Le Frère Raymond MARTIN,
1915-1995


La vie de Raymond Martin, né le 23 janvier 1915 à Broons-sur-Vilaine, fut toute simple. D'abord celle d'un enfant de la campagne dans sa famille. Mais quelle famille ! une sainte grandmère, deux oncles moines, deux tantes religieuses hospitalières, des frères et soeurs nombreux, une existence exemplaire de prière au foyer et de service de l'église : c'est au contact de son grand-père et de son père, tous deux organistes de la paroisse leur vie durant, qu'il a acquis le goût et la science de la musique. Il passe enfance et jeunesse dans la ferme paternelle. Mais la guerre l'emporte dans son tourbillon. Après Dunkerque, le prisonnier fait le long voyage vers l'Allemagne de lEst et y travaille dans une ferme pendant deux ans et demi. Puis on le libère en 1943. Mais le retour en plein hiver lui est fatal : il contracte une pleurésie double qui affecte ses poumons pour toute la vie. Pendant sa convalescence la certitude d'une vocation s'impose à lui, dans un grand calme. Où aller ? Ses deux oncles, trappistes à Thymadeuc, prudemment l'orientent vers la vie moins austère des spiritains. C'est alors un homme de trente-deux ans ; consciencieux, équilibré, de bon sens, paisible : on pourra compter sur lui. Profès en 1949, il est affecté en 1952 à Saulnat, la ferme du noviciat de Cellule. Quand Saulnat fut fermé, il vint à Chevilly, qu'il n'a jamais quitté.

Actif d'abord au jardin, peu à peu il s'est limité à l'entretien de la serre. Il veillait aussi, l'arrosoir à la main, sur les plantes vertes ou fleuries dont il égayait tous les coins de la maison.

On le sentait heureux d'animer les offices de la communauté, chant et orgue. Beaucoup ignoraient qu'il exerçait la même activité à la paroisse. A la commune de Chevilly, il était connu aussi par son concours à diverses associations : anciens combattants, bien sûr, et amis du troisième âge. Les Chevillais furent nombreux à ses funérailles.

La vie de notre Frère Raymond s'est achevée comme il a vécu, sans bruit ni embarras. Sans émotion apparente quand on lui apprit la gravité de son mal, il dit : "Eh ! oui, c'est comme ça". En son dernier matin, il accompagne l'office, va déjeuner, passe à l'infirmerie pour les soins quotidiens, rentre dans sa chambre... et... s'éteint.

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