaire général du nouvel évêque de Strasbourg, Mgr Tharin.

1825.
Baptême secret de Samson et Babette le 15 mars.
Juin: La conversion de Samson devient publique lors de sa nomination comme maire d'Illkirch. Scandale et anathème du milieu juif.
A Metz, Jacob continue ses études diverses, tombe "dans un espèce d'indifférence religieuse", lit l'EMILE de Rousseau (qui aura plutôt une influence bénéfique dans son orientation vers le christianisme).

1826.
Jacob écrit à Samson converti et lui dit le scepticisme dans lequel il est tombé quant à la Bible; première lettre conservée de Jacob Libermann (cachet de la poste: 7 janvier).
Lit par hasard l'Evangile dans une traduction en hébreu.
Son frère Félix (né en 1799), relieur, rentré d'Allemagne, va à Paris, rencontre Drach et se fait baptiser (Samedi Saint le 25/03/26).
Jacob se pose des questions quant à son avenir comme rabbin et songe sans doute à trouver un métier à Paris. Félix lui conseille de venir consulter M. Drach.
Le jeune frère de Jacob, Samuel (né en 1805), cordonnier, est baptisé à Paris (7 septembre). Jacob: "Cela m'émut jusqu'au fond de l'âme".
6-7 octobre: Visite de Jacob à Samson et Babette à Illkirch. Entretien sur son avenir. Babette lui prédit qu'il sera prêtre.
8 octobre: Dimanche soir. Chez son père, à Saverne, est soumis par lui à un examen talmudique qu'il réussit "miraculeusement".
Est autorisé par son père à faire le voyage de Paris, avec une lettre de recommandation pour le Grand Rabbin Deutz.
Arrivée à Paris le 1 novembre, chez son frère Félix. Est frappé de son bonheur. Voit son frère Samuel et M. Drach. Visite protocolaire au rabbin Deutz.
Lundi 13 novembre: Recommandé par M. Drach, il entre au Collège Stanislas. Là, dans sa cellule, conversion instantanée:
...me souvenant du Dieu de mes Pères, je me jetai à genoux et je le conjurai de m'éclairer sur la véritable religion. ... Tout aussitôt, je fus éclairé, je vis la vérité. La foi pénétra mon esprit et mon coeur (N.D. I, 65-66). Lit alors l'Histoire de la doctrine chrétienne de Lhomond et l'Histoire de la religion du même auteur.
Novembre/décembre: Catéchèse à Stanislas par l'abbé Froment et M. Drach.

Dimanche 24 décembre: Baptème de Jacob dans la chapelle du Séminaire des Missions de France (annexe de Stanislas) par l'abbé Augé, directeur du Collège Stanislas. Il prend les noms de François (d'Assise), Marie, Paul Il reçoit l'Eucharistie le même jour. Il envisage aussitôt de devenir prêtre.

1827.
François Libermann fait sa philosophie à Stanislas. Professeur: l'abbé Michelle.
Confirmé à Notre-Dame, le 15 avril, jour de Pâques.
9 juin: Reçoit la tonsure à Notre-Dame, comme clerc du diocèse de Strasbourg et prend la soutane.
Présenté par M. Drach, le 22 octobre, François est accueilli au séminaire de Saint-Sulpice par le Supérieur M. Garnier.

1828.
Durant le premier trimestre, son père apprend son baptême et lui écrit "une lettre foudroyante" pour le maudire.
Libermann est élu, le 15 novembre, membre de l'"Association du Sacré-Coeur" (restreinte à 9 membres seulement) qu'il animera pendant 9 ans.
20 décembre: Reçoit les ordres mineurs à Notre-Dame.

1829.
La veille de son sous-diaconat, le vendredi 13 mars, chez son directeur spirituel, M. Carbon, première crise d'épilepsie qui l'empêche d'être ordonné.
A Saint-Sulpice, de 1829 à 1831, François aura 5 crises, dont 3 dans la première année de sa maladie. Arrêté aux ordres par cette maladie,François , qui était devenu clerc du diocèse de Paris, est quand même gardé au Séminaire avec maintien de sa bourse.
Mariage de son frère Félix à l'église de St-Sulpice, le 28 novembre.

1830.
Après les "Trois Glorieuses" (27-29 juillet), M. Drach juge prudent de s'exiler à Rome où il séjourne de 1830 à 1842 avec la charge de bibliothécaire de la Propagande. En décembre, journées d'émeutes antireligieuses à Paris. Saint-Sulpice est envahi et pillé par le foule.

1831.
Mort de Lazard Libermann, père de François, le 10 février.
16 juillet: fête du Sacerdoce de Jésus, vision de Notre-Seigneur par François qui interprète ce qu'il voit comme l'excluant du sacerdoce (unique fait de ce genre dérobé à la réserve de Libermann). Va aux bains de mer avec un professeur malade.
A la fin de l'année, par faveur des Sulpiciens ému par son cas et la qualité de son attitude spirituelle, François qui devait être renvoyé du Séminaire pour raison de maladie est finalement reçu à la maison d'Issy où sont les séminaristes philosophes et le noviciat sulpicien ("la Solitude"). Il va y rester 6 ans comme séminariste hors-cadre, commissionnaire et sous-économe, apprécié surtout pour son rôle de conseiller et d'animateur spirituel.

1832.
Dans une lettre du 27 juillet, François parle pour la première fois d'entrer dans quelque ordre religieux. Le 10 décembre, M. Fourdinier est élu supérieur du Séminaire du Saint-Esprit de la rue des Postes.

1833.
Libermann lance dans les séminaires de Paris et d'Issy l'apostolat intérieur par les entretiens de piété: ce sont "les bandes de piété". En octobre, le second Concile Provincial de Baltimore (U.S.A.), à l'instigation de Mgr John England, demande au Saint-Siège d'instituer la Mission au Libéria pour les Noirs, anciens esclaves libérés, regagnant l'Afrique, et de la confier aux Jésuites. Violente crise d'épilepsie en décembre.

1834.
Ne fait pas le pèlerinage habituel de Chartres, en été, par manque d'argent.

1835.
Très légère crise d'épilepsie au début de l'année. En août, voyage en Normandie et en Picardie (visite en passant l'abbaye cistercienne de N.D. du Gard).

1836.
Voyage en Alsace, en août. Cela fait dix ans qu'il n'est pas rentré au pays et n'a pas revu Samson, Babette et ses neveux. Monsieur Louis de la Morinière, qui relance la Congrégation des Eudistes à Rennes, s'intéresse à Libermann; en parle à Monsieur Mollevault, directeur de La Solitude à Issy, mais ne rencontre pas Libermann lui-même, toujours en voyage. En décembre, Mollevault décide Libermann à aller chez les Eudistes.

1837.
Libermann rédige plusieurs textes condensant son expérience d'animateur spirituel à Issy: "Coutumier de N.-D. de Lorette; Notes pour Issy; Pour les Issyens de bonne volonté; Règles pour la réception des nouveaux".
28 mai: A Paris, baptême de David Libermann, son frère né en 1894, qui s'appellera Christophe et s'embarquera le 9 juin pour l'Amérique. Départ pour Rennes en juillet. Lit les Constitutions de Jean Eudes fin août.
Retraite d'ouverture du noviciat eudiste le 20 septembre. Libermann, simple novice eudiste au départ, se voit rapidement confier la responsabilité effective de maître des novices.

1838.
Grave crise d'épilepsie publique, le 7 février, la dernière mais la plus humiliante. Une rechute connue, comme le 19 mai 1846, à Strasbourg. Il lit Jean de la Croix. Pendant les vacances d'août, un créole de l'Ile Bourbon, Frédéric Le Vavasseur, qu'il a laissé à la tête des "bande de piété" à Saint-Sulpice, vient passer un assez long temps à Rennes et parle à Libermann de l'Evangélisation des Noirs de son île. Octobre, commencement de la deuxième année du Noviciat.
Ecrits divers de Libermann à Rennes: "Instructions sur la vie spirituelle et parfaite; Instructions sur l'oraison; de l'oraison d'affection"; etc

1839.
Grand rayonnement spirituel de Libermann par son abondante correspondance, accompagné de peines, d'obscurités intérieures, de sentiments d'inutilité...
Au début de l'année, Frédéric Le Vavasseur (Saint-Sulpice) soumet à M. Galais, son directeur, un "Mémoire" sur l'apostolat à l'Ile Bourbon. Il en parle à M. Pinault, directeur à Saint-Sulpice.
L'abbé Desgenettes, curé de Notre-Dame des Victoires à Paris et fondateur de l'Archiconfrérie du même nom, lance une croisade de prières pour les Noirs, le 2 février, après avoir reçu deux lettres indépendantes de deux séminaristes créoles de Saint-Sulpice, MM. Le Vavasseur et Tisserant. Fin février ou début mars, Le Vavasseur soumet son projet d'apostolat à Libermann en lui écrivant à Rennes. Libermann répond à Le Vavasseur, le 8 mars, en l'encourageant mais sans encore se sentir lui-même concerné.
18 mars: Lettre de Tisserant à Libermann, sur le projet de communauté que Le Vavasseur vient de lui proposer. 25 mars: Libermann encourage Tisserant à se joindre à Le Vavasseur et donne les principes de base pour un bon départ. Juin et juillet: peines et afflictions intérieures intenses pour Libermann. Se demande s'il ne doit pas quitter les Eudistes. Décide d'attendre plus de clarté sur la volonté divine. Ne songe pourtant pas à suivre Le Vavasseur et Tisserant.
Vacances d'été. Libermann séjourne à Issy et aide Le Vavasseur et Tisserant à organiser "L'Oeuvre des Noirs". A ce moment, plusieurs séminaristes intéressés se décident à rallier le projet: MM de la Brunière, Luquet, Bureau, Bonalgues, Papillon, Oudin, etc. Haïti est joint à Bourbon dans le projet.
Fin septembre, Libermann regagne Rennes avec l'intention d'y rester malgré ses souffrances. Il est rejoint par M. de la Brunière, sous-diacre, désigné par les autres comme supérieur de la future association pour les Noirs. Le 28 octobre, en la fête des Saints Apôtres Simon et Jude, Libermann reçoit "quelque petite lumière" le poussant à se joindre à l'Oeuvre des Noirs.
1 décembre: Quitte Rennes malgré la vive opposition de M. Louis de la Morinière, supérieur des Eudistes, et décide de se rendre à Rome avec Maxime de la Brunelière au nom des membres de l'Oeuvre des Noirs pour y faire la lumière sur le projet.
3 décembre: Constitutions apostoliques "In Supremo Apostolatus" de Grégoire XVI sur la traite et l'esclavage.
7 décembre: Libermann arrive à Lyon, après un rapide passage à Paris. Loge chez les Ozanam. M. de la Brunière le rejoindra à Marseille. Pèlerinage et grâce de force et de paix à Notre-Dame de Fourvière, le 8 décembre.

1840.
1 janvier: Embarquement à Marseille pour Civita-Vecchia. Arrivée à Rome le 6 janvier. Pension Jourdan. Consultations.
Audience de Grégoire XVI avec M. Drach et M. de la Brunière. Première rédaction d'un Mémoire à la Propagande ("brouillon") le 11 mars, après une première prise de contact avec la Propagande.
27 mars: Libermann présente à Mgr Cadolini, secrétaire de la Propagande, son "Petit Mémoire sur les Mission Etrangères" (7 pages manuscrites). Fin mars, M. de la Brunière décide de renoncer et fait une retraite qui le conduira chez les Missions Etrangères de Paris. On conseille à Libermann de s'unir au Séminaire du Saint-Esprit de la Rue des Postes, à Paris.
11 avril: la Propagande écrit à l'internonce à Paris, Mgr Garibaldi, pour qu'il enquête sur Libermann. Mgr Garibaldi envoie à la Propagande des renseignements très positifs sur Libermann, le 18 mai.
Début juin, Libermann s'est installé dans une mansarde, chez M. Patriarcha, Vicolo del Pinaco, no 31.
6 juin: la Propagande donne un réponse favorable au "Mémoire" soumis par Libermann. Elle arrive à Libermann le 8 juin. Un condition est mise: il doit d'abord être prêtre. Huit jours plus tard, visite au Cardinal Fransoni, Préfet de la Propagande.
13 juin: ordination de Le Vavasseur au sous-diaconat. A Paris, échec des pourparlers avec le Séminaire du Saint-Esprit, mais apparition de Mgr Collier, nouveau Vicaire Apostolique de l'Ile Maurice, prêt à patronner l'Oeuvre des Noirs. Fin juillet, Libermann termine la rédaction (commencée en moi) de la "Règle provisoire des Missionnaires du Très Saint Coeur de Marie". accompagnée de gloses.
Septembre-mi-novembre: écrit son "Commentaire du S. Evangile selon S. Jean"... (inachevé). Mi-novembre - 15 décembre, pèlerinage à Lorette et à Assise, en grande partie à pied. A son retour à Rome, apprend que Mgr Raess, nouveau co-adjuteur de Strasbourg, se propose de l'ordonner. Ordination sacerdotale de M. Tisserant le 19 décembre.

1841.
Libermann quitte Rome et ré-embarque à Civita-Vecchia (9 janvier) pour Marseille, Lyon et Strasbourg. Tisserant suggère à Mgr Collier de demander M. Laval à l'évêque d'Evreux, pour l'Eglise de Maurice. Tisserant, vicaire à St-Ambroise (janvier), puis St-Eustache (mars), Mgr Affre de PARIS refusant de la laisser partir avec Mgr Collier. Libermann entre au grand séminaire de Strasbourg, le 23 février, pour préparer son ordination. Premier entretien entre M. Schwindenhammer, séminariste, et M. Libermann, le Vendredi Saint, 9 mars. Le 25 mai, M. de Brandt, ancien de Saint-Sulpice et de Rennes avec Libermann, missionnaire à Amiens et neveu de ,évêque du lieu, Mgr Miolland, est nommé, à l'instigation de M. Galais, vicaire général de l'Ile Maurice, représentant en France de Mgr Collier.
6 juin: Dimanche de la Trinité, Libermann est ordonné sous-diacre par Mgr Raess pour le compte du diocèse de l'Ile Maurice.
9 juin: M. Laval s'embarque pour l'Ile Maurice avec Mgr Collier. M. Tisserant est nommé sous-directeur de l'Archiconfrérie de N.-D. des Victoires pour aider M. Desgenettes, fin juillet. En août, tractations entre le Vavasseur et M. de Brandt pour établir le noviciat de la petite société à Amiens, avec l'accord de Mgr Miolland. Libermann n'a pas son mot à dire.
10 août: Libermann est ordonné diacre.
30 août: Location d'une maison à La Neuville près d'Amiens.
Début septembre, Libermann se rend de Strasbourg à Amiens en passant par Paris et N.-D. des Victoires.
Libermann ordonné prêtre à Amiens, le 18 septembre, par Mgr Miolland, dans sa chapelle privée. Le Vavasseur, prêtre, à Paris. 21 septembre: en la fête de St Matthieu, première messe de Libermann chez les Soeurs de Louvencourt, à Amiens. Samedi le 25 septembre, première messe du "Saint Coeur de Marie" à Notre-Dame des Victoires. Ouverture du Noviciat des Missionnaires du Saint-Coeur de Marie, à La Neuville le 27 septembre, avec M. Libermann, Le Vavasseur et Collin (un breton tonsuré).
"M. Libermann reconnu et choisi pour supérieur de cette congrégation naissante par tous ceux qui en veulent faire partie" (texte des promesses de Le Vavasseur, janvier 1842).
Discussion de la Règle et de la Glose. Conflit et tentation de Le Vavasseur.
Fin octobre, Tisserant à Paris rencontre Mgr Rosat (de Saint-Louis, E.U.), délégué du Saint-Siège pour Haïti. Correspondance de Libermann sur la proposition de la mission d'Haïti. MM. Barron et Kelly, prêtres, avec le laïc Denis Pindar quittent Baltimore, E.U., le 21 décembre, pour fonder une mission au Libéria, surtout pour les esclaves libérés et rapatriés.

1842.
Premières relations avec Mgr Poncelet, de l'Ile Bourbon.
En janvier, projet (finalement reporté) de fonder en Angleterre pour les missions des colonies anglaises. M. John Hand passe à La Neuville; il rentre à Dublin pour fonder un séminaire des Missions Etrangères; Libermann lui recommande le sort des Noirs.
22 janvier: Rome nomme M. Barron préfet apostolique de la Guinée supérieure, alors qu'il est en mer. Le 31 janvier, M. Barron et ses compagnons débarquent au Cap des Palmes (Libéria).
Le Vavasseur, ayant surmonté sa tentation, s'engage le 2 février, par des promesses dans la société du Saint-Coeur de Marie, à Notre-Dame des Victoires. Le Vavasseur s'embarque pour Bourbon le 16 février, à Brest, sur "La Sarcelle", via le Brésil. Il arrivera le 10 juin.
Proposition faite à M. Libermann de s'unir aux PP. de Sainte-Croix du Mans, mais refus par fidélité à l'Oeuvre des Noirs. Mgr Rosati revient d'Haïti en avril, où il a esquissé un accord. Libermann accepte la mission d'Haïti.
8 avril: M. Barron quitte le Libéria pour l'Europe, via les E.U., pour chercher du personnel pour sa mission. Libermann accepte la mission de Bourbon le 3 mai. Démarches de Mgr Poncelet, préfet apostolique de Bourbon, auprès du gouvernement français, pour les missionnaires de Libermann. "Bonnes nouvelles de Maurice. Lettre de M. Laval. Lettre de Mgr Collier", en juin (Note du Mémoire de M. Tisserant).
En juillet, M. Barron est à Lyon, à la Propagation de la Foi, après avoir passé à Paris pour y chercher en vain une nouvelle congrégation dont on lui avait parlé, se dévouant pour les Noirs. 25 juillet: de Lyon, M. Barron écrit pour Rome une relation de sa visite à la Côte de l'Afrique. Août, "Entrevue à Paris de M. Libermann avec l'internonce en France (Mgr Garibaldi), qui lui donne de grandes marques d'estime" (Note de M. Tisserant). Entrée à La Neuville de M. Bessieux, prêtre de Montpellier, le 6 septembre. Libermann rencontre l'internonce Garibaldi à Paris.
3 octobre: M. Barron, à Rome, est nommé Vicaire apostolique des Deux-Guinées (sera sacré évêque le 1er novembre). Le 8 octobre, Libermann prend contact avec les Soeurs de l'Immaculée Conception de Castres. Départ de M. Tisserant, le 12 novembre, pour la Martinique, en attendant de pouvoir entrer en Haïti. Le 21 novembre, consécration à La Neuville de MM. Audebert, F. Bouchet, Roussel, de Régnier, Bessieux, Blampin, Collin. Le 18 décembre, M. Desgenettes, à N.-D. des Victoires, fait connaître à Mgr Barron la Société du Saint-Coeur de Marie. Première visite de Mgr Barron à La Neuville, fin décembre, et acceptation de la Mission de Guinée par Libermann (Mgr Barron quittera La Neuville le 30 décembre)

1843.
Le Ministre de la Marine, l'amiral Duperré, refuse d'accorder un traitement aux missionnaires des Noirs à Bourbon, le 13 décembre. En février, Libermann fait imprimer à Metz les images-tableaux de Michel Le Noblets (1577-1652) pour les Missions (N.D. 4, 105, 413).
13 avril: MM Collin et Blanpin prennent la mer à Nantes pour l'Ile Bourbon où ils rejoignent Le Vavasseur. Vers le 25 avril, on apprend à La Neuville le renversement du Président Boyer à Haïti, ce qui arrête toutes les négociations avec le Saint-Siège.
15 juin: Libermann vient à Paris pour y rencontrer Mme de Villeneuve, fondatrice des Soeurs de Castres. Dans la seconde quinzaine d'août, Mgr Barron est à La Neuville.
Fin août, Libermann accompagne jusqu'à Paris les missionnaires de la Guinée qui se rendent à Bordeaux, port d'embarquement.
8 septembre: entrée de Ignace Schwindenhammer au noviciat. Les missionnaires de la Guinée quittent Bordeaux, le 13 septembre, sur les "Deux Clémentines", navire de 250 tonneaux.
Echange de correspondance et projet d'un séminaire pour Haïti, en octobre, entre Tisserant (Haïti), Libermann, le cardinal Fransoni, M. Germainville et M. Isaac Louverture (Bordeaux). Les "Deux Clémentines" arrive à Gorée (Sénégal). Le 10 novembre, le Ministre-secrétaire d'Etat de la Marine et des Colonies, Baron de Mackau approuve une convention en faveur des missionnaires de Guinée.
22 novembre: Mgr Barron quitte le port de Londres, pour Gorée avec James Kelly et John Egan.
30 novembre: débarquement des missionnaires du Saint-Coeur de Marie pour la Guinée au Cap des Palmes (Libéria). Mort du premier missionnaire au Cap des Palmes, le 30 décembre

1844.
Mort du laïc américain Denis Pindar, le 1er janvier. Le 7 janvier, Mgr Barron arrive à Gorée (Sénégal). Le 18 janvier, M. Kelly quitte la côte d'Afrique pour s'en retourner aux E.U.. Du 18 janvier au 5 février, à Pondichéry (Inde), synode autour de Mgr Bonnand, m.e.p. (avec Luquet, Marion Brésillac...). Mort de M. Roussel, le 23 janvier.
13 février: Libermann reçoit de la Propagande la nomination (secrète) de M. Tisserant comme Préfet Apostolique d'Haïti. Rome insiste pour que le Saint-Coeur de Marie garde la Mission d'Haïti malgré toutes les difficultés.
Dans une lettre à Mgr Barron, 16 février, Libermann esquisse "un projet" pour l'Afrique: la formation en France d'un établissement pour y élever des enfants noirs (sacerdoce ou métiers).
17 février: M. Lossedat, le Frère Pierre et M. Cessens s'embarquent pour Haïti. Le 20 février, à l'initiative de Libermann, premières relations épistolaires avec la Mère Javouhey.
25 février: Libermann adresse à M. Isaac Louverture (Bardeaux) une première version de son grand projet pour la civilisation de l'Afrique (science, vertu, religion), pour avoir ses lumières d'Haïtien. Mgr Barron arrive au Cap des Palmes (Libéria), le 1er mars et quitte le 3 mars, n'y laissant que M. Bessieux et Jean Fabé pour garder la maison.
17 mars: Le Vavasseur envoie à Libermann, depuis l'Ile Bourbon, une copie du "Mémoire" qu'il a adressé au début de l'année à Mgr Poncelet, préfet apostolique de Bourbon, sur ce que doit être le prêtre pour la Mission des Noirs et ce que veulent être les prêtres du Saint-Coeur de Marie. Le 25 mars, Mgr Dalmond, préfet apostolique de Madagascar, vient à La Neuville demander des missionnaires.
11 avril: la Mère Javouhey vient à Amiens proposer à Libermann d'unir leurs deux congrégations. Le 15 avril, trois communautés missionnaires sont constituées sur la côte d'Afrique: Grand-Bassam (MM. Audebert, Paul Laval et le Frère Grégoire); Assinie (Mgr Barron, MM Bouchet et Maurice, et les deux irlandais James Kelly et John Egan); le Cap des Palmes, à titre provisoire (M. M. Bessieux et Jean Fabé).
Dans la seconde moitié de mai, Mgr Barron s'embarque avec M. Bouchet pour revenir en Europe ou se fixer dans les environs du Sénégal. Mgr Collier passe à La Neuville le 21 mai. Nouvelle du P. Laval de l'Ile Maurice.
21 mai: Mgr Luquet quitte l'Inde comme délégué pour présenter à Rome les actes du Synode de Pondichery. Mort de M. Bouchet en mer, le 28 mai, qui sera suivie de celle de James Kelly à Assinie, le 11 juin; de M. Audebert, à Grand-Bassam le 6 juillet; de M. Paul Laval, à Assinie le 13 juillet.
8 juin: On apprend à La Neuville, la mort de M. Régnier (30/12/1843), de Denis Pindar (1/01/1844) et le départ de M. Kelly.
25 juin: la nouvelle de la mort de M. Roussel (23/01/1844) arrive à la Neuville. Le 26 juillet, M. Bessieux quitte le Cap des Palmes avec le Frère Jean Fabé, à bord du brick "Le Zèbre" (commandant, M. de Monléon), recueille de Frère Grégoire à Grand-Bassam, et se rend avec eux au Gabon où il débarquera le 28 septembre. En août, Mgr Barron, embarqué sur l'"Indienne" visite le Gabon et repart pour l'Europe.
Luquet à Paris, 6 août-8 octobre, au Séminaire de la Rue du Bac. Les directeurs font tarder leur avis sur les Actes du Synode de Pondichéry. Luquet collationne des documents aux archives pour les amener à Rome.
7 ou 8 (?) octobre: au cours de la retraite annuelle, arrivée à La Neuville de la lettre de Mgr Barron (écrite du Gabon le 7 août) annonçant la série noire des décès et son intention d'abandonner pour retourner en Amérique.
Fin octobre, Libermann à Paris chez le nonce, Mgr Fornari, pour lui exposer, sur le conseil de M. Desgenettes, son nouveau projet pour l'Afrique. Il y rencontre Mgr Palma, de la Propagande. Le 23 octobre, lettre au cardinal Fransoni, Préfet de la S.C. de la Propagande, introduisant le texte de son "Projet pour le salut des peuples des côtes de l'Afrique".
Libermann expédie finalement par la poste, le 3 novembre (en non par M. Tisserant, malade) au cardinal-préfet de la Propagande son "rapport sur les affaires de religion en Guinée". Le 11 novembre, à Strasbourg, mort du chanoine Liebermann, grand ami de la famille Libermann. Le 15 novembre "Notice sur la Congrégation donnée par M. Libermann à quelques ecclésiastiques du Royaume de Belgique".
27 novembre: M Ignace Schwindenhammer part à Rome, à la place de M. Tisserant, malade, pour traiter des affaires d'Haïti et de Guinée. Lettre du Ministre, le 6 décembre, subordonnant à l'autorisation de M. Fourdinier, supérieur du Séminaire du Saint-Esprit (Rue des Postes à Paris), l'envoi des prêtres du Saint-Coeur de Marie aux Colonies françaises.
14 décembre: Mgr Barron débarque à Marseille avec M. Maurice. Il se rend directement à Rome. Le 9 janvier, écrit à Libermann: Bessieux serait en route pour la France? Ai rencontré plusieurs fois M. Schwindenhammer.

1845.
Mort de M. Fourdinier, le 5 janvier, supérieur du Séminaire du Saint-Esprit. M. Nicolas Warnet assure l'interim. Le 3 février, MM. Tisserant, Arragon et deux compagnons s'embarquent pour Haïti, d'Angleterre. Février: premiers projets d'union avec le "Saint-Esprit". Libermann consulte discrètement (Mère Javouhey), réfléchit, en parle au Ministre.
17 février: A Rome, Congrégation générale des cardinaux de la Propagande pour examiner les Actes du Synode de Pondichéry présentés par M. Luquet, délégué. Discours de Montalembert à la Chambre des Pairs sur l'émancipation des esclaves, le 7 avril.
9 avril: Luquet remet le texte des "Eclaircissements sur le Synode de Pondichéry" demandés à la Propagande le 17 février.
10 avril: l'Ami de la Religion publie une réponse à Montalembert de M. Warnet, supérieur du séminaire du Saint-Esprit. Le 29 avril, élection de M. Leguay comme supérieur du "Saint-Esprit". Libermann cesse de penser à une union possible.
Fin avril-début mai, Libermann voit à Paris M. Galos, directeur des Colonies et apprend que Bessieux est vivant au Gabon avec le Frère Grégoire. Le 2 mai, Arrivent au Havre MM. Tisserant, Lossedat, Bouchet (Marie) et Arragon qui ont dû quitter Haïti: impossibilité d'accord avec les Autorités gouvernementales. Mai, Publication à Amiens d'une brochure "Lettres des Missionnaires de la Congrégation du Saint-Coeur de Marie" (85 p.) contenant des lettres de l'Ile Bourbon et de l'Ile Maurice. Publication à Amiens de la "Règle provisoire des Missionnaires du Très Saint-Coeur de Marie".
19 mai: A Rome, les Cardinaux de la Propagande examinent les "Eclaircissement" sur le Synode de Pondichéry rédigés par Luquet et proposent ce dernier pour l'épiscopat. Le 29 mai, convention franco-anglaise pour la répression de la Traite des Noirs (esclaves); escadres permanentes sur les côtes d'Afrique. Mgr Barron vient à La Neuville, en juin.
Départ pour Gorée (Sénégal) de MM. Briot, Arragon et du Frère Pierre, le 15-20 juin. Arrivés à Gorée le 26 juillet. Début juillet, on reçoit la première lettre de M. Bessieux, à La Neuville. Le 16-20 juillet, Mgr Brady, évêque de Perth (Australie) est à La Neuville pour demander des missionnaires.
18 juillet: loi concernant le régime des Esclaves aux Colonies.
6 août: à La Neuville, délibération du Conseil imposant à Libermann des mesures pour ménager sa santé. Il déclare s'y soumettre "comme aux ordres de Dieu".
7 septembre: à Rome, Jean Luquet, des Missions Etrangères, est sacré évêque comme coadjuteur de Mgr Bonnand (Pondichéry). Le 16 septembre, départ pour l'Australie de Mgr Brady avec MM. Bouchet (Maurice), Thiersé, Thévaux et les Frères Théodore et Vincent.
22 septembre: assemblée générale des Cardinaux de la Propagande approuvant le texte définitif d'une "Instruction" sur le clergé indigène et sur les missions. Le texte initial avait été préparé par Luquet.
Fin septembre - 3 octobre, voyage de Libermann en Belgique (Lige). Au retour, arrêt à Cambrai. Est revenu à La Neuville le 3 octobre pour la retraite annuelle commençant le 5. Du 2 au 5 octobre, M. Tisserant, auquel Libermann a remis les Lettres de Préfet apostolique des Deux-Guinées reçues de Rome, est à Paris pour traiter avec M. Leguay (Saint-Esprit) et le nonce, de la juridiction au Sénégal. Fin octobre, MM. Lossedat, Warlop et le Frère Jean-Baptiste se rendent à Lorient pour attendre un bateau pour Gorée. Début novembre, Mgr Luquet est à Langres en mission officieuse auprès de Mgr Parisis de la part du cardinal Lambruschini (Affaires des Jésuites entre Rome et le Gouvernement Guizot). Invité à La Neuville, il ne pourra y venir.
La Propagande rend publique, le 23 novembre, l'Instruction "Neminem Profecto" sur le clergé indigène dans les pays de missions.
7 décembre: mort de M. Tisserant dans le naufrage du "Papin" sur les côtes du Maroc, connue à La Neuville seulement fin décembre "par l'annonce d'un journal", sans doute l'UNIVERS du 30 décembre.
10 décembre: Luquet écrit de Rome à Libermann pour s'excuser de n'avoir pu venir à La Neuville et joint à sa lettre un exemplaire de "Neminem Profecto", non encore distribuée officiellement.

1846.
Echange de correspondance entre Libermann et le Ministre de la Marine qui lui propose un traitement pour les missionnaires, le 6 janvier.
7 janvier: dans une lettre à Luquet, Libermann accuse réception de "Neminem Profecto" (depuis la Propagande lui a envoyé deux exemplaires) et le consulte sur différentes questions. Le 8 janvier, accuse réception au cardinal Fransoni de sa lettre du 23-12-45 contenant deux exemplaires de "Neminem Profecto". Lui envoie des extraits de lettres des missionnaires de Gorée. Lui annonce la mort de M. Tisserant et propose M. Jérôme Gravière pour le remplacer comme préfet apostolique.
8 janvier: demande à la Mère Javouhey des Soeurs de Saint-Joseph pour le Gabon, M. Bessieux estimant nécessaire la présence de religieuses.
10 janvier: M. Truffet, prêtre savoisien de 34 ans, entre à La Neuville. La maison accueille alors 37 personnes: prêtres, étudiants et frères.
28 janvier: lettre-réponse aux graves critiques de Le Vavasseur, tenté de quitter la Société. Le 9 février, reprise de contact avec les Soeurs de Castres. Envoi à la Propagation de la Foi d'une "Notice sur les Missions de Guinée" avec lettre des missionnaires (ne sera publiée dans les ANNALES qu'en mars 1847). Dans une lettre au cardinal Fransoni, Libermann suggère que l'abbé Truffet pourrait remplacer M. Tisserant comme préfet apostolique d'Haïti, et demande des lettres de missionnaire apostolique pour l'abbé Percin (diocèse de Trinidad). Le 23 février, entrée à La Neuville de M. Chevalier, 28 ans, sous-diacre du diocèse de Saint-Claude (Jura).
Fin février, Libermann à Paris. Voit l'amiral de Mackau (Marine et Colonies) pour traiter des conflits survenus au Sénégal à propos de Dakar (juridiction). Trouve à N.D. des Victoires M. Blanpin rentrant aphone de Bourbon. Voit la Mère Javouhey. Début mars, retour à Paris, quinze jours d'une méchante migraine.
4 mars: à la Chambre des Pairs, débat sur une pétition du très actif militant abolitionniste, Bissette. Ordination sacerdotale de MM. Lannurien et Bouchet (Marie), le 7 mars. Le 8 mars, de Rome, Mgr Luquet écrit à Libermann une importante lettre (inédite) dans laquelle il lui conseille de présenter à la Propagande un grand Mémoire sur le Mission de Guinée et lui donne des indications pour le faire. De La Neuville, Libermann envoie à M. Desgenettes un texte (inédit) rédigé par Truffet sur l'Archiconfrérie de N.D. des Victoires à Bourbon: vision très dynamique sur le Saint-Coeur de Marie et les signes des temps.
31 mars: entrée de MM. Emonet, Diuboin, Guimet, Mouchet (et Blanchet auparavant). A l'invitation du cardinal Fransoni, le 1er avril, Libermann fait de nouvelles démarches pour la fondation d'un Séminaire des Missions en Belgique. Le 21 avril, Libermann communique au Ministre de la Marine et des Colonies une lettre de M. Arragon (Dakar) qui sera publiée dans la REVUE COLONIALE (septembre 1846): premier texte dans un revue sur les missionnaires du Saint-Coeur de Marie.
30 avril: profession à Louvencourt (Amiens) de Pauline Libermann (Soeur Saint Léopold) et prise d'habit de Caroline (Soeur Sainte-Agnès). Le Dr Libermann vient à La Neuville avec son autre fille Marie. Départ pour le Havre de M. Gravière, en partance comme préfet apostolique pour Dakar et les Deux-Guinées, bientôt rejoint par M. Le Berre et le Frère Jean-Baptiste. Le 5 mai, Libermann à Paris. Le 7 mai au Havre pour donner du courrier aux partants et négocier la vente des navires de M. Briot (Le "douze-Juillet" et le "Jaguar").
8 mai: répond à une violente lettre d'accusation de M. Arragon (25 mars) dans laquelle on voit déjà les missionnaires sur le terrain montés contre M. Schwindenhammer, et la hantise de l'abandon de l'Afrique pour d'autres oeuvres ou missions.
10 juin: rejoint à Paris M. Blanpin, aphone, qui doit l'accompagner dans son voyage vers Rome. Loge à l'HOTEL DE STRASBOURG, rue Notre-Dame des Victoires.
11 mai au 4 juillet: "Grand tour de France et de Savoie" avec M. Blanpin, qui se prolongera jusqu'à Rome. Visite systématique aux évêques et aux grands séminaires pour plaider la cause de la Mission des Noirs.
13 mai: Strasbourg; pèlerinage à Marienthal le 18; visite à Haguenau le 19: violente "crise de nerfs" à Strasbourg suite à une discussion avec son frère resté dans le judaïsme; le 22: Grand séminaire de Saint-Diez; le 24 à Sainte-Marie-aux-Mines; 25 mai: Sélestat, Besançon; Lons-le-Saunier; le 29, Tournus, Lyon en bateau.
20 mai: en Irlande, mort de M. John Hand, fondateur du ALL ALLOW'S COLLEGE pour les Missions Etrangères (passa à La Neuville en 1842; correspondant de Libermann). Le 30 mai, à Lyon, rencontre Pauline Jaricot à son domicile. Libermann apprend à Lyon le 7 juin, la mort de Grégoire XVI le 1 juin.
2 juin: Clermont; le 3 au Puy; le 6 Saint-Etienne, Lyon; le 8 Belley, Chambéry; le 9 Annecy; le 12 au Séminaire de La Roche; le 14 à Albertville; le 15 à Chambery; le 16 au séminaire-collège de Pont-Beauvoisin; le 18 à Grande Chartreuse; le 19 à Lyon et le 20 à Avignon.
7 juin: Longue rencontre avec le P. Colin, supérieur des Maristes, à Lyon. Le 16 juin, à Rome, élection de Pie IX, apprise par Libermann à Avignon, le 21 juin.
22 juin: A Marseille, visite de l'Oeuvre des Ouvriers des abbés Perrée et Julien.
23 juin: Blanpin s'embarque seul à Marseille pour Rome.
Du 23 juin au 1er juillet, Depuis Marseille, Montpellier, Nimes, Sète et retour. Visites de deux séminaires.
1 juillet: départ de Marseille en bateau "à 5h du soir". Arrivée à Rome le 4 juillet, en fin d'après-midi. Le soir même avec Blanpin, visite à Mgr Luquet et repas chez lui; se reverront sans cesse durant tout le séjour romain. Libermann loge à l'Hôtel de M. Bouisse, 39, place de l'Ara Coeli. Migraine de Libermann l'empêchant de travailler. le 7-8-9 juillet.
10 juillet: à la Propagande, entrevue avec le Cardinal Fransoni, préfet, et avec Mgr Brunelle, serétaire. Le 15 juillet, Libermann envoie M. Blanpin prendre les eaux dans les Pyrénées.
Arrivée à Rome du P. Colin, supérieur des Maristes, le 24 ou le 25 juillet (c'est son troisième voyage).
25 juillet: pour la fête de Saint-Jacques, Libermann célèbre la messe pour la congrégation sur le tombeau des Saints-Apôtres, à la basilique Saint-Pierre. Le 27 juillet, soirée de discussion avec le P. Colin, mariste. Se reverront souvent: "tous les jours deux ou trois heures de conférence".
28 juillet: annonce qu'il a fini son "Mémoire" pour la Propagande ("36 pages in folio"). Dîne chez le Cardinal Castracane avec le P. Colin. Avec ce dernier, se rend ensuite chez Mgr Luquet, puis chez le P. Theiner.
Première audience avec Pie IX, en juillet: "je n'ai rien pu dire, nous étions deux. Je le reverrai..."
4 août: lettre capitale à Ignace Schwindenhammer, écho des discussions avec le P. Colin et Mgr Luquet, sur "les relations entre les évêques, les missionnaires et les supérieurs de congrégations en territoire de mission, et par rapport à Rome". Répond aux objections contre la proposition de M. Truffet comme vicaire apostolique.
5-15 août, voit Mgr Brunelli pour lui présenter son Mémoire. Celui-ci le donnera à l'impression après avoir conseillé à Libermann de ne pas demander d'"évêque titulaire" (= résidentiel), mais un vicaire apostolique pour les Deux-Guinées.
Libermann date du 15 août sa lettre d'envoi du "Mémoire sur les missions des Noirs en général et sur celle de la Guinée en particulier". Il propose trois noms pour la charge de vicaire apostolique: Truffet, Boulanger, Gravière. Entrevue avec Pie IX en août. Témoignage de sa nièce en septembre 1846: "il a parlé fort longtemps (à Libermann) et mon oncle ne se lasse pas de parler de son amabilité". Libermann surveille l'impression de son Mémoire, mais n'en aura pas encore un exemplaire imprimé en quittant Rome.
A La Neuville, achat de la maison des Orphelines au faubourg Noyon (Amiens).
27 août: le P. Colin, mariste, est de retour à Lyon. Libermann s'embarque à Civita-Vecchia pour la France, le 29 août. Arrive à Marseille le 1er septembre. Quitte Marseille pour Toulouse par la malle-poste, le 2 septembre. Le 3 septembre, passe à Castres chez les Soeurs de l'Immaculée Conception: épisode de la soutane déchirée et du parloir.
3 septembre: dépôt aux Chambres d'une pétition, datée du 17 août, pour l'abolition de l'esclavage signée "par plus de six cents noms d'ecclésiastiques et de pasteurs du culte réformé".
Libermann à Toulouse, le 4 septembre, chez M. Houbart, au Séminaire. Entre le 5 et 13 septembre: à Bordeaux. Voit M. Germainville. Fait la connaissance personnelle (et non plus épistolaire) de M. Mme Isaac Louverture (fils de Toussaint Louverture, libérateur l'Haïti). Rencontre M. Amouroux, capitaine le long des côtes d'Afrique pour la Maison Lecour, qui lui donne des nouvelles du Gabon.
Dans le journal REFORME des 8, 9, 10 et 11 septembre, Victor Schoelcher s'en prend à l'enseignement du Séminaire du Saint-Esprit sur la servitude. Le 13 septembre, Libermann se rend par mer, sur "La Garonne", de Bordeaux à Nantes.
A Nantes, le 14 septembre, chez M. Guibou, au petit séminaire. A Saint-Malo, le 20 septembre. Avec M. Maillard, essaie de régler le sort des navires de M. Briot.
A Rome, le Mémoire de Libermann est examiné favorablement par l'assemblée générale des cardinaux de la Propagande, le cardinal Fransoni étant rapporteur. Libermann apprendra par Luquet que les Jésuites ont cherché à "exciter des préventions" contre lui (Libermann). A Paris, le 23-24 septembre, hôtel de Strasbourg, rue Notre-Dame des Victoires. Avec une lettre de recommandation de M. Isaac Louverture, va voir M. de Saint-Anthoine, secrétaire général de l'Institut d'Afrique. Rentre à La Neuville le 26 septembre. Très ému, Libermann rencontre les étudiants sur la route, sortis "pour la promenade par le chemin de Saint-Acheul".
19 septembre: Suite à son entrevue de septembre à Paris, écrit à M. de Saint-Anthoine une lettre qui sera publiée dans les ANNALES DE L'INSTITUT D'AFRIQUE (no 10, octobre 1846). Il y expose la pensée missionnaire de son Mémoire: le secours mutuel entre la "parole de la foi" et la "civilisation".
Fin octobre, achat de la "maison des trappistes du Gard près Amiens".
2 novembre: lettre à M. Northum Percin, jeune prêtre de Sainte-Lucie (Caraïbes) en partance pour Haïti. On y trouve l'ecclésiologie missionnaire de Libermann après son séjour à Rome, sur "Eglise régulière" et "Eglise en état de mission". Déménagement en cours des étudiants pour le Gard (N.D. 9 142).
6 novembre: état des deux maisons. A La Neuville, 9 novices dont 6 prêtres, avec Libermann. A Notre-Dame du Gard, 28 théologiens et philosophes, 8 Frères, les laïcs MM. Ratier, Eugène et Séclo, et pour la direction: MM. Schwindenhammer, Clair et Lannurien.
7 novembre: guérison à Rome du P. Blanpin devant la "Mère Admirable" de la Trinité des Monts. Témoins: Mgr Luquet et Mgr Pompallier. Connue vers le 20 novembre à La Neuville, avant que l'AMI DE LA RELIGION du 21 novembre et l'UNIVERS du 22 n'en parlent.
15 novembre: après quinze mois à Dakar, M. Arragon écrit une importante lettre à Libermann (Arch. CSSp 152-B-Vi) contenant son "plan pour l'Afrique" comparé à celui de Libermann en 1844. Libermann exprimera sa satisfaction et Truffet en prendra connaissance à La Neuville (N.D. 9, 44-48). Arragon se plaint, par ailleurs, de M. Gravière et attaque M. Schwindenhammer, que Libermann défendra.
28 novembre: Libermann n'a toujours pas reçu de Rome un seul exemplaire imprimé de son Mémoire et demande à Blanpin de lui en envoyer "car je suis pressé d'en avoir un pour faire une notice pour les séminaires". Le 8 décembre, commencement d'une indisposition qui le retiendra au lit pendant près de trois semaines. Visite à La Neuville de Mgr Polding, archevêque de Sidney.
23 décembre: transmet au cardinal Fransoni la lettre de Mgr Barron (Saint-Louis, Missouri) offrant sa démission au Saint-Siège. Enregistrée à la Propagande le 31 décembre.
27 - 30 décembre: lettre importante aux communautés d'Afrique (Dakar et Gabon), par la façon dont il exerce et définit son rôle de supérieur au loin par rapport aux missionnaires sur le terrain.

1847.
6 janvier: Arrivée à La Neuville, de la lettre du 28 décembre du cardinal Fransoni contenant les lettres apostoliques des 17 et 20 novembre 1846 nommant M. Truffet "vicaire apostolique de la mission des Guinées", évêque "in partibus" de Callipolis, et contenant les réponses de la Propagande aux questions posées par le rapporteur à la fin de la présentation du "Mémoire" de Libermann à l'assemblée générale des cardinaux, le 22 septembre 1846.
Admission dans la congrégation (consécration à l'apostolat) de MM. Truffet, Boulanger et Bouchet (Marie).
9 janvier: Communication à M. Truffet de sa nomination épiscopale: "il en fut atterré. Il ne put me répondre un seul mot". Truffet écrit à la Propagande, le 15 janvier, son acceptation et fait état de son "amour inviolable pour la Sainte Eglise romaine". Libermann avertit le Ministre de la Marine et des Colonies de la nomination de Mgr Truffet et de la juridiction accordée par la Propagande sur la Sénégambie. La Communauté est avertie de la nomination de Mgr Truffet qui entre en retraite pour préparer sa consécration épiscopale, le 16 janvier.
22 janvier: M. Méquet, commandant de l'Aube, responsable français au Gabon, répond à une lettre du Père Briot: "C'est aux missionnaires qu'il appartient particulièrement de combattre par leur influence les suites funestes de la civilisation purement matérielle. Il faut en un mot que la civilisation matérielle et la civilisation morale marchent de front..." (Arch. CSSp 153-A-II).
Lundi 25 janvier: à 9h., consécration épiscopale de Mgr Truffet par Mgr Mioland (Amiens). Mgr Gros (Versailles) et Mgr Vérolles (Mandchourie). Montalembert est dans l'assistance et rencontre Truffet au cours du repas qui suit: on parle abolition de la traite. De Paris, Mgr Truffet écrit à la Propagande, le 28 janvier, en demandant que Rome signifie à M. Maynard, préfet apostolique du Sénégal, que la Sénégambie fait désormais partie du vicariat des Deux-Guinées. Le soir, départ pour Rouen en chemin de fer par "le convoi du soir" (19h) de Libermann et Truffet allant voir l'abbé Dupont. Arrivée à minuit. Journée passée avec l'abbé Du*ont le 29 janvier. Diligence pour Amiens le soir.
En janvier, envoi à l'évêque de Marseille, Mgr de Mazenod, qu'il n'a pu voir lors de son passage (sans doute le 1er et 2 septembre 1846), d'une lettre écrite dès le 17 octobre 1846 sur le projet d'une maison à Marseille pour former les jeunes Noirs "aux arts mécaniques" avec le concours de l'abbé Julien.
Lettre au Ministre de la Marine, le 1er février: accepte l'offre d'une conférence avec M. Galos, directeur des Colonies, au sujet des jeunes Africains que le ministère a fait venir en France en vue du sacerdoce et au sujet de son plan à lui. Le 2 février, messe pontificale de Mgr Truffet au Gard. Le 4 février, Libermann désigne ceux qui accompagneront Mgr Truffet à Dakar: M. Chevalier qui passe de l'Australie aux Deux-Guinées; M. Bouchert (Marie); Mamoise et Durand, clercs.
8 février: Mgr Truffet est reçu en audience au ministère de la Marine.
12 février: Libermann rencontre à Paris M. de Mackau, ministre de la Marine et des Colonies, et obtient le passage gratuit pour Truffet et ses compagnons. Mgr Truffet rencontre M. de Saint-Anthoine à Paris. Lettre importante de Libermann à Arragon (Dakar): le primat de l'expérience et du temps, la souplesse à l'égard du plan général, la théologie du moment de Dieu, l'importance de l'école, la défense de Schwindenhammer.
14 février: premier projet de la maison de Bordeaux. Paris, Mgr Truffet écrit à M. de Saint-Anthoine, de l'Institut d'Afrique, pour exposer ses vues sur la mission.
15 février: Paris, Mgr Truffet écrit au roi Charles-Albert, roi des Deux-Sardaignes et de Savoie (1798-1849), dont il est le sujet, pour lui exposer le sens de sa mission.
16 février: au nom de Libermann, M. Chevalier écrit à son ami l'abbé Cornu, professeur au petit séminaire de Nozeroy (Jura). Un des témoignages les plus importants sur l'état d'esprit au Saint-Coeur de Marie: la lecture des "signes des temps" que l'on y fait à propos des Noirs, des esclaves de l'Afrique; l'Association de prières et le mouvement missionnaire en France (Arch. CSSp 22-a-V). Le 24 février: Mgr Truffet nomme Libermann "provicaire général des Deux-Guinées".
27 février: Samedi des Quatre-Temps. Ordinations à N.D. du Gard par Mgr Truffet, dont celle de M. Chevalier, à la prêtrise.
1 mars: Libermann écrit au préfet de la Propagande pour demander d'être déchargé de la mission d'Australie. Le Cardinal Fransoni écrit à Mgr Truffet que la Sénégambie est rattachée à son vicariat.
9 mars: MM. Chevalier et Marie Bouchet, prêtres, Lamoise, clerc catéchiste, partent pour Rochefort (11 mars) d'où ils doivent s'embarquer sur le bateau à vapeur, le "Phoque", qui finalement partira pour ailleurs. Tout le monde se rendra à Bordeaux.
18 mars: convention entre Mgr Truffet et Libermann sur les principes qui doivent régir les rapports de l'évêque avec la congrégation, avec quelques corrections par rapport au Mémoire de 1846.
19 mars: Truffet dans une lettre à l'abbé Cormu )qui a eu l'idée) pose les fondements d'une Association de prière pour l'Afrique, en relation avec une lettre de Libermann (4 avril).
25 mars: à La Neuville, consécration à l'apostolat de MM. Dréano, Gallais, Kobès, Léon Le Vavasseur.
27 mars: Mgr Truffet et ses compagnons quittent La Neuville pour Bordeaux où un bateau doit partir pour l'Afrique. Le Ministère vient de prévenir Libermann (24 mars).
28 mars: lors de son passage à Paris, Mgr Truffet écrit au conseil central de la Propagation de la Foi. A 19 h, avec ses compagnons, participe à l'office de N.-D. des Victoires avec instruction et adieux de M. Desgenettes.
30 mars: à la Chambre des pairs, M. le comte Beugnot annonce que 3 000 pétitionnaires, parmi lesquels figurent des évêques et un grand nombre d'ecclésiastiques, demandent un abolition immédiate de l'esclavage dans les colonies françaises. Montalembert prend la parole sur l'émancipation des Noirs, l'état de la religion aux colonies et le rôle du clergé colonial. Débat avec M. de Mackau, le baron Dupin...
1 avril: arrivée de Mgr Truffet et de ses compagnons à Bordeaux où MM. Chevalier, Bouchet...sont déjà. Logent chez M. Germainville, sauf Mgr Truffet, invité par l'archevêque Mgr Donnet.
4 avril: à Bordeaux, le jour de Pâques, Mgr Truffet officie pontificalement à la cathédrale. De Dakar, M. Arragon écrit à sa mère une lettre détaillée sur son apostolat et comment il pratique la controverse avec les musulmans.
10 avril: les missionnaires du Saint-Coeur de Marie quittent Bordeaux pour Pauillac où ils attendront les vents favorables pour s'embarquer. De La Neuville, Libermann écrit à Truffet: "Je sens votre absence beaucoup plus que je n'aurais cru". Après Pâques, M. Desgenettes à La Neuville.
15 avril: à bord du trois-mâts "Marie", départ pour l'Afrique de Mgr Truffet avec MM. Bouchet (Marie), Chevalier, Dréano, prêtres; Gallais, sous-diacre; Durand, Lamoise, clercs catéchistes.
15-20 avril: M. Bessieux arrive à La Neuville, ayant dû quitter l'Afrique pour raison de santé.
23 avril: Libermann et les novices résident à partir de ce jour à la "maison des Orphelines" du Faubourg-Noyon (Amiens), même si La Neuville (vendue) n'est pas encore totalement déménagée. Professeurs: MM. Lannurien et Clair, au Faubourg; Kobès et Léon Le Vavasseur, au Gard.
24 avril: à la Chambre des députés, Ledru-Rollin s'en prend au clergé colonial et à l'enseignement donné au séminaire du Saint-Esprit.
1 mai: L'AMI DE LA RELIGION publie une lettre de M. Leguay, "supérieur de la congrégation du Saint-Esprit", répondant aux attaques de M. Ledru-Rollin.
2 mai: au reçu de la réponse de la Propagande, Libermann écrit à MM. Thiersé et Thévaux de quitter l'Australie pour la mission de Bourbon et de Maurice.
3 mai: Libermann termine une lettre à Le Vavasseur commencée le 27 avril. Très importante pour voir les relations privilégiées avec Le Vavasseur qu'il voudrait faire revenir en France: "Vous êtes celui auquel je suis le plus vivement attaché [...] il m'a toujours paru dans les desseins de Dieu que nous fassions les choses ensemble" (N.D. 9, 130-131).
5-8 mai: arrivée de Mgr Truffet à Gorée. Débarque à Dakar le 8 mai.
14 mai: le ministère fait suivre à Libermann une proposition de la maison marseillaises des frères Régis pour l'établissement d'une mission dans leur factorerie de Wydah.
15 mai: A Gênes, mort d'O'Connell, le leader irlandais, se rendant à Rome pour voir le pape.
16 mai: M. Céclo, séminariste noir d'Afrique de l'Ouest, étudiant au Gard, meurt de tuberculose.
17 mai: première lettre de Mgr Truffet à Libermann depuis Dakar, accompagnée d'une lettre "journal de voyage" de M. Chevalier.
22 mai: Libermann écrit au nouveau ministre de la Marine, M. de Montebello, l'impossibilité d'accepter la proposition des frères Régis pour Wydah: il faudrait au moins trois personnes, car on n'envoie personne seul.
24 mai, lundi de la Pentecôte: la nièce de Libermann, Caroline, vingt ans, fait profession chez les dames de Louvencourt (Amiens), sous le nom de Soeur Agnès. Mme Libermann, femme du docteur, est venue à Amiens où elle reste un certain temps. Entre la Pentecôte et le 12 juin, prise du daguerréotype de Libermann.
Début juin: M. Bessieux se rend à Nantes, à Bordeaux (chez M. Germainville), à Castres (chez les Soeurs qu'il voudrait pour le Gabon) et en Savoie.
7 juin: Libermann termine sa première lettre à Truffet depuis qu'il est en Afrique. Eléments d'une théologie de l'épiscopat mais il n'a pas commencé la rédaction des "Réflexions sur l'épiscopat" promises.
12 juin: trois princes guinéens sont baptisés à l'église paroissiale Sainte-Elisabeth, à Paris. Mgr Truffet leur écrira le 8 août quand il apprendra la nouvelle.
13 juin: à la demande du ministère, qui a envoyé le livre, Libermann donne son avis sur "Les soirées de Carthage" de l'abbé Bourgade, ouvrage pour "confondre l'islamisme" et "établir la vérité de la religion chrétienne".
15-18 juin: du mardi au jeudi, Libermann à Paris pour accompagner MM. Blanpin et Jérôme Schwindenhammer partant pour Bourbon.
19 juin: Au Havre, Blanpin et J. Schwindenhammer embarquent avec Mgr Poncelet, M. Monnet et deux autres prêtres sortis du séminaire du Saint-Esprit.
20 juin: langue lettre de Libermann au cardinal préfet de la Propagande faisant le point sur le Saint-Coeur de Marie et présentant le programme des études suivies au Gard.
19-22 juin: langue lettre de Truffet à Libermann: il prend la communauté de Dakar en main pour sa formation.
24 juin: à l'abbé Guibou (Nantes) dont le petit séminaire pour les Mission Etrangères est en difficulté, Libermann écrit qu'il est prêt à s'en charger, le nonce l'y poussant.
28 juin: à Rome, l'éloge funèbre d'O'Connell par le Père Ventura, dans le sens de la cause libérale. Publié en France. Lue par Libermann.
30 juin: Libermann avoue avoir de fréquentes migraines depuis deux ou trois mois. Il a dû accepter un régime de table particulier.
7 juillet: rapport de Mgr Truffet à la Propagande: ses premiers jugements sur la situation et son programme.
9 juillet: Mgr Truffet délégue M. Gravière comme son représentant au Gabon, lui donne ses "Instructions" en douze points et écrit une lettre-programme à la communauté. Gravière s'embarque sur le "Phoque" le 12 juillet.
21 juillet: pour le Père Theiner (Rome), à transmettre à Mgr Luquet, Libermann fait le point de la stratégie missionnaire déployée en Afrique pour "l'exécution des vrais principes pour la fondation d'une Eglise".
25 juillet: dans LE CORRESPONDANT du 25 juillet, long article du comte Franz de Champagny: "Du passé et de l'avenir des missions", plaidoyer pour le clergé indigène et l'épiscopat en mission, totalement inspiré par Luquet. Libermann y est cité. Cet article déclenche une longue polémique avec le Père Bertrand, jésuite du Maduré.
1 août: pour Dakar, Mgr Truffet promulgue les mêmes "Instructions" que celles données à M. Gravière pour le Gabon.
2 août: A M. Briot, à propos de l'"affaire du piquet" au Gabon, longue lettre de Libermann sur les principes qui doivent régir les rapports avec les autorités européennes sur la côte d'Afrique. Sur le même sujet, lettre à Mgr Truffet (3 juillet) et à M. Lossedat (27 juillet).
7 août: M. Germainville, qui a fait le voyage d'Amiens, rentre à Bordeaux en emmenant avec lui M. Boulanger et le Frère Thomas Mabit, rejoints bientôt par M. Clair, pour la fondation de la communauté de Bordeaux.
10 août: écrit à la supérieure de Castres pour l'envoi de soeurs en Guinée )ou à Bourbon). Mi-août: pour M. Laval (Maurice), Libermann fait une synthèse générale sur la situation de la congrégation et de la mission confiée à elle.
17 août: répond à M. Bissette, homme de couleur martiniquais, militant abolitionniste très actif, qu'il accepte de diffuses ses brochures dans le clergé mais pas de signer sa pétition en raison de sa position. Août: Julie, veuve de Christophe Libermann, arrive d'Amérique à Amiens.
18 août: demande de subsides (qui seront accordés) pour l'impression d'ouvrages de M. Bessieux en langue "npongué": un catéchisme, l'histoire de Jésus-Christ, une grammaire et un dictionnaire français-npongué.
29 août: M. Chevalier (Dakar) à M. Boulanger (France): le fonctionnement de l'Oeuvre des enfants, noyau du futur clergé indigène, avec les consignes de Mgr Truffet pour éviter leur européanisation. Libermann lira cette lettre, félicitera Chevalier pour son travail et écrira en retour aux enfants de Dakar.
1 septembre: langue lettre de Mgr Truffet à Libermann, notamment sur l'état de la communauté de Dakar. C'est à la suite de cette lettre que Libermann écrira sa célèbre lettre à la communauté de Dakar et du Gabon du 19 novembre 1847 (N.D. 9, 324-332).
6 septembre: le duc de Montebello (Marine et Colonies) transmet à Libermann une lettre du contre-amiral Montagniès, commandant en chef de la station d'Afrique, au sujet de la mission du Gabon: il y déplore le départ de Bessieux et critique le comportement des missionnaires.
12 septembre: arrivée à Saint-Denis (Bourbon) du bateau amenant Mgr Poncelet, préfet apostolique, M. Monnet, vice-préfet, MM. Blanpin et J. Schwindenhammer. Emeute des colons contre M. Monnet, qualifié d'abolitionniste militant. Le 28 septembre, le gouverneur réembarque M. Monnet, expulsé.
15 septembre: Mgr Truffet écrit à Mgr Bouvier, évêque du Mans, de bien vouloir modifier dans son célèbre "Manuel de théologie" ses positions sur l'esclavage.
Fin septembre - début octobre: Mgr Luquet, à Paris depuis quelque temps, vient à Amiens passer une journée à l'invitation de Libermann. On parle de la division du vicariat des Deux-Guinées (vieille idée chère à Luquet). Luquet pousse Libermann à accepter la mission de Cafrerie et cette de Tunis.
8 octobre: lettre à M. Gamon, sulpicien (Clermont-Ferrand) sur les changements dans l'Eglise: "Grégoire XVI n'aurait pas pu changer; Pie IX ne pouvait ne pas changer".
13 octobre: à M. Dat: "L'été dernier a été pour moi l'époque la plus dure sous le rapport de la santé. La force et la continuité de mes migraines étaient telle que je n'en avais jamais éprouvé de pareilles".
14 octobre: langue lettre à Le Vavasseur pour le consulter sur l'orientation de la société; il s'explique en profondeur sur ses projets d'oeuvres en Europe.
24-31 octobre: échange de correspondance entre Libermann, la supérieure de Castres et le ministère pour la mise au point du départ des religieuses de l'Immaculée Conception pour le Gabon avec M. Bessieux. En vue du départ de Bessieux, Libermann entreprend un volumineux courrier pour l'Afrique, en novembre.
12 novembre: dans L'UNIVERS, correspondance sur les colonies, demandant la réforme du clergé, l'institution de la hiérarchie, et louant le travail auprès des affranchis du Père Laval (nommé) à l'Ile Maurice. Lettre ouverte de M. Leguay, supérieur du Saint-Esprit, contre ces critiques dans L'UNIVERS du 19 novembre.
19-22 novembre: longue et minutieuse lettre à Mgr Truffet, écrite sur trois ou quatre jours. Lui parle entre autres choses, des travaux entrepris à Amiens sur les cérémonies romaines et la musique, sur le bullaire de la Propagande.
19 ou 20 novembre: rédige des "Instructions missionnaires" aux premières soeurs de l'Immaculée Conception de Castres en partance pour l'Afrique.
19 novembre: lettre à la communauté de Dakar et du Gabon: véritable charte missionnaire, écrite après avoir lu la lettre de Mgr Truffet du 1 septembre. "Faites-vous nègres avec les nègres" (N.D.9,324-332).
22 novembre: Libermann fait le point sur le chant, la musique et les cérémonies, dans une lettre à Mgr Truffet, N.D 9, 347-349).
23 novembre: Libermann répond à la lettre de M. Chevalier du 29 août. L'encourage dans son oeuvre des enfants: faire découvrir aux enfants leur liberté et leur égalité, et "qu'ils ne sont en rien inférieurs par leur nature aux Européens". A Dakar, mort de Mgr Truffet (apprise à Amiens le 15 janvier 1848 par une lettre de M. Briot rentrant de Dakar et arrivé sur les côtes anglaises.
24 novembre: A Dakar, M. Arragon écrit la lettre officielle annonçant à Libermann la mort de Mgr Truffet, envoyée par le "Thémis (Elle n'arrivera à Amiens que ... le 16 février 1848).
29 novembre: M. Briot termine à Dakar une lettre volumineuse à Libermann qui est le premier grand Rapport sur l'Afrique, du Gabon au Cap Vert, fait par un de ses missionnaires. Abrégé et remanié,, sera publié dans les ANNALES de la Propagation de la Foi en septembre 1848.
30 novembre: à Dakar, M. Briot s'embarque à bord de l'!Industrie" pour rentrer en France, via l'Angleterre.
Fin novembre: le 27 ou peu après, MM Bessieux, Le Bronnec, Ronarch et les Frères Claude, Joseph et Jean-Marie, avec Matthieu Fallalah, quittent Amiens pour aller attendre leur embarquement à Brest. Libermann leur a remis la Règle des Frères terminée juste avant leur départ (N.D. 11, 487 ...).
9 décembre: Libermann se renseigne "sur l'état des Noirs en Amérique" auprès de l'abbé Percher, aumônier de couvent à New Orleans, Louisiane. Il lui envoie un véritable questionnaire systématique.
14 décembre: M. Loevenbruck est délégué par le conseil du séminaire du Saint-Esprit pour aller présenter à Rome les nouvelles Règles préparée par M. Leguay pour la réforme de la congrégation.
14-16 décembre: Arragon écrit à Libermann pour lui envoyer les "Statuts" ou "Instructions" que Mgr Truffet avait dressés pour son vicariat, avec ses commentaires et ses questions.
23 décembre: de Brest où elle a laissé les quatre premières soeurs de sas congrégation à partir en Afrique attendre leur embarquement avec M. Bessieux, la Mère Marie de Villeneuve se rend à Rouen (20 décembre), puis à Paris où elle rencontre Libermann. Le 23, elle écrit qu'à son invitation elle se rend à Amiens pour une éventuelle fondation. De retour à Castres pour le 2 janvier.
24 décembre: à Brest, Bessieux, ses compagnons et les quatre soeurs de Castres s'embarquent sur l'"Infatigable" à destination de Dakar.
30 décembre: Mgr Bouvier, du Mans, répond à la lettre de Mgr Truffet: il ne pense pas que sa position sur l'esclavage, dans son "Manuel de théologie", ne soit pas celle de l'Eglise.

1848.
2 janvier: Considère que l'oeuvre de M. Guibou, à Nantes, a échoué, mais garde le projet d'une oeuvre à Nantes, Brest ou Lorient pour "la classe ouvrière et matelote".
11 janvier: Arrivée à Dakar de Bessieux, avec les soeurs.
15 janvier: Libermann vient de recevoir la nouvelle de la mort de Mgr Truffet par une lettre de M. Briot arrivé en Angleterre. Ecrit à Mgr Graveran, évêque de Quimpeer, qu'il est prêt à accepter l'aumônerie des navires-hôpitaux de Gorée et du Gabon;.
15-22 janvier: Entre le 15 et le 22 janvier, se rend à Paris pour discuter avec le directeur des Colonies sur la mission des Noirs à Bourbon le ministre est du côté de M. Monnet et pour le travail de Le Vavasseur.
20-25 janvier: Arrivée à Amiens de M. Briot, apportant diverses lettres de Dakar.
26 janvier: Par M. Arragon, Libermann adresse une lettre (antidatée au 1er janvier) à Eliman, roi de Dakar, après la mort de Mgr Truffet: "Mon coeur est aux Africains, tout aux Africains". Répond à diverses lettres reçues de Dakar. Enseignement au Gard: Lannurien suit le Père Perrone (Rome) pour le traité de l'Eglise.
31 janvier: Adresse à la Propagation de la Foi, à Lyon, le récit "officiel" de la mission et de la mort de Mgr Truffet (ne parle pas de ses imprudences alimentaires).
Début février: Pour M. Gamon, sulpicien, grand séminaire ce Clermont-Ferrand, Libermann donne son interprétation théologique de la mort "victimale" de Mgr Truffet due à une imprudence humainement inexcusable.
2 février Voyage aller et retour à Arras pour rencontrer Mme Blanpin.
21 février: Les Règles du "Saint-Esprit" remaniées par M. Leguay sont approuvées par la Propagande. Décret rendu le 11 mars.
23 février: Le total des deux maisons (Faubourg-Noyon et Gard) est de 6 directeurs, 28 étudiants, 18 frères, 11 novices.
24 février: Révolution à Paris. Abdication de Louis-Philippe et proclamation de la seconde République.
Dans une lettre confidentielle à Le Vavasseur, jugement sévère de Libermann sur Mgr Truffet: "Malgré l'esprit grand et élevé de Mgr Truffet, il a fait deux fautes qui exposaient gravement la mission".
25 février: L'agitation révolutionnaire gagne Amiens où il y a quelques troubles le dimanche 27. Les communautés religieuses sont respectées
29 février: M. Leguay donne sa démission de supérieur général du Saint-Esprit.
2 mars: Libermann écrit au cardinal Fransoni pour lui annoncer la mort de Mgr Truffet; il trace un tableau très équilibré du travail accompli par lui, souligne les aspects positifs de sa méthode et l'outrance de certains de ses principes. Le conseil de la congrégation du Saint-Esprit élit M. Alexandre Monnet, le "père des Noirs", comme supérieur général.
4 mars: F. Arago, ministre provisoire de la Marine et des Colonies, "nomme le citoyen Victor Schoelcher, sous-secrétaire d'Etat, chargé spécialement des colonies et des mesures relatives à l'abolition de l'esclavage" et président de la commission chargée de préparer, dans les plus brefs délais, l'acte d'émancipation immédiate dans toutes les colonies de la République.
5 mars: Instauration du suffrage universel.
16 mars: Embarras causés à Libermann par la traite de 10 000 francs que M. Aragon a fait tirer sans avis préalable pour les travaux de Dakar: Libermann n'a que 4 000 francs. Libermann se rend au Gard pour présider les examens.
20 mars: Lettre à M. Gamon, le confident essentiel, à propos de la révolution de Février, sur l'Eglise, le clergé et les changements.
10 avril: Mgr Luquet présente aux autorités fédérales suisses ses lettres de créance comme médiateur de Rome dans le conflit issu de l'affaire du "Sonderbund". Libermann reçoit une lettre de M. Chevalier (sans date, mars ?) contenant un très long rapport sur les "Pensées de Mgr Truffet sur l'éducation du clergé indigène".
19 avril: Transfert du noviciat du Faubourg-Noyon au Gard pour des raisons d'économie financière.
23 avril, jour de Pâques: Libermann, avec son neveu François-Xavier, se rend à Amiens voir ses nièces au Louvencourt.
23-30 avril: Echange de plusieurs correspondances avec M. Briot, en Bretagne, pour un projet de fondation prenant la suite de l'oeuvre de M. Guibou. Choix de Saint-Brieuc. Missions diocésaines et petit séminaire pour les Missions étrangères, oeuvres non paroissiales. Propose d'aider M. de La Mennais (Jean-Marie).
27 avril: Décret relatif à l'abolition de l'esclavage dans les colonies et possessions françaises.
29 avril: Lettre de M. Monnet à Libermann à propos du "despote Schoelcher". Libermann répond qu'il désire sincèrement l'union de leurs deux congrégations.
Début mai: Dès la réception de la lettre de Libermann, Monnet se rend au Gard pour demander que l'on engage la discussion pour la réunion.
8 mai: M. Loevenbruck, du Saint-Esprit, au Gard comme négociateur désigné pour la réunion des deux congrégations.
9 mai: Mgr Luquet est rappelé de sa mission suisse: Rome n'est pas d'accord avec ses principes de négociation.
Mi-mai: Libermann fait un saut à Paris (une demi-journée) pour s'entretenir avec le nonce du projet de réunion entre les deux congrégations. A son retour au Gard, écrit ses propositions à Loevenbruck.
24 mai: Libermann écrit à Mgr Wiseman, évêque de Westminster, pour lui demander de faire quelque chose pour que des prêtres français soient admis à l'Ile Maurice (anglaise).
30 mai: A la suite d'une "lettre assez fâcheuse au gouverneur du Sénégal! de M. Arragon (Dakar 15 décembre 1847; cf N.D. 11, 359), difficultés de Libermann avec le ministère: il s'explique longuement sur les buts de la mission et lève les malentendus.
10 juin: La veille de la Pentecôte, après quelques jours de discussion au séminaire de la rue des Postes, les représentants des deux congrégations tombent d'accord pour leur réunion.
11 juin, jour de la Pentecôte: "Nous avons conclu la réunion à l'unanimité".
14 juin: Libermann rentre au Gard. Ordinations le 17.
23-26 juin: Les "journées de juin". Insurrection à Paris, Mort de Mgr Affre, archevêque de Paris, sur une barricade (25 juin).
Début juillet: Libermann au séminaire du Saint-Esprit pour mettre au point la réunion.
3 juillet: Après négociations, M. Monnet est proposé à Rome comme vicaire apostolique de Madagascar (donc il accepte de ne plus être supérieur général).
4 juillet: mort de Chateaubriand.
5 juillet: Dans la soirée, Libermann de retour au Gard.
12 juillet: M. Loevenbruck arrive à Rome pour présenter le dossier de la réunion des deux congrégations. Reçu dès le lendemain à la Propagande. N'ose pas transmettre certains points dont Libermann avait demandé de faire état oralement: source de difficultés ultérieures.
15 juillet: Libermann écrit au cardinal Fransoni qu'il vient de recevoir sa lettre du 3 juillet lui annonçant "la nomination de M. Bessieux comme vicaire apostolique des Deux-Guinées" et demandant des compléments d'information pour le coadjuteur présenté par Libermann.
3 août: Loevenbruck est de retour à Paris et écrit à Libermann.
8 août: Libermann écrit à Bessieux (Gabon) pour lui demander de se mettre en route pour Dakar afin d'y contacter le nouveau vicaire apostolique en temps opportun. New lui dit pas que c'est lui qui est nommé, de peur d'un refus.
20 août: Libermann est au séminaires du Saint-Esprit. Il consulte à Paris: M. Desgenettes et les sulpiciens. Il a l'avis favorable de Mgr Parisis (Langres) et de Mgr Mioland (Amiens).
24 août: Accord privé entre les deux congrégations sur les conditions d'union, signé par Monnet, Warnet, Gauthier, Hardy et Vidal pour le Saint-Esprit; Libermann, Briot, Boulanger, François, I. Schwindenhammer, pour le Saint-Coeur de Marie. M. Monnet fait acclamer M. Libermann comme supérieur général.
4 septembre: Congrégation générale des cardinaux de la Propagande pour examiner le rapport du cardinal Barnabo sur l'union des deux congrégations. Réponse favorable.
10 septembre: Approbation par Pie IX de la décision de la Propagande concernant la fusion canonique.
26 septembre: La Propagande notifie officiellement à Monnet et à Libermann la décision prise.
1er octobre: Libermann invite Bessieux (sans lui communiquer sa nomination) à poursuivre son voyage et à se rendre de Dakar en Europe pour s'entendre avec... le nouvel évêque à venir et son coadjuteur!
2 octobre: Commencement de la retraite annuelle au Gard avec Libermann.
3 octobre: Nomination de M. Monnet comme vicaire apostolique de Madagascar.
7 octobre: Libermann consulte par lettre son frère le docteur sur le régime alimentaire et la détente des étudiants au Gard: nombreux détails.
9 octobre: La Propagande écrit à M. Kobès qu'il a été nommé le 22 septembre coadjuteur du vicaire apostolique des Deux-Guinées. La lettre de la Propagande du 26 septembre (sur l'union) parvient au Gard.
Mi-octobre: Juste avant le voyage qu'il va entreprendre à Rome, Libermann termine la révision des Règles "afin de les mettre en vigueur aussitôt la réunion faite" (N.D. 11, 62-63).
17 octobre: Mgr Sibour prend possession de son siège d'archevêque de Paris.
28 octobre: Libermann qui s'est rendu à Rome avec Loevenbruck, demande qu'on confirme et régularise son élection comme supérieur général. Il trouve à Rome son ami l'abbé Perrée, de Marseille.
3 novembre: La Propagande confirme la nomination de Libermann.
4 novembre: Libermann demande certaines modifications des constitutions du Saint-Esprit, en accord avec tous les confrères.
5novembvre: Dans la chapelle du Saint-Esprit, consécration épiscopale de Mgr Monnet par le cardinal Giraud (Cambrai). Mgr Graveran (Quimper) et Mgr Parisis (Langres).
6 novembre: A Civita-Vecchia, Libermann s'embarque pour la France à bord du "Courrier-Corse" après avoir vu couler le "Périclès".
15 novembre: A Rome, assassinat de Rossi, Premier ministre de Pie IX.
22 novembre: Libermann se rend du Gard au séminaire du Saint-Esprit, rue des Postes, à Paris, avec quelques directeurs et un groupe d'étudiants. Réunion dans laquelle Mgr Monnet donne sa démission.
23 novembre: M. Libermann est élu - de nouveau-supérieur général au scrutin secret et à l'unanimité.
24 novembre: Fuite de Pie IX à Gaète. La désorganisation des bureaux romains va faire traîner pendant des mois le dossier des évêchés pour les colonies françaises, dira-t-on. En fait, dossier bloqué dans un bureau du ministère.
30 novembre: A Strasbourg, consécration épiscopale de Mgr Kobès, plus jeune évêque de la chrétienté, par Mgr Raess.
10 décembre: Election de Louis Napoléon Bonaparte à la présidence de la République.
Mi-décembre: Les théologiens du Gard viennent à Paris; les philosophes de Paris vont au Gard. A Paris, 50 et quelques théologiens, dont 21 du Gard. Au Gard, 11 novices et 13 philosophes.
17-20 décembre: Libermann, supérieur général, notifie aux communautés de Dakar et du Gabon, de Bourbon et de Maurice, l'union la congrégation du Saint-Coeur de Marie à celle du Saint-Esprit.
Avant Noël: Avec Mgr Kobès, Libermann va voir Mgr Sibour, archevêque de Paris, pour lui demander les pouvoirs dans le diocèse pour les membres de la congrégation.

1849.
1 janvier: Libermann chez son frère Félix (rue Mazarine, Paris) pour le nouvel an. Bessieux arrive à Lorient après trois semaines de navigation depuis Dakar à bord de l'"Eldorado".
De janvier à fin avril: A Rome, Mgr Luquet prend la direction du journal "Il Costituzionale Romano", seul journal à défendre Pie IX pendant la révolution romaine.
4 janvier: Sous la présidence de Libermann, au séminaire du Saint-Esprit, première réunion d'une quinzaine d'ecclésiastiques pour des conférences spirituelle d'entraide "sous le patronage de saint Jean l'Evangéliste": MM. de Conny, de Geslin, de Ségur, Caron, de Girardin, Gay, Lannurien... (47 séances du mardi jusqu'au 30 avril 1850).
8 janvier: A Mgr Parisis, évêque de Langres, député à l'Assemblée nationale, Libermann écrit quelques observations sur le projet d'établir un évêque au Sénégal (Saint-Louis) et sur diverses affaires, pour qu'il en parle au ministre des Cultes. Bessieux est en retraite au séminaire du Saint-Esprit pour préparer sa consécration.
14 janvier: Consécration épiscopale de Mgr Bessieux par Mgr Parisis (Langres), assisté de Mgr Kobès (... coadjuteur de l'ordonné!) et de Mgr Monnet, dans le chapelle du séminaire du Saint-Esprit.
22 janvier, lundi, à 15 h: audience accordée par Mgr Sibour à M. Libermann à propos des changement apportés à la Règle du Saint-Esprit.
25 janvier: Les soeurs de Castres arrivent à Saint-Pierre près du Gard pour une oeuvre avec Melle Clara.
...février: Libermann écrit pour présenter Mgr Bessieux et Mgr Kobès à la communauté de Dakar; il donne consignes et conseils pour la mission et les relations mutuelles entre missionnaires et évêques; il a d'ailleurs changé la convention faite avec Mgr Truffet: désormais l'évêque est aussi supérieur provincial.
6 février: Lettre à Londres en faveur de la mission de Maurice.
9 février: La République est proclamée à Rome.
11 février: Première réunion à la chapelle du séminaire de l'Oeuvre des pauvres ouvriers. La Soeur Rosalie est présente.
17 février: A Toulon, à bord de l'"Achéron", navire à vapeur de l'Etat, embarquement de Mgr Bessieux, de Mgr Kobès, avec 6 prêtres, 3 frères et 6 nouvelles soeurs de Castres pour le Gabon... avec dispense officielle des cérémonies pour le passage de la ligne!
24 février: Troubles à Paris.
15 mars: Mgr Bessieux et Mgr Kobès avec leurs compagnons arrivent à Dakar.
20 mars: Libermann reçoit une lettre (datée: Cadix 28 février) de Mgr Bessieux et de Mgr Kobès lui demandant d'urgence du personnel supplémentaire, insistant pour que l'Afrique soit préférée aux colonies, autrement ils s'adresseront à d'autres instituts...
20-26 mars: A la suite de difficultés à la communauté de Bordeaux, Libermann notifie à Mgr Donnet son intention de fermer cette communauté dans quelque temps. A la chapelle du séminaire du Saint-Esprit, réunions tous les soirs: à celles de l'Oeuvre des ouvriers, se sont ajoutées les réunions des militaires et celles de la Sainte-Famille.
26 mars: Ecrit à Le Vavasseur: "Mon travail sur la Règle est terminé. Je l'ai fait passer au Conseil et tout a été admis avec joie...C'est tout bonnement nos Règles sous le nom de Règlements" (N.D. 2, 87).
... mars: Nombre de prêtres dans la congrégation: 48 dont 15 prêtres en France (8 à Paris, 4 au Gard, 3 à Bordeaux et 33 en missions (18 à Dakar ou au Gabon; 1 au Sénégal (Saint-Louis), 1 à Corfou (M. Loevenbruck), 2 à Madagascar, 7 à Bourbon, 4 à Maurice).
4 avril: Libermann accepte de garder provisoirement la maison de Bordeaux après réception d'une lettre du vicaire général.
13 avril: Dupanloup nommé évêque d'Orléans.
15 avril: A la mi-avril, M. Libermann tombe malade gravement. Le choléra fait son apparition à Paris, surtout dans le quartier Saint-Marcel.
24 avril: Un corps expéditionnaire français commandé par V. Oudinot part en Italie secourir le Pape.
9 mai: Rue Mazarine, son frère Félix meurt du choléra: malade lui-même, Libermann venait de lui rendre visite mais, le jour même, on l'avait obligé à partir pour Angers (affaire du château de Maulévrier). Puis se rend à Tours chez le chanoine Viot.
14 mai: Mgr Monnet quitte Paris pour se rendre à sa mission de Madagascar. Il s'embarque à Cherbourg, le 7 juin, sur le "Chandernagor".
19 mai: A l'Ile Bourbon (Réunion), fondation par le Père Le Vavasseur des "Filles de Marie" avec Aimée Pignolet de Fresnes et sa soeur Marie-Anne (Mère Marie-Madeleine de la Croix et Marie-Thérèse de Jésus).
26 mai: L'Assemblée législative succède à la Constituante en France. Libermann de retour à Paris la veille de la Pentecôte; doit s'aliter à nouveau le 27 pour une dizaine de jours.
5 juin: Part en Basse-Normandie, à la Lande-de-Lougé, se reposer dans la famille du Père Léon Le Vavasseur.
13 juin: Inquiet de l'attitude des deux évêques à l'égard de la congrégation, Libermann écrit à Bessieux et à Kobès une lettre d'admonestation: "L'Esprit de Dieu n'agit pas de la sorte".
20 juin: A Bayeux, grave rechute. Doit être soigné au séminaire. Passe plus de trois semaines au lit.
2 juillet: Entrée du corps expéditionnaire français dans Rome.
Mi-juillet: Libermann termine une lettre commencée le 20 juin: il demande à Le Vavasseur de rentrer de Bourbon pour être à ses côtés pour l'administration de la congrégation. Va se reposer dix jours à Arromanches.
27 juillet: Pèlerinage à Notre-Dame-de-la-Délivrande.
29 juillet: Rentre à Paris pour se remettre au lit. Est soigné par un médecin "empirique", ce qui fâche le docteur Récamier, son médecin.
12 août: Libermann quitte Paris pour se reposer en Alsace. Arrive à Strasbourg en diligence le 19.
7 septembre: Mort de M Vidal, préfet apostolique du Sénégal (Saint-Louis), qui avait été nommé le 13 juillet 1848.
16 septembre: Arrive au Gard, depuis Mayence (il avait descendu le Rhin en bateau à vapeur).
1 octobre: Après cinq mois de maladie, Libermann reprend la direction des affaires. Le conseil de la congrégation est constitué: Gauthier, Warnet, Schwindenhammer, Lannurien, Boulanger, Briot. H. Hardy s'en trouve exclu: ce fut l'occasion de troubles dans le séminaire.
12 octobre: Mgr Bessieux vient d'arriver du Gabon. Il a quitté Dakar en mai et a longuement visité la côte. Il s'arrête à l'idée de fonder une mission en Assinie, à Widah.
15 octobre: "Note sur les besoins religieux des Colonies présentée à M. de Falloux, ministre des Cultes": note confidentielle transitant par l'abbé de Girardin. Visite de Libermann à l'archevêque de Paris à Saint Germain-en-Laye pour l'arrangement du conflit au sujet des Règles.
20 octobre: En vue d'un débat parlementaire sur l'augmentation des bourses pour le séminaire du Saint-Esprit (la partie "séminaire colonial") attaqué par Schoelcher, Libermann rédige pour M. Audren de Kerdrel, représentant du peuple, une "Réponse aux reproches qui pourraient être dirigés contre la communauté du Saint-Esprit".
23 octobre: Longue "Note sur l'insuffisance du cadre actuel du clergé colonial et sur l'insuffisance du personnel du séminaire pour maintenir ce cadre au complet, adressée au ministre de la Marine [M. Destutt de Tracy jusqu'au 31 octobre 1849] et à plusieurs représentants du peuple". A cette époque et sur ce thème, Libermann rédige cinq ou six notes: à M. Pécoul, à Mgr Dupanloup, à M. de Tracy, à M. de Falloux. Les députés contactés: Pécoul, de Kerdren, Berrier, Benoît d'Azy, M. de Melun.
25 octobre: Au ministre des Cultes, M de Falloux (jusqu'au 31 octobre 1949), première présentation par Libermann des candidats aux évêchés des colonies.
26 octobre: Libermann commence l'expédition aux communautés des "Règlements de la congrégation du Saint-Esprit, sous l'invocation de l'Immaculé Coeur de Marie, ayant pour but de développer l'esprit de ses constitutions, d'assurer le parfait accomplissement des devoirs qu'elle imposent à ses membres et de fixer dans ses détails son organisation et son administration", Paris, Gaume frères, 1949.
31 octobre: Nouveau ministère extra-parlementaire. Aux Cultes: M. de Parieu. A la Marine et aux Colonies: .'amiral Romain-Desfossés.
3 novembre: Mémoire au cardinal Fransoni, préfet de la Propagande, sur "L'état de la religion dans les colonies françaises". Pénétrante analyse de la paralysie actuelle: l'état du clergé, l'"abus de pouvoir de la part du gouvernement". D'où l'urgence d'évêchés.
1er décembre: Mort de Mgr Monnet, en quelques heures, à son arrivée à Mayotte.
... décembre: Tout au long du mois, négociations autour du château de Maulévrier que la famille Colbert veut donner à la congrégation.
4 décembre: A la Propagation de la Foi, demande de subsides pour la mission de Sainte-Marie de Gambie fondée par Mgr Kobès dès son arrivée: très bon débuts et importance de l'"arracher d'entre les mains des méthodistes".
8 décembre: Au séminaire du Saint-Esprit, particulière solennité de l'Immaculée Conception: "Nous allons exécuter un chant grégorien ... C'est un essai qu'on va faire afin de donner le mouvement dans Paris et dans les provinces pour le chant grégorien pur". Mgr Parisis est venu assister la veille à une répétition et en a été fort satisfait. Le ministres de la Marine écrit à Libermann pour "l'inviter à prendre part aux délibérations de la commission qui doit s'occuper des intérêts religieux de l'établissement naval et colonial.
19 décembre: Le Vavasseur qui a quitté la Réunion avec Mgr Poncelet, malade, fait escale au Cap.
25 décembre: Lettre au cardinal Fransoni; "Mes efforts et beaucoup plus encore ceux de Mgr l'évêque de Langres, ont eu un succès inespéré pour le bien des colonies... L'érection de trois évêchés a été résolue aussi définitivement".
28 décembre: Lettre de synthèse à Le Vavasseur sur l'état du séminaire, sur l'avancement des affaires des colonies, sur le projet d'un corps d'aumôniers sur les bâtiments de l'Etat fourni par la congrégation. "Ma santé se soutient au milieu d'un travail de galérien. Je n'ai jamais travaillé comme j'ai été obligé de le faire depuis deux mois".
21-30 décembre: Progrès dans le règlement du différend avec l'archevêque de Paris, Mgr Sibour. Libermann prépare la réforme des constitutions selon le voeu de l'archevêque mais écrit à la Propagande que c'est à la décision finale de Rome qu'il se soumettra.

1850.
... janvier: Libermann participe à la réflexion de la commission chargée de l'élaboration d'un plan pour l'organisation de l'aumônerie de la Marine.
21 janvier; Lettre-panorama à Mgr Bessieux, terminée le 2 février, sur l'ensemble des problèmes dont Libermann s'occupe depuis quelques mois. Lettre capitale pour voir comment Libermann, supérieur général, pense et agit avec le souci de la mission et de la congrégation (N.D. 12, 14-29).
22 janvier: A M. Boulanger sur le départ pour l'Afrique, Libermann explique la nécessité vitale pour la congrégation des relations épistolaires entre l'Afrique et l'Europe: "Conserver l'union de charité, l'intimité religieuse d'une communauté, sans relations, est chose impossible" (N.D. 12, 33).
3 février: M. Lannurien, qui a été "sur le point d'avoir une phtisie", est envoyé se reposer à Rome. Libermann le confie à Mgr Luquet.
Mi-février: M. Bisette, député des Colonies à l'Assemblée, informe Libermann des bruits qui courent à la Martinique: on va remplacer tout le clergé séculier des paroisses coloniales par des spiritains. Libermann proteste contre cette insinuation calomnieuse.
21 février: A Mgr Barnabo, secrétaire de la Propagande, Libermann répond qu'il ne peut présentement accepter la mission proposée de la terre de Natal. Au cardinal Fransoni, il renouvelle sa demande de 1848 pour l'introduction de la pauvreté religieuse dans la Règle.
22 ou 24 février: M. Boulanger et ses compagnons, après six semaines d'attente, quittent Brest pour la Sénégambie.
27 février: Le Vavasseur débarque à Bordeaux. Mgr Poncelet, préfet apostolique de la Réunion, est mort en mer le 25 février.
9 mars: Avant le 9 mars, Le Vavasseur est à Paris.
11 mars: A propos de la réforme du séminaire du Saint-Esprit, Libermann écrit: "Nous ne consentirons pas à être des fabricants de prêtres", "nous ne laisserons pas les choses dans cet état".
15 mars: Vote de la loi Falloux sur le liberté de l'enseignement.
20 mars: Libermann se rend à Notre-Dame-du-Gard avec Le Vavasseur. Il y reste une huitaine de jours (Pâques: 31 mars).
21 mars: Les séminaristes théologiens spiritains quittent Paris pour le Gard, le séminaire de la rue des Postes restant pour le seul clergé colonial.
4 avril: Libermann annonce au cardinal préfet de la Propagande qu'il a réussi à débloquer au ministère la situation concernant la création des évêchés des colonies.
8 avril: Ecrit à M. et Mme Monnet la nouvelle et les circonstances, qu'il vient d'apprendre, de la mort de Mgr Monnet, le 1 décembre à Mayotte. Libermann commence à souffrir de la fièvre. Cela durera un mois.
12 avril: Retour de Pie IX à Rome.
14 avril: "Le cher M. Hardy nous fait de la misère... Il a traduit en justice de paix M. Warnet et M. Gauthier".
19 avril: Libermann transmet à la Propagande la demande de Mgr Bessieux et de Mgr Kobès d'ériger la Sénégambie en vicariat indépendant.
22-25 avril: Démarches à la Propagation de la Foi pour la mission de Galam (haute vallée du Sénégal).
5 mai: "Note adressée à M. Sibour, vicaire général, avec prière d'en faire connaître le contenu au conseil de l'archevêché de Paris prévenu par des idées inexactes contre la congrégation".
7 mai: M. Le Vavasseur part pour une tournée dans les séminaires de France: Metz, Nancy, Saint-Dié, Strasbourg, Besançon, Lyon, Le Puy, Viviers, Avignon, Nîmes, Toulouse, Castres, Poitiers, Bordeaux, Nantes...
12-13 mai: Libermann rédige, fait imprimer et envoie à Le Vavasseur une "Notice sur la congrégation" qu'il lui a demandée. Le Vavasseur n'en sera pas très satisfait.
15 mai: Libermann présente trois candidats pour les évêchés des colonies.
19 mai: Impressionné par les critiques entendues dans les séminaires de France contre le séminaire du Saint-Esprit, Le Vavasseur a écrit, le 16 mai, une lettre terrible à laquelle Libermann répond, le jour de la Pentecôte: "Vous proposez la dissolution du séminaire, notre retour au Gard, et l'abandon des Colonies... Ce serait une des fautes les plus graves ... que notre pauvre petite congrégation pût faire à Dieu" (N.D. 12, 198-203).
26 mai: Nouvelle indisposition: retour de la fièvre.
Fin-mai: Rédaction de deux "Notices" sur la congrégation: une de Lannurien qui ne satisfera pas Libermann, qui en refera une deuxième lui-même. Rédaction également d'une "Notice sur les colonies". Le Vavasseur en demandera une centaine de chacune.
5 juin: Libermann propose aux Jésuites de Lyon la mission de Madagascar, abandonnée du fait de la mort de Mgr Monnet.
14 juin: Nomination prochaine des évêques pour les colonies. Libermann écrit pour avoir des rapports précis sur l'état de chaque Eglise (Martinique, Guadeloupe, Réunion) à fournir aux nouveaux évêques.
Fin juin: Libermann passe dix jours dans la solitude à la maison de campagne du séminaire, à Mons-Ivry (achetée après la vente de celle de Gentilly): il travaille de huit à dix heures par jour à la rédaction d'un Mémoire pour les évêques des colonies.
27 juin: "Mémoire présenté par M. Libermann, supérieur du séminaire du Saint-Esprit, à Messeigneurs les évêques de Guadeloupe, de la Martinique et de l'Ile de la Réunion, sur l'état actuel des colonies françaises..." (N.D. 12, 245-307).
Fin juin: Nomination des évêques pour les colonies par une ordonnance du gouvernement français, non publiée au "Moniteur" parce que les bulles de Rome ne sont pas encore arrivées.
30 juin: Libermann écrit aux évêques nommés: Lacarrière (Guadeloupe), Leherpeur (Martinique), Desprez (Réunion). Leur annonce son Mémoire non terminé.
... juillet: Voyage dans l'Ouest: Saint-Brieuc, Quimper (16-18 juillet), Vannes, Rennes, pour chercher des vicaires généraux pour les évêques des colonies. N'en trouvera qu'un. A Vannes, rencontre le Père Bernard, fondateur de Thymadeuc, qu'il connaissait par lettres.
10 juillet: Le capitaine Marceau, commandant de l'"Arche d'Alliance", écrit à Libermann pour lui demander d'être arbitre dans le différent qui l'oppose à M. Marziou, du Havre, directeur de la Société de l'Océanie fondée pour aider les missionnaires.
11 juillet: Note du cardinal Antonelli demandant des informations supplémentaires et qui retarde l'érection des évêchés coloniaux.
22 juillet: Arrivée à Paris de la décision de la Propagande du 10 juillet accordant à la congrégation, selon la demande de Libermann, la pratique de la pauvreté religieuse et la suppression du second ordre institué par M. Leguay.
29 juillet: Deuxième vote de l'Assemblée (après celui du 3 mai) octroyant les crédits nécessaires pour les nouveaux évêchés coloniaux.
... août: Réunion du conseil de la congrégation au Gard (4-10 août), qui fait ensuite retraite ensemble.
25 août: Libermann vient de regagner Paris.
26 août: Mort du roi Louis-Philippe en exil.
9 septembre: De Bordeaux, départ de l'équipe de missionnaires destinée à Galam (intérieur du Sénégal) avec M. Arlabosse. Arriveront à Saint-Louis le 20 octobre et partiront pour Bakel: "C'est un essai hardi que nous faisons avec angoisse" (Libermann, 16 octobre, N.D. 12, 430).
27 septembre: "A la maison de campagne du séminaire (Mons-Ivry), où je suis pour faire un travail pressé pour les affaires des trois évêques coloniaux qui m'ont tout laissé sur les bras..." A Rome, bulles d'érection des nouveaux diocèses coloniaux.
Début octobre: Mesures contre M. Hardy qui continue ses menées...
3 octobre: Préconisation des nouveaux évêques des colonies.
5 octobre: A leur demande, Libermann adresse aux évêques des colonies un "Mémoire sur les rapports des évêques avec le pouvoir civil" (N.D. 12, 386-402).
... octobre: "Note sur l'organisation des évêchés dans les colonies remise officieusement aux deux directions des Cultes et des Colonies".
31 octobre: Dans une lettre à Mgr Kobès, puis dans une autre encore plus explicite à M. Boulanger (Gambie) du 13 novembre, Libermann souligne les dangers d'une désunion entre le Maison Mère et les missions (N.D 12, 466-468).
... M. Hardy est exclu de la congrégation.
30 novembre: A un jeune prêtre séculier du diocèse de Paris, formé au séminaire du Saint-Esprit, Libermann donne des conseils pour commencer son ministère: "Le prêtre doit être saint...; évitez de vous lancer dans les questions politiques... Soyez l'homme de tous... Fréquentez plus les pauvres que les riches, ne négligez cependant pas ceux-ci, il faut les sauver, eux aussi..., soyez cependant plus charitable et plus assidu auprès des pauvres" (N.D. 12, 480-482).
6 décembre: Le ministère de la Marine écrit à Libermann pour lui demander de participer aux travaux de la commission présidée par Mgr Parisis sur la position des nouveaux évêques des colonies. Il accepte le 7 décembre.
18 décembre: Décret du président de la République portant création des évêchés des colonies et nommant les évêques.
21 décembre: A la demande de Mgr Parisis, propose un plan pour l'organisation des aumôneries maritimes dont le supérieur du séminaire du Saint-Esprit serait responsable.

1851.
5 janvier: Consécration épiscopale des trois évêques des colonies: Mgr Desprez (Réunion) à Cambrai; Mgr Leherpeur (Martinique) à Bayeux; Mgr Lacarrière (Guadeloupe) à Aurillac.
12 janvier: Annonce au Père Maillard, provincial des Jésuites de Lyon, que la Propagande va leur confier la mission de Madagascar.
21 janvier: Fait le point sur la situation: "Le séminaire du Saint-Esprit est remis; il y règne un bon esprit." "Nous avons maintenant au Gard 32 élèves et 11 novices".
22 janvier: Libermann part pour un long voyage en Alsace.
30 janvier: Mort tragique de M. Hardy devant le séminaire du Saint-Esprit, écrasé par une voiture. Libermann quitte Strasbourg, est retenu à Mayence par des connaissances, ce qui l'oblige à passer une journée à Cologne avant de continuer son voyage de retour.
1er février: Mort du capitaine Marceau, avant l'arbitrage demandé (Voir cet arbitrage dans N.D. 13, 613-624).
3 février: Arrive à N.-D. du Gard. De retour à Paris le 5 février. Est très occupé par les derniers préparatifs pour le départ des évêques des colonies.
14 février: Annonce au Père Collin (La Réunion) qu'il lui envoie le Père François, son secrétaire, qui a "une envie démesurée d'aller en mission".
... février: Se rend rapidement à Amiens pour rencontrer la supérieure des soeurs de Castres.
22-24 février: Importante série de quatre lettres écrites aux missionnaires de l'île Maurice (Thiersé, Lambert, Baud, Laval): insistance de Libermann sur la vie religieuse, la fidélité aux Règles et à la communauté dans les tourbillons du ministère apostolique.
27 février: L'AMI DE LA RELIGION publie la circulaire que les trois évêques des colonies adressent aux évêques de France au moment de rejoindre leurs diocèses.
6 mars: Mgr Desprez quitte Lorient pour la Réunion à bord du "Cassini".
9 mars: Libermann se rend au Gard où il reste jusqu'au 14 avril (Pâques: 20 avril). Il y fait sa retraite, se repose, donne des conférences aux novices et aux frères.
14 mars: Mgr Leherpeur et Mgr Lacarrière embarquent pour les Antilles à bord de la "Fortune".
18 mars: Libermann envoie aux frères de la Réunion, admis et novices, la "Règle des Frères" qui vient d'être imprimée (Paris, Imprimerie Adrien Le Clère et Cie, 1851; N.D. 11, 487...). Au Père Collin, il avait écrit le 14 février: "Comme vous pouvez les utiliser [les Frères] à la gloire de Dieu par les catéchismes et instruction, pourquoi ne pas le faire? Il faut prendre garde de les considérer comme des domestiques, il vaudrait mieux n'avoir pas de Frères" (N.D. 12, 33).
23-27 mars: Lettres à Mgr Donnet et à M. Gravière annonçant la décision de fermer la maison de Bordeaux.
28 mars: Libermann se rend à Dunkerque voir ses nièces, religieuses du Louvencourt: Soeur Saint-Léopold (Pauline) et Soeur Sainte-Agnès (Caroline). Il y reste deux jours.
14 avril: A partir de son retour à Paris, lundi saint 14 avril, Libermann se met à écrire ses "Instructions aux Missionnaires. MM. Chevalier et Logier, rentrant malades d'Afrique, arrivent en France.
24 avril: En raison des bontés de Mgr Donnet pour la congrégation, Libermann renonce pour le moment à la fermeture de la communauté de Bordeaux. Présentation au Conseil supérieur ecclésiastique du texte de l'arbitrage Marceau-Marziou, par Libermann, dans le différent de la Société de l'Océanie.
20-27 avril: Dans la semaine de Pâques, MM. Thoulouze, Guilmin et Guyodo s'embarquent pour Cayenne.
24 avril: M. Warlop, malade, quitte Dakar pour l'Europe.
26 avril - 3 mai: A Mgr Kobès, lettre d'une extrême importance par sa longueur (huit matinées pour sa rédaction, dit Libermann; N.D.13, 101-119) et par son contenu: il prend la défense de Schwindenhammer, violemment critiqué par les missionnaires, et répond à plusieurs craintes exprimées par eux sur le terrain.
2 mai: Au supérieur du séminaire de La Roche (Savoie), Libermann écrit que ses sept candidats pour le séminaire du Saint-Esprit sont bien arrivés (ils ses sont décidés à la lecture de la circulaire des trois évêques des colonies).
4 mai: Dans une lettre de direction spirituelle à son neveu François-Xavier (21 ans) qui est au Gard. témoignage de Libermann sur sa vie d'oraison dans les débuts de son séminaire et conseil qu'il en tire pour un débutant par rapport aux manuels d'oraison (N.D. 13, 130-137).
6 mai: A M. Logier, rentré malade d'Afrique, lettre sur l'apostolat du missionnaire malade qui ne peut plus faire de ministère.
8-10 mai: Dans une lettre à M Lairé (8 mai) et dans une autre à M. Duret (10 mai) arrivant tous les deux à Grand-Bassam pour la fondation d'une nouvelle mission, un condensé de l'essentiel de ce que Libermann est en train de rédiger dans ses "Instructions aux Missionnaires".
30 mai: Dans une lettre à Dom Salier (à la chartreuse de Montrieux, dans le sud de la France) lui proposant une oeuvre, Libermann définit le genre d'oeuvres que la congrégation pourrait accepter, après les missions (prioritaires): prédications dans les paroisses rurales, oeuvres d'ouvriers et de pauvres, retraites à huis clos. Dans tous les cas: oeuvres extra-paroissiales.
31 mai: Libermann examine la possibilité pour l'avenir de prendre le noviciat près de lui à Paris.
5 juin: Ecrit à Mgr Collier (Ile Maurice) qu'il est prêt à entreprendre la mission des Seychelles comme l'évêque le lui a proposé lors de son passage à Paris.
15 juillet: Mort de la Mère Javouhey, à Paris. Intervention de Libermann en vue de conserver l'union dans la congrégation des Soeurs de Saint-Joseph-de- Cluny.
31 juillet: Mgr Collier (Ile Maurice) écrit à Libermann qu'il renonce à lui confier la mission des Seychelles en raison des difficultés faites par le gouvernement anglais aux missionnaires français.
... août-septembre: M. Gauthier en voyage à Rome.
7 septembre: Rapport de Libermann à la Propagande sur les intentions du gouvernement français de demander l'érection de ceux vicariats apostoliques, à Cayenne et au Sénégal (Saint-Louis). Apprend le décès du Père Thoulouze à Cayenne, le 16 juillet.
20 septembre: Dernier Conseil à N.D. du Gard, d'une série où furent examinés les moyens de renforcer, par le pratique de la Règle et de la vie commune, l'union des communautés éloignées de la Maison-Mère. Fin septembre: Arrivée de Mgr Bessieux à Paris, pour raison de santé.
17 octobre: "Nous avons tenu ces jours derniers conseils sur conseils avec Mgr Bessieux. Nous avons passé en revue et la Guinée et Castres et le Gard, etc, etc."
21 octobre: Lettre à M. Gravière pour le règlement de la maison de Bordeaux que l'on a finalement décidé de garder.
1 novembre: Lettre à Mgr Kobès: réflexion de fond sur les difficultés de l'évangélisation de l'Afrique. Dieu "semble évidemment vouloir que nous sauvions ce pays plutôt par notre propre sanctification que par notre zèle... S'ils [les missionnaires] sont de saints religieux, ils sauveront des âmes: s'ils ne le sont pas, il ne seront rien..." (N.D. 13, 354-355).
5 novembre: Libermann propose de réunir la préfecture spiritaine de Pontdichery au vicariat du même nom confié aux Missions Etrangères.
20 novembre: Libermann vient d'apprendre la mort de M. Arlabosse (mort à l'hôpital de Saint-Louis, le 15 septembre 1851). "M. Arlabosse est le douzième missionnaire qu'il a plu à Dieu de nous enlever sur les côtes d'Afrique..."
Premières manifestations de la dernière maladie de Libermann.
2 décembre: Coup d'Etat de Louis Napoléon Bonaparte. Le jour même, Libermann part au Gard pour rassurer tout le monde. Il est obligé de garder le lit presque toujours.
10 décembre: Vers le 10 décembre, Mgr Bessieux part à Rome en visite.
26 décembre: Libermann rentre à Paris. Il s'alite pour ne plus se relever.

1852.
7 janvier: Le Vavasseur informe le Dr Libermann de l'état inquiétant de la santé de son frère. Il vient aussitôt à Paris.
19 janvier: Libermann fait son testament.
26 janvier: Après consultation du médecin traitant, Le Vavasseur annonce à Libermann: "Dieu, mon bon Père, vous appelle. Dieu soit béni!" Derniers sacrements. Le Vavasseur lui demande de se prononcer sur son successeur à la tête de la congrégation. Il demande deux jours de réflexion.
27,28,30 janvier: Visites de M. Desgenettes, un des rares visiteurs qu'on laisse entrer auprès de lui.
27 janvier: Le Père Schwindenhammer arrive du Gard.
28 janvier: Pour la succession, Libermann, en présence de Le Vavasseur et de Schwindenhammer, déclare à ce dernier: "C'est vous, je crois, qui devez vous sacrifier".
30 janvier: A 6 h du matin, à la demande de Libermann, on récite les prières des agonisants. Dans la soirée, dernières recommandations de Libermann: "Etre fervents, fervents, toujours fervents... et surtout la charité. Charité en Jésus-Christ, par Jésus-Christ, au nom de Jésus-Christ... Ferveur, Charité, Union en Jésus-Christ". A la communauté: "Je vous vois pour la dernière fois, je suis heureux de vous voir... Sacrifiez-vous pour Jésus, pour Jésus seul... Dieu, c'est tout. L'homme n'est rien. Esprit de sacrifice, zèle pour la gloire de Dieu et les âmes".
1er février: Dimanche. Fête patronale de l'archiconfrérie, M. Schwindenhammer et la communauté se rendent à Notre-Dame des Victoires.
2 février: A 15h 45, mort de Libermann pendant que la communauté chantait le MAGNIFICAT des vêpres de la Purification, au verset "Et exultavit humiles". On lui ferme les yeux pendant le Gloria Patri.
3 février: L'abbé de Ségur vient faire le portrait du défunt, avant l'autopsie.
4 février: A 9h, obsèques dans la chapelle du séminaire, présidées par M. Desgenettes.
5 février: Au matin, inhumation dans le cimetière de la communauté du Gard.
26 juillet 1865: Le corps de Libermann est transféré à Chevilly (B.G. 4, 235-238; 664-666).
Nouvelle châsse (B.G. 5, 266, 270, 273).
4 juillet 1967: Transféré à la chapelle de la rue Lhomond, Maison-Mère, Paris (Bulletin de la Province de France, août-octobre 1967).

BEATIFICATION...?
1856 (?): Mgr Luquet retiré à la communauté de Rome, rédige un projet de supplique pour la béatification de Libermann (B.G. 1, 433; voir aussi 5, 577).
1 juin 1876: Pie IX signe le décret d'introduction de la cause en vue de la béatification.
27 mai 1886: Décret signé de Léon XIII approuvant les Ecrits de Libermann (B.G. 14, 1-6). "Il est rare que l'examen aboutisse à un résultat aussi favorable".
13 janvier 1887: Léon XIII signe le décret "De non-culte" (B.G. 14, 33-39).
19 juin 1910: Pie X proclame l'héroïcité des vertus de Libermann et le déclare "Vénérable" (B.G. 25, 555-561).
6 mars 1984: Le Conseil général reconfirme Mgr A. LOPES DE MOURA comme Postulateur du Père Libermann (D/4/84).
16 avril 1886: Lettre conjointe du Supérieur général et de Mgr Lopes de Moura à tous les Supérieurs de circonscriptions.
A suivre...!

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