Le Père Gabriel MARNAS,
1892--1959


Le P. Gabriel Marnas naquit le 14 novembre 1892 à Saint-Etienne, place Chavanelle, et reçut le baptême à l'église Notre-Dame. Il était l'aîné de trois garçons, qui tout trois devinrent prêtres et spiritains. Le père, employé de commerce et membre très actif des cercles catholiques, sut inculquer à ses enfants sa foi profonde et son amour du prochain. Il mourut en 1924 sans avoir eu le bonheur de voir aucun de ses fils prêtre. La mère, Jeanne Ravel, originaire de Saint-Chamond, partagea jusqu'en 1944 les peines et les joies de ses trois fils. La plus grande douleur fut sans doute le décès de Jean, son second fils, missionnaire à Madagascar, revenu mourir en France à 29 ans. Marius, le plus jeune, demanda et obtint, en 1945, sa sécularisation pour entrer dans le clergé du diocèse du Puy, en Haute-Loire.

Gabriel fit ses études primaires chez les Frères de Saint-Just-sur-Loire, et ses études secondaires au pensionnat de Valbenoîte, chez les Pères Maristes. Après son baccalauréat, il entra comme comptable dans une maison d'alimentation en gros, puis devint, pendant quelque temps, clerc de notaire. C'est là certainement qu'il a pris cette assurance dans l'emploi des termes de droit et de finance qu'on a toujours admiré en lui. Il fait son service avec la classe 1912, puis surgit la guerre. Il est lieutenant. Il connaîtra Verdun et d'autres fronts. Mais en 1915 ce sera un captivité longue et pénible en Allemagne.

Durant cette captivité, Gabriel Marnas fit la connaissance d'un spiritain, le P. Yves Le Roy. Cette amitié déclencha la vocation sacerdotale et religieuse de Gabriel. Après son rapatriement, en février 1919, le lieutenant Marnas fit encore six mois de service à Saint-Etienne. Libéré définitivement le 24 août, il entra au noviciat de Neufgrange, dirigé par le P. Lithard. Et c'est le 27 octobre 1920 à Orly, nouvellement ouvert, que Gabriel Marnas devint spiritain.

A Chevilly, sa santé ébranlée par la captivité motiva son envoi au Canada, où il fit sa théologie, prononça ses vœux perpétuels et fut ordonné prêtre par Mgr Emard, archevêque d'Ottawa, le 12 mars 1927. Un bref séjour en Europe, lui permit de revoir les siens à Saint-Etienne et de dire sa première messe dans sa paroisse natale.

En janvier 1928, il repart au Canada, où pendant quatre années il se livrera à un ministère de prédication très intense. Il passera ensuite deux ans dans la petite île de St-Pierre-et-Miquelon. Sa santé de nouveau l'arrêtera. Il lui faut d'urgence rentrer en France. Pendant un an, l'état de ses nerfs ne lui permit pas de célébrer la messe. Tout en résidant à St-Etienne, près de sa vieille mère, il verra régulièrement à Lyon les docteurs Biot et d'Espiney, qui parvinrent à l'améliorer.

En 1939, le P. Marnas a 47 ans. Mobilisé à l'Arsenal de Roanne, il demande à partir au front ; il sera prisonnier dans les Flandres et après quinze mois de captivité, il sera rapatrié comme ancien combattant. En 1943, le P. Marnas travaillera, tantôt seul, tantôt en collaboration avec d'autres confrères, pendant une bonne dizaine d'années dans l'œuvre des Orphelins-Apprentis d'Auteuil, soit aumônier soit directeur, à Sannois, à Restigné, à Oullins, à Villaine-Palaiseau. Il ne se plaisait pas également partout, mais partout il a donné la mesure de son dévouement et de son savoir-faire.

En 1954, il fut affecté à la communauté de Bletterans dans le Jura, pour la prédication, la direction des âmes, peut-être aussi le recrutement... En fait, il se con~acra surtout à la prédication des retraites dans nos communautés, et ailleurs, comme à Riom, St-Etienne, Montfort, Tours, l'abbaye de Puypéroux dans la Charente, et à Angoulême pour deux retraites sacerdotales. Parallèlement à cet apostolat auprès du clergé, le P. Marnas avait accepté les récollections des religieuses. Ces relations commencées dans les retraites se prolongeaient parfois dans des correspondances, car il était un directeur spirituel très apprécié.

Le 22 octobre 1958, il célébra sa dernière messe, car dans la matinée une grande crise cardiaque nécessita son transport à l'hôpital de Lons-le-Saulnier. Ce furent trois mois de souffrances, de prières et de résignation parfaite. Ses funérailles, le 5 février 1959 furent émouvantes. La présence de Mgr Flusin, évêque de Saint-Claude, de deux Vicaires généraux, d'une quarantaine de prêtres, de beaucoup de religieuses et d'amis, montre l'estime qu'on avait pour le cher Père.

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