Le Père Louis Malessard,
décédé à Douala, le 11 mars 1922,
à l’âge de 48 ans.


Louis Malessard, du diocèse de Saint-Claude, naquit le 24 novembre 1873. Il commença ses études un peu tardivement et, pressé par l’âge, il dut se hâter pour arriver au sacerdoce avant d’avoir atteint ses vingt six ans et bénéficier par là de l’exemption de deux années de service militaire : il entra au grand séminaire de Lons-le-Saunier en octobre 1895, son année de service achevée.

Après deux années de théologie, il arriva au noviciat d’Orly le 5 février 1898. Il fit ses premiers vœux le 18 février 1899 et à la consécration à l’apostolat, en juillet 1900, il fut destiné au Congo français.

Son premier poste fut celui d’économe à Brazzaville : il y resta trois ans. De Brazzaville, il passa à Sainte-Radegonde, dans la Basse-Alima et, à son avis, il s’y bonifia « comme tout bon vin du Jura ». L’œuvre des catéchistes retint tous ses soins, libre qu’il était de tout souci du côté des installations de la mission. Mais sa santé fut bientôt compromise ; il rentra en France en octobre 1906 et, pendant qu’il regagnait la mère-patrie, les bâtiments de Sainte-Radegonde, élevés au prix de tant de peines, quatre ans auparavant, étaient détruits par un incendie allumé par la foudre.

Le P. Malessard se reposa à Fribourg, se soigna à Vichy et, après seize mois passés en France, reprit le chemin de l’Afrique (février 1908). Pour un temps, il retrouva Sainte-Radegonde, mais les épreuves de la station, tant au point de vue du matériel que du personnel, engagèrent à la suspendre et les pères qui l’occupaient montèrent à Saint-François Xavier, dans la Moyenne Alima, et lorsque Mbétou fut fondé en 1910, le P Malessard passa à Liranga. La région était ravagée par la maladie du sommeil, par suite dépeuplée ; les efforts des missionnaires ne donnaient pas grand résultat. Mais la consigne était de tenir. En 1912, une nouvelle résidence fut projetée sur l’Oubangui, à Impfondo : le P. Malessard en fut chargé, mais au bout d’un an, il dut pour la seconde fois rentrer en France (janvier 1914).

La guerre l’y surprit : il fut mobilisé et affecté à la septième section d’infirmiers, à Dôle. En août 1916 il fut mis en sursis d’appel, et envoyé au Cameroun avec six autres pères au secours des cinq qui ayant fait la campagne dans cette colonie, venaient, les hostilités cessant, d’être mis hors cadres et chargés des chrétiens que le départ des missionnaires allemands laissaient sans pasteurs. Ainsi commença le ministère de la congrégation au Cameroun.

Le P. Malessard eut pour sa part le district de Yaoundé. Le Gouvernement français reconnaissait le dévouement du missionnaire en le nommant chevalier de l’Étoile Noire (juillet 1920) et, peu après, la Congrégation de la Propagande le nommait administrateur apostolique (septembre 1920).

Il a rempli cette fonction pendant quinze mois. Nous n’oserions apprécier son action pendant ce court laps de temps, au lendemain même de sa mort. Mais il traça tout de suite son programme : réorganiser le vicariat et, à cette fin, obtenir de Rome un statut définitif qui permît de réclamer la main levée du séquestre sur les immeubles de la mission et par là assurer l’avenir ; transporter ailleurs le siège de quelques stations abandonnées par suite des migrations de la population ; réoccuper les postes anciennement établis et en fonder de nouveaux pour arrêter l’invasion des musulmans et des protestants, obtenir des sœurs pour l’éducation des jeunes filles.

Dans ses rapports de 1921, il portait le nombre des catholiques à soixante quinze mille environ et estimait pour l’année les conversions d’infidèles à plus de seize mille. Les catéchistes étant au nombre de neuf cent quatre vingt huit et instruisaient quarante et un mille trois cent catéchumènes. Enfin, cette même année fut commencé, avec quatre élèves, un petit séminaire de la mission.

Le travail que suppose un pareil accroissement des œuvres épuisa le P. Malessard.

Le 25 février, il rentra à Douala d’une tournée à l’intérieur ; malgré la fatigue, il tint à chanter la grand’messe et à prêcher le lendemain, dimanche. Aussitôt, il fut pris de fièvre, bénigne d’abord qui, deux jours après, se compliqua d’hématurie, puis d’albuminurie. Les soins prodigués à l’hôpital, dès que la gravité de la maladie eut été reconnue, n’eurent pas raison du mal ; le 9 mars, le père fit sa confession générale en pleine connaissance, reçut les derniers sacrements et, le samedi 11 mars à midi, il rendit son âme à Dieu. -
BG, t. 30, p. 634.

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