Père Etienne MAISONGROSSE
Décédé à Lourdes (65) le 25 août 2001, âgé de 81 ans.

Né : 03.12.19, Ger (65) ; Profès : 07.09.39, Orly. Prêtre : 04.06.44, Chevilly.
AFFECTATIONS : Indochine (45-48 : aumônier militaire) ;
MADAGASCAR : Maroantsetra (49-56) ; Vavatenina (56-63) ; Antalaha (63-64); Amboangibe (64-69) ; Ambohitralanana (69-93).
FRANCE : Chevilly (93-94) ; Lourdes (94-01)


Le P. Etienne Maisongrosse s'en est allé. Avec lui disparaît une figure qui n'aura laissé personne indifférent : partout où il a vécu, il a imprimé sa marque.

Sa stature, sa carrure, son large béret basque, sa jambe raide…Qui l'a vu sur sa moto bricolée pour étendre cette jambe indocile garde en mémoire l'image de quelqu'un qui n'entendait pas se laisser vaincre par l'adversité ; l'image d'un battant, ne refusant jamais l'effort pour assumer son état et s'en sortir seul le plus possible sans gêner les autres.

Etienne était l'homme du grand air ou du grand large. A Ambohitralanana, un lieu qu'il s'était choisi, il se sentait dans son domaine. Sa maison, construite selon ses plans, avec une salle sans portes, ouverte sur le dehors, était facilement accessible. Sa parfaite connaissance de la langue malgache et des coutumes lui rendait facile le contact avec les gens. Beaucoup de ceux qui l'ont approché gardent de lui un souvenir admiratif et reconnaissant pour son accueil, sa conversation, son humour, son excellente cuisine. Il y avait en lui du pionnier, de l'explorateur mais aussi du solitaire méditatif, ayant ses idées, ses convictions, ses humeurs, ses sympathies, voire ses préjugés.

Je crois savoir qu'il s'est fait prêtre "par obéissance" car il aurait préféré être frère, et il était plus à l'aise dans les travaux manuels, sur un chantier, dans une rizière, sur un bateau, que dans la recherche intellectuelle. Il était cependant curieux de tout ; il lisait beaucoup. Ce ne fut jamais un "prédicateur" ni un grand liturgiste, mais il témoignait et rayonnait autrement et il s'est fait une quantité d'amis (coopérants, botanistes, chercheurs, vacanciers, légionnaires) à qui au besoin il savait dire ce qu'il pensait.

Il aurait sûrement souhaité mourir sur place, mais il aura connu la joie de retrouver son terroir pyrénéen qu'il affectionnait et qui l'avait façonné : il reconnaissait cette chance d'être près de sa famille qui l'a entouré et veillé sur lui.

Etienne gardait quelque chose du rocher massif de la haute montagne, quelque chose du berger pyrénéen, les pieds sur terre, insensible aux intempéries, allant, avec sa jambe lancée en avant, au pas de sa foi lourdaise, solide et simple.
Gérard Carron