Père Antoine MARTIN
Décédé à Chevilly le 6 février 2002, âgé de 84 ans
Né : 14/10/17, Sury-le-Comtal (42). Profès : 8/09/37, Orly. Prêtre : 6/07/47, Chevilly.

AFFECTATIONS :
CENTRAFRIQUE : Alindao (49-52) - Bangui, St Paul (52-57) - Bria (57-60) - Ippy (60-62) - Ndélé (62-80) - Kaga Bandoro (80-93) - Mbaiki (93-96).
France: Allex (96-97) - Chevilly (97-2002)


Il est des confrères qui sont des cadeaux du ciel : tu en fus ... Non seulement confrère, mais frère, grand frère. Aujourd'hui, devant la communauté ici rassemblée, au nom de ta famille que tu aimais tant et qui te le rendait, au nom de TOUS les Centrafricains rencontrés, je voudrais te dire : MERCI.

Nos routes se sont croisées en 1982 à Kaga Bandoro, jadis Crampel. Tu avais déjà beaucoup travaillé dans ce pays qui était devenu le tien. Tu venais de quitter Ndélé où tu avais ceuvré pendant 18 ans, dans le nord du pays : secteur difficile, avec de grandes distances, des routes épouvantables et sous un soleil accablant. Tu n'as pas inénagé ta peine. Dans les communautés naissantes, tu creusais lentement le sillon, tu semais la Bonne Nouvelle en nouant des relations avec tout le monde : les autorités civiles, les musulmans, le grand sultan du lieu, mais surtout avec les pauvres. Il y en avait des pauvres devant ta porte : ils étaient assis, attendant leur tour. Ils venaient demander un conseil, de la nourriture ou de l'argent : tout le monde repartait comblé, prêt à revenir le lendemain, à tel point qu'à ton départ de Ndélé, la maison était vide : plus un bout de planche, plus d'outils, plus de clous. Tu étais bon, Père Martin, on t'appelait le saint Père Martin ; et quand on te qualifiait de la sorte, tu te fâchais : j'en ai encore fait les frais dans un dernier mot que tu m'as envoyé, il y a quelques jours.

Ta bonté était empreinte de patience et de confiance toute libermanienne. Tu écrivais déjà, du camp où tu fus prisonnier pendant la guerre : "J'ai compris que le meilleur parti à prendre, c'est une calme résignation avec un joyeux abandon à la volonté divine. Je garde la paix et le calme, n'ayant pas été touché parles vicissitudes du temps et je fais simplement confiance en la Providence". Malgré cette patience et ce calme, tu étais animé d'une volonté et d'une persévérance extraordinaires, allant toujours de l'avant, à l'image de ta conduite en voiture : tu en as fusillé des pneus sur la cour de la mission Ste Thérèse, en heurtant les pierres qui bordaient les bougainvilliers. Tu étais si gentil qu'on ne pouvait même pas te réprimander. Pour la petite histoire : refusant l'utilisation de la marche arrière et des freins, on t'a vu Lin jour, ballotté dans ta R. 12 sur le dos d'un cochon, à l'entrée de la Mission.

Fatigué, à bout de forces, la mort dans l'âme, tu es rentré en France en 1996, serein et confiant. Tu écrivais alors : "Arrivé au bout d'un chemin assez long déjà, c'est la reconnaissance envers le Seigneur qui emplit mon coeur pour toutes ses bontés et Sa grande miséricorde à mon égard, moi son indigne et pauvre serviteur. En suivant le chemin sur lequel il veut me conduire aujourd'hui, je le remercie pour les compagnons de route qu'il a placés jusqu'ici à mes côtés et qui m'ont aidé à avancer. Je continue de prier pour eux tous les jours." Merci à toi, cher Père Martin, pour cette prière et pour tout le reste.
Père Jean-Claude BRAND