Mgr Michel MAITRE, évêque de Bambari
décédé à Paris - maison mère, le 29 février 1996, âgé de 67 ans
inhumé à Chevilly, le 4 mars


Né : 03.04.28, Colobier- Fontaine (25). Profès : 08.09.48, Cellule. Prêtre : 04.10.53, Chevilly. Evêque : 27.09.81, Bambari.
AFFECTATIONS - République Centrafricaine : Bangui, cathédrale, vicaire (54-59) ; La Kouanga (59-61) Bambari, curé de N.D. des Victoires (61-68) ; curé de St-Joseph, vicaire général (68-78) administrateur apostolique (78-81) ; premier évêque de Bambari (81-96).

Michel Maître est né dans le foyer d'un industriel franc-comtois qui dirigeait une fonderie. La famille était profondément chrétienne et engagée : M. Maître avait même construit l'église et le presbytère. L'enfant a ressenti assez tôt un attrait certain pour le sacerdoce missionnaire. La rencontre, en 1942, de Paul Bureth,. spiritain, a orienté ses aspirations vers la congrégation.

Il arrive en 1954 en Oubangui-Chari, déjà formé par la pratique assidue des patronages et des colonies de vacances. Plus mûr que ne laisseraient paraître un regard et un sourire presque enfantins, une répartie joyeuse, il avait l'esprit clair et droit, la plume précise. Depuis la cathédrale de Bangui, il s'occupe de l'Ecole de commerce. Beaucoup de cadres actuels en RCA l'ont alors connu comme aumônier, ainsi qu'à la Kouanga où il fondera le mouvement des Foyers chrétiens.

En 1961, Mgr Cucherousset l'affecte à Bambari. Dès cette époque, démarra avec son appui l'animation rurale pour la promotion humaine, grâce à Sr Maria et aux Sœurs de la Charité d'Angers.

En 1965, par division du diocèse de Bangui, fut créé le diocèse de Bambari. Son histoire eut plusieurs épisodes, faute de structures et d'un candidat à l'épiscopat. L'archevêque de Bangui (successi­vement Mgr Cucherousset et Mgr N’Dayen) était administrateur apostolique ; en 1968, Michel Maître devenait Vicaire général. Dès 1970, l'organisation était suffisante pour un fonctionnement effectif du diocèse. Le Père avait la pleine confiance des archevêques : il a pratiquement dirigé I’Eglise de Bambari, créant le tissu de l'unité diocésaine. C'est avec beaucoup d'hésitations qu'en 1978 il a accepté de devenir autonome : administrateur, mais non pas évêque, dans l'espoir qu'un Africain se trouverait sans tarder pour le siège toujours vacant. Finalement, en 1981, après avoir été pendant treize ans à la tête du diocèse, il en devenait l'évêque, le premier évêque.

Durant tout le temps de son épiscopat, il s'est efforcé de provoquer et d'accompagner le développement de la chrétienté. L'espoir venait de la relève dans le pays. L'évêque a favorisé, autant qu'il l'a pu, l'éclosion des vocations. Au début, il n'y avait aucun prêtre diocésain ; aujourd'hui, ils sont une quinzaine. Parmi eux, Mgr Rembanga, devenu son coadjuteur, assurait l'avenir. Bambari lui doit sa cathédrale : il en avait dessiné le plan et suivi la construction. car il savait travailler de ses mains, et guider le travail des autres.

Ces dernières années, ses forces déclinaient, mais des malaises divers, qui provoquaient des interventions bénignes, ne laissaient pas prévoir le dénouement soudain, brutal, au matin du 29 février.

Sans m'étendre sur l'émotion de ses amis, je voudrais relever un geste hautement symbolique de la famille de Mgr MaÎtre : venu en France pour un court séjour, il n'avait évidemment rien apporté et il ne laissait rien aux siens. Sauf son anneau pastoral et sa croix pectorale. Ses frères et sœurs ont insisté pour que l'un et l'autre fussent remis à Mgr Rembanga, présent aux funérailles, de façon à marquer leur unité avec le diocèse de Bambari. Or, ces insignes lui étaient venus de Mgr Cucherousset, et par delà, du pape Paul VI, à l'issue de Vatican II : passant de mains en mains, ils expriment la communion et la continuité du service dans l'Eglise.

On a souligné quelques aspects caractéristiques de la person­nalité de Mgr MaÎtre. En vrac : sa simplicité, par exemple à l'égard du décorum. Dans tout ce texte nous disons "Père" ou "Monseigneur": peut-être eût-il préféré être désigné uniquement par son prénom, Michel. "Car, disait-il, le nom de baptême est le plus beau ; fût-on devenu évêque, il ne faut l'affubler d'aucun qualificatif". Son accueil, tout particulièrement envers ces collaborateurs momentanés que sont les "coopérants". Son souci d'enraciner l'Eglise et de se porter vers les plus démunis. Son humilité attentive et sa ténacité dans l’œuvre commencée... En évêque, il a dû, il a voulu manifester le Christ présent au milieu de son peuple. Hélas ! veiller, encourager, corriger, ce rôle pastoral urgent peut susciter des conflits et parfois des rudesses. Dans la tempête, il s'en remettait à la bonté divine.

Son attachement à la Congrégation est sans doute un de ses traits les plus marquants. L'esprit de famille le liait, à des degrés divers, mais dans une analogie profonde, à ses frères, sœurs, neveux, à ses confrères spiritains, au peuple chrétien à lui confié et dont il se savait le "Père en Dieu". Repris de Otto van der BRINK et de Pierre GASCHY

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