Le Frère André Marie Fernand LICHTLE

Né : le 15/09/49 à Soultzmatt (68);
Profès : le 6 /09 75 à Montigny/Corneille
Vœux perpétuels: 03/01/82 à Soultzmatt;
Décès: 22/09/ 2015 à la Maison Jeanne Garnier(75015)

AFFECTATIONS :
GABON:
Lambaréné (72-74; Atelier); b>FRANCE:
Chevilly (75-76; Stage); Neufgrange (76-78); GABON: Mouila (78-79; Aide à l'évêché); Oyem (79-84; Aide-Procure); Bitam (84-91; Menuiserie-constructions); FRANCE: <§b>Piré (1991-1996; Econome); RCA: Mbaïki (1996-1998; Procure diocésaine); Bangui (1998-2004; Econome PAC); FRANCE: Chevilly (2005-2015)

"Et maintenant on va où?" interroge Dédé sur son lit d'hôpital, comme pour dire que ce n'est jamais fini. Pour Dédé, ça a commencé avec son père Antoine pour qui, ce rêve d'être Père Blanc en Afrique est stoppé par une tuberculose dont il se remettra. "Si ce n'est moi, ce sera mon fils!". André ira au petit séminaire des Pères Blancs à Altkirch, mais il peine dans les études. On le réoriente vers une section professionnelle, à Neufgrange chez les spiritains. Là, notre gaucher contrarié trouve sa voie et il accumule les CAP, à Neufgrange, puis à Piré et au château des Vaux (serrurerie, soudure, électricité, installation sanitaire, mécanique, bâtiment). Il possède tout ce qu'il faut pour l'Afrique, mais il continue à se former et à s'initier aux nouvelles techniques. La construction ne lui fait pas peur, ni la comptabilité, ni l'informatique. En coopération au Gabon, avec Alain Rouquet ils remettent en route la mission de Lambaréné. Il prend le virus et retourne au Gabon pour 15 ans: constructions de cathédrale, d'églises, du Grand-séminaire, de chantiers forestiers, de stations-essence; il initie des jeunes aux métiers manuels et fournit les Missions. Dédé est compétent en bien des domaines et personne ne doit lui marcher sur les pieds, qu'il soit prêtre, évêque ou supérieur: "chacun à sa place" leur rappelle-t-il.
Puis c'est l'économat à Piré-sur-Seiche, avant un nouveau départ comme procureur en Centrafrique.
Retour à Chevilly-Larue pour faire tourner la baraque: de l'ampoule à changer à la chaufferie, des mises aux normes au suivi des travaux… Dédé ne chôme pas, toujours accompagné de son copain musulman Kader.
Les derniers temps, Dédé se découvre une âme d'artiste. Il se lance alors dans des créations, pas toujours utilitaires. Un peu partout dans la maison ou le parc de Chevilly des sculptures, métalliques ou en bois, des tables et des chaises sont sorties de son imagination. Sa dernière réalisation aura été l'exposition d'outils des frères spiritains, pour le jubilé des 150 ans de Chevilly. Un succès !
En janvier dernier, le cancer s'est déclaré, confirmé par les médecins en mars. Les soins ont été vains. Dédé y a cru, jusqu'à ce que je lui explique, en septembre, qu'il lui fallait passer par l'ultime combat. Lui, chez qui le travail, le sens pratique et la curiosité étaient sa prière, a accueilli avec plus ou moins de bonne grâce ceux et celles qui venaient lui prodiguer des conseils. C'est souvent dans le silence que nous vivons quelque chose de l'essentiel. Mon frère aîné est donc parti dans la nuit, convaincu que ce Dieu qu'il avait servi à sa façon, tout au long de sa vie, ne le laisserait pas tomber<. "Et maintenant on va où?" "On continue!"
Frantz LICHTLE
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