Père Marcel MADER
de GUEMAR (Haut-Rhin).
le PATRIARCHE D'OBOUT (Cameroun)


TROIS mois exactement après son rapatriement sanitaire, et un mois jour pour jour après la mort du P. Marcel GRIMM qui l'avait accompagné à Strasbourg, le Père Marcel MADER nous a quittés lui aussi, le 2 juillet 1975, après une vie missionnaire bien remplie et marquée du signe de la stabilité. Ne l'ayant connu moimême que lors de mes passages a Obout et durant ses quelques semaines d'hospitalisation, j'ai demandé au P. Jan STAS de Mbalmayo, qui a vécu de longues années avec lui, de partager avec nous ses souvenirs.

" Le P. MADER est arrivé au Cameroun en septembre 1927 et il fut envoyé à Minlaba, où le Père PICHON était supérieur. Il était à bonne école. En quelques mois il connaissait assez de langue pour le ministère, et à partir de ce moment il commença ses tournées de brousse pour mieux connaître les gens, leurs habitudes, leurs difficultés, leurs manières de vivre, etc... Il se déplaçait souvent à cheval, sur son compagnon " Hop " .

En 1928 il fut chargé de la région d'Obout pour y préparer la fondation d'une nouvelle mission. Le premier registre de baptême date de novembre 1929. A partir de ce moment le P. Mader a commencé à construire sa mission : maison, dépendances, écoles, etc... L'église fut consacrée en 1938. La maison des Soeurs, le nouveau dispensaire et la maison d'accueil furent construits après; mais même pendant le temps des constructions, les tournées de brousse continuaient, souvent avec la moto BSA, s'il pouvait l'utiliser, et autrement à pied. Pendant la guerre, il avait acheté une petite Opel d'occasion.

Les difficultés ne manquaient pas. Comme le Père Pichon à Minlaba, le Père Mader a défendu ses chrétiens à Obout contre les exactions de certains administrateurs, qui forçaient les gens, même les femmes, pour travailler au chemin de fer ou aux routes. Il les défendait aussi contre les abus de certains chefs. Il ne supportait jamais les injustices, de qui que ce soit.

Jusqu'à l'arrivée des premières Soeurs en 1950, le Père tenait un dispensaire depuis le début de la mission. Soeur Céline de Minlaba lui avait appris comment soigner les malades, et à son tour il a formé plusieurs aides-infirmiers. De partout les malades venaient chercher ses " toniques " qui étaient réputés. Très souvent, avant de donner de nouveaux médicaments aux malades, il les expérimentait sur lui-mème.

Tout le monde connaît l'hospitalité du Père. Pendant plus de quinze ans, les Frères spiritains sont allés faire leur retraite annuelle à Obout, où ils étaient bien reçus et bien soignés. A cause de son âge et depuis qu'il restait seul à la mission, il a demandé, à grand regret, d'envoyer les Frères dans une autre mission pour faire leur retraite.

Jusqu'au début de cette année, même pendant les années de solitude; le Père Mader partait régulièrement en tournée de brousse après avoir assuré la messe à la mission.

Depuis plus d'un an, la vue commençait à baisser. On lui a conseillé plusieurs fois de rentrer en congé, mais chaque fois il trouvait une nouvelle excuse pour retarder son retour. Au mois de mars il commençait à perdre la mémoire. On a enfin réussi à l'amener à l'Hôpital central de Yaoundé, le samedi avant le dimanche des Rameaux. Après Pâques, le P. Marcel GRIMM a fait le voyage avec lui jusqu'à l'Hôpital de Strasbourg. Il était atteint d'hémiplégie et reconnaissait a peine ses visiteurs. Le 2 juillet au soir il s'est éteint doucement. "
Jan STAS

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