Le Père Louis Mancel, 1911-1982.

Il était né à Moyon, le 24 août 1911, dans une famille de 17 enfants, une bonne dizaine d'entre eux assistèrent à l'enterrement de leur frère. Il fit profession à Neufgrange le 8 septembre 1931 et fut ordonné prêtre le 29 septembre 1938.

Les postes que le P. Mancel occupa furent variés : ministère paroissial dans le diocèse de Meaux pendant 3 ans, 5 ans à Madagascar dans le diocèse de Majunga, 1 an à Allex, 8 ans dans les Œuvres d'Auteuil (Malepeyre et Blanquefort), enfin 19 ans à la Réunion. Le Père parlait peu de son action en Europe. mais il s'étendait volontiers sur sa vie àMadagascar. Son désir a été toujours de passer ses congés dans la grande île.

Son port d'attache restait la Réunion, et dans cette île, le Grand Ilet. Ce bourg très étendu dans la montagne volcanique, au fond d'un cirque tourmenté, n'était pas désenclavé comme aujourd'hui. A l'arrivée du Père en 1963, on utilisait la chaise à porteur. Il ne s'en servit jamais. La marche durant des heures, le long des sentiers impossibles et des dénivellations importantes, ne lui faisait pas peur.

Durant 19 ans, il a vécu au milieu d'une population très pauvre. Il vivait lui-même sans confort, dans une vieille case, au rythme de ses paroissiens qui travaillaient une terre très maigre. A cela s'ajoutait la fréquence des cyclones.

Le Père pouvait compter sur la solidarité des paroisses d'en bas. On l'aidait en linge, en nourriture et matériaux pour sa population. A première vue, on pouvait croire qu'il se négligeait, qu'il n'était pas raisonnable dans sa façon de vivre, qu'il n'avait pas assez de suite et de précision dans son administration... Mais on connaissait ses problèmes. Plus d'un pensait qu'il ne voudrait pas être à sa place ! Il était toujours prêt à semer la joie par ses bons mots, à se sacrifier pour aider les familles. Durant deux années, il a souffert de son mal, puis ce fut l'opération. La proximité d'un de ses frères, médecin près de Chevilly, le décida à rentrer en France. De sa chambre d'infirmerie, il contemplait avec humour le lieu de son futur repos au cimetière "J'ai accepté cette souffrance avec légèreté devant le médecin, disait-il, mais la vivre au jour le jour, c'est autre chose ! "

Le 22 juillet 1982, la communauté de Chevilly entourait au cimetière le Père Louis Mancel, revenu 5 mois plus tôt, atteint d'un cancer à l'estomac. Alors que commençait la dispersion de l'assistance, un groupe de malgaches fit monter, en une mélodie poignante, prières et chants de la grande île, pour rappeler le passage du Père à Madagascar.
(La notice est du Père Étienne Grienenberger)

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