Le Père Marius MARCHAND,
1904-1955


Marius Marchand naquit à Tretz, au diocèse d'Aix-en-Provence, le 28 septembre 1904. A l'âge de commencer ses études, ses parents le placèrent au petit séminaire de Marseille. Il venait volontiers à notre procure de Marseille et manifesta au P. Le Mintier de la MotteBasse son désir d'entrer dans la Congrégation. Avec quelque hésitation son directeur de conscience approuva cette résolution ; mais le supérieur du petit séminaire dirigea le jeune homme vers les Lazaristes, à leur maison de Gentilly, près de Paris. Le jeune Marchand ne s'y plut pas et rentra dans sa famille. Il fit tant et si bien, qu'il obtint de son père l'autorisation d'aller au noviciat d'Orly, où il arriva en septembre 1923.

Il mérita dès le début d'excellentes notes ; mais l'état de sa santé était quelque peu inquiétant. Et, de fait, à peine entré à la caserne, il fut réformé pour sa faiblesse de poitrine. On le garda néanmoins au noviciat. Il fit profession le 28 septembre 1924, et poursuivit régulièrement ses études à Mortain et à Chevilly. Le 28 octobre 1928, il fut ordonné prêtre à la Martinique. Il y resta affecté et fut employé au séminaire-collège, puis à la cathédrale, à Case-Pilote, au Lorrain, au Diamant et enfin à Schœlcher.

Le P. Le Hir donnait de lui cet excellent témoignage : "Depuis que je connais le P. Marchand, j'ai toujours trouvé en lui un bon confrère, dévoué, sérieux, intelligent et pieux, qui fera, j'en suis persuadé, partout où la Providence le placera, la joie de la congrégation et le bonheur des supérieurs qui sauront l'apprécier et le comprendre."

En 1944, on jugea bon d'accorder au P. Marchand une détente. Le voyage en France était difficile à cette époque : on l'envoya donc au Canada (1944-45), d'où il passa en Louisiane (1945-46) et revint en France. Mgr Le Hunsec lui proposa l'œuvre d'Auteuil qu'il accepta volontiers et resta un an à Meudon, avant d'aller à Malepeyre. En 1949, il arriva à Misserghin où le climat convenait mieux à sa santé, et où la vie de communauté prévenait pour lui bien des ennuis.

Puis ce fut la terrible maladie qui ne pardonne pas. Le Père arriva à l'infirmerie de Chevilly le 6 octobre 1954, pour se préparer à la mort par un douloureux calvaire de cinq mois, durant lequel il montra une âme magnifique qui provoquait l'admiration de tous. Le matin même de son hémorragie, encore sous le coup de ce choc, il s'écriait : "Voici le dernier jour ! C'est samedi... C'était prévu. Il s'est produit à mon insu ; mais quand la pression des flots de sang qui s'échappaient de la plaie m'a alerté, pensant que c'était la fin, j'ai saisi mon crucifix, offert ma vie qui s'écoulait avec mon sang, et confié mon âme à la Sainte Vierge : j'étais prêt ! "

L'épreuve devait se prolonger encore tout un mois. Elle le trouva toujours dans le même abandon et la même générosité devant le sacrifice. Vraiment, comme l'écrivait Mgr Lacaste, évêque d'Oran, "le Divin Maître l'a subitement choisi pour l'associer à son œuvre de rédemption en le clouant sur la croix."

Digne disciple du divin Crucifié, son calvaire achevé, le Père Marchand est monté vers Lui, comme un martyr empourpré de son propre sang. Mort, il continue à nous enseigner, car personne n'oubliera la leçon de son exemple qui nous a appris à bien souffrir et à mourir saintement. Le P. Marius Marchand est décédé à Chevilly, le 25 février 1955, à l'âge de 50 ans.

Page précédente