Le Père Jean MENGELLE,
1849-1904


Né à Ger, près de Lourdes, le 13 décembre 1849, de parents foncièrement chrétiens, Jean Mengelle était au grand séminaire quand le Père Horner, missionnaire en Afrique orientale, passa à Tarbes en 1873, dans la tournée qu'il fit à cette époque pour éveiller des vocations missionnaires. A la fin de ses études théologiques, Jean se préparait à recevoir le diaconat ; mais désireux de se dévouer au salut des infidèles, il songeait à faire sa demande d'admission au séminaire des Missions Etrangères. Il fut frappé de l'accent que mit le P. Horner sur les avantages de la vie religieuse dans la vie apostolique. Ce fut pour lui, écrivait-il plus tard, "la lumière bienfaisante qui le conduisit, au mois d'avril 1874, à Chevilly". Le 25 septembre 1875, il reçut la prêtrise, fit sa profession le 27 août de l'année suivante, et fut aussitôt destiné à l'île Maurice.

Employé d'abord au collège diocésain que les spiritains dirigeaient alors à PortLouis, il fut, en décembre 1880, appliqué au saint ministère, selon son vif désir, comme vicaire à la Savane, au sud de l'île. C'est à l'évangélisation de ce grand et populeux quartier que vont être consacrés désormais, sans relâche, tous les efforts de son zèle, durant 24 années consécutives. En 1886, il est nommé curé de la paroisse et supérieur de la communauté ; en 1900, voyant la nécessité, de diviser ce trop vaste champ de travail, il laisse à ses confrères l'église de Souillac qu'il avait restaurée, et s'établit près de la chapelle du Mont-Carmel, au district de la Petite-Savane, érigée en paroisse par Mgr O'Neill. C'était le centre le plus peuplé et le plus pauvre du secteur.

En 1896, le P. Mengelle, se trouvant très fatigué, revint en France pour se reposer. C'est à cette occasion que le Supérieur Général songea à lui pour le proposer àRome comme vicaire apostolique de l'une de ses Missions. Dès la première ouverture qui lui en fut faite, le Père Mengelle en fut si bouleversé qu'il faillit en tomber malade. Il supplia de toutes façons de ne pas lui imposer "une charge qui était absolument, disait-il, au-dessus de ses moyens et de ses forces". On ne crut pas devoir insister, et le 25 février 1897, l'humble et zélé missionnaire repartait joyeux pour Maurice, où il fut reçu avec d'autant plus d'enthousiasme que l'on savait déjà qu'il avait tout fait pour rester au milieu de ses pauvres paroissiens de la Savane. Au Chemin-Grenier, trois arcs de triomphe avaient été élevés en son honneur, et de loin la foule accourait de tous côtés à sa rencontre, en poussant des cris de joie.

Il se dépensa encore sur les sentiers abrupts pour retrouver tous ses paroissiens. Toute la population de la Petite-Savane suivait volontiers ses sages conseils, car il avait acquis sur elle un influence extraordinaire.

En février 1904, sur avis des médecins qui l'estimaient en danger, il fut envoyé à la Réunion. On espérait que le climat de Cilaos situé dans la montagne pourrait le rétablir, mais à la suite de quatre accès peernicieux il mourut le 5 avril et fut enterré aux pieds de la grande croix.

A l'annonce de sa mort, dans sa paroisse de Maurice ce fut la stupé-faction. Le Journal de Maurice se fit ainsi l'écho de ces sentiments : "Le P. Mengelle est mort ! Cette nouvelle va apporter la consternation dans toute la Savane ; et dans toutes les cases du Chemin-Grenier, au Petit-Cap, on va prendre le deuil. Pauvre Père, infatigable missionnaire, pasteur béni, cœur ardent, bienfaiteur de tous, que n'êtesvous resté dans votre chère paroisse, où tous vos enfants se fussent levés en masse pour porter votre dépouille mortelle en triomphe ! Non, il ne sauront jamais, ceux de la Réunion, quel cœur battait dans cette vaillante poitrine de Béarnais, quel amour ardent il portait à ses enfants, qu'il connaissait tous par leurs noms ... Reposez en paix là-bas, vaillant serviteur du Christ, jusqu'au jour, peu éloigné, où nous nous lèverons tous pour saluer vos cendres bénies, que la Savane ne peut laisser à l'étranger

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