Le Père Yves de La Maisonneuve,
1893-1954.


Le Père Yves Pougin de la Maisonneuve naquit le 7 mai 1913 à Quimper où son père était commandant au 113' R.I.

A l'âge de cinq ans, l'enfant suivit ses parents à Rennes, où il fit ses études au collège St-Vincent ; il y suivit ses frères, car sa famille voulait assurer à tous ses enfants une solide formation religieuse. A sa sortie du collège, le supérieur donna de son élève le témoignage suivant : " C'est un jeune homme très pieux, d'une conduite excellente, réservé et un peu sauvage à cause de sa timidité qui lui enlève beaucoup de confiance en lui-même. C'est à cause de cela, je crois, qu'il a échoué à ses examens du baccalauréat, où d'autres auraient réussi avec l'intelligence et le travail qu'il a donnés. Les échecs ont encore augmenté sa timidité et attristé un peu son caractère qui est pourtant excellent. La famille est bonne et très chrétienne ; il a sept frères qui sont - ou ont été - élèves de notre collège. Les deux aînés sont à Saint-Cyr. Le père était commandant d'infanterie et vient de prendre sa retraite, n'espérant pas d'avancement avec les idées du jour."

Yves de la Maisonneuve entra au noviciat de Chevilly le 18 octobre 1912, il allait avoir vingt ans. Il eut pour maître le Père Lithard. Il était parfaitement disposé : " L'année de ma première communion, Dieu a frappé à la porte de mon cœur et m'a dit : "Tu seras missionnaire". Devant la volonté de divin Maître je me suis incliné. Au milieu de mes infidélités sans nombre, Dieu a toujours fait entendre sa voix, et j'ai toujours répondu : Je serai missionnaire. Il y a dix-huit mois, durant une retraite de fin d'études, votre congrégation me fut indiquée, et quelques semaines après j'avais le bonheur d'y être admis. Certes l'idée d'être religieux ne m'était jamais venue, mais peu à peu, durant le noviciat, j'ai goûté la vie de religieux et je m'y suis senti appelé." Il ajoutait : " Peut-être en me recevant, recevrez-vous un pauvre être ; mais je suis résolu àvivre en parfait religieux ; je veux travailler chaque jour à ma sanctification, afin de monter à l'autel le cœur pur et détaché de tout ce qui est terrestre... La guerre survint et retarda l'ordination. En 1913, Yves avait été ajourné au service militaire, puis exempté en novembre 1914 ; enfin repris et incorporé le 20 août 1916. Affecté au 10' escadron du train, à Fougères, il fut envoyé au front le 17 janvier 1917, mais toujours employé comme secrétaire dans les bureaux.

Libéré le 26 août 1919, il rentre aussitôt au scolasticat, est ordonné prêtre à Chevilly le 28 octobre 1920, et fait sa consécration à l'apostolat le 9 juillet 1921. Destiné à La Guinée française, diocèse de Conakry, son ministère s'exercera dans le secteur de la Haute-Guinée (qui devint la Préfecture apostolique de Kankan en 1950).

Dès son arrivée en Guinée, Mgr Lerouge l'affecte à la mission de Mongo : à 300 kilomètres au sud de Kankan, Kankan étant à 1.000 km de Conakry par la voie ferrée. Il y est accueillie par le Père Laplagne qui est arrivé en Guinée en 1903. La mission de Mongo comptait en 1922 : 321 chrétiens et 757 catéchumènes. Dans les trois années suivantes on enregistrait 309 baptêmes, 95 confirmations et 45 mariages. En 1930, le Bulletin général de la Congrégation reconnaissait que "la mission de Mongo était peut-être la mission de Guinée où les résultats étaient les plus palpables. Les grands chefs du pays nous sont absolument dévoués, etc... "

Durant son congé en France en 1928 et 1929, la congrégation demanda au P. de la Maisonneuve de se mettre en rapport avec le cardinal Charost, archevêque de Rennes, pour l'ouverture d'une école apostolique dans la paroisse de Piré-sur-Seiche. Pour bien montrer sa bienveillance aux spiritains, le cardinal nomma le P. de la Maisonneuve membre du Synode diocésain qui se tint à Rennes en août 1929.

A son retour en Guinée en 1930, le Père prit la direction de la mission de Mongo jusqu'en 1938, puis celle de Brouadou, près de Kissidougou, de 1938 à 1941. Il prend ensuite la direction de la misSion de Kankan jusqu'en 1948. Revenu à Mongo, c'est là qu'il trouva la mort le 22 septembre 1954. Voici dans quelles circonstances : " Le 15 septembre, après sa messe, le Père décide de se rendre dans un village voisin et d'y passer la journée. Il selle son cheval qui paraît assez nerveux depuis quelques jours. Comme il lui passait les brides, le cheval qui avait la tête baissée, la soulève brusquement et lui donne un violent coup de tête. Le Père traverse la cour et vient s'asseoir sur le perron en se tenant la tête. Il s'étend ensuite sur son lit, demande de la glace, et toute la matinée en maintient sur son front et sur sa nuque. A 20 heures arrivent de Guéckédou, le Père Corbat et le médecin. Diagnostic assez sombre. Le malade est dans le coma. Le médecin et son infirmier s'installent au chevet du malade. Les Pères veillent aussi et, au milieu de la nuit, le P. Corbat administre l'extrême-onction à son confrère. Durant toute la semaine, le malade ne sortit guère de son coma. De temps en temps il ouvrait les yeux, demandait un confrère ou répétait les prières en kissien et spécialement l'acte de contrition. Il s'éteignit dans un souffle au matin du 22 septembre. Les obsèques eurent lieu le lendemain, avec la présence du Préfet apostolique, du Père Pajot et du Père Laplagne venus de Kankan. C'est à la tombe du P. de la Maisonneuve que désormais les chrétiens de Mongo célèbrent la Toussaint et prient pour leurs défunts.

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