Le Frère Victorin MICHEL,
1832-1898


Louis Michel naquit à Arzano, le 4 février 1832, de parents profondément chrétiens, qui, après lui avoir fait faire ses premières études chez un excellent instituteur de Pont-Aven, l'envoyèrent au petit séminaire de Pont-Croix. Là, il fut un modèle de piété et de régularité ; mais ses talents intellectuels ne lui permirent pas le succès aux examens. Comme il voulait à tout prix se consacrer au service du Seigneur, il vint en 1858 frapper à la porte de Langonnet pour y être admis en qualité de Frère coadjuteur.

C'est là qu'il fit sa profession religieuse le 29 septembre 1860, en la fête de saint Michel. Il prit alors le nom de Frère Victorin.

Employé d'abord deux ans à Saint-Ilan, il fut ensuite envoyé, avec le Père Leman, en Irlande. Mais comme il soupirait ardemment après les missions, il reçut son obédience pour l'établissement de la Providence dans l'île de la Réunion, d'où il passa plus tard à Zanzibar. C'est à Bagamoyo qu'il émit ses vœux perpétuels le 27 janvier 1870.

Revenu en France, il eût voulu être mobilisé comme soldat ou infirmier. Mais il dut y renoncer, à cause de sa santé, ce fut pour lui un sacrifice difficile à accepter, car, sous une apparence de grande placidité, le bon Frère cachait une nature ardente et généreuse. Les vingt-cinq dernières années de sa vie furent consacrées aux enfants les plus jeunes de l'œuvre de St-Michel de Priziac.

Dans la dernière période de sa vie, il fut surtout préoccupé d'élever son âme à une haute perfection, par le jeûne, de longues prières et la communion quotidienne. Il raconte lui-même un fait étonnant : " Depuis quelques semaines, je vais à Marie par saint Joachim, et il a plu à ce grand saint, de me récompenser par une faveur signalée que voici : Après avoir lavé le crucifix du réfectoire, j'allais verser l'eau à terre, lorsqu'il me sembla que saint Joachim me retenait. Je m'arrête, et je crois l'entendre intérieurement qui me dit de me laver, avec cette eau, la jambe dont je souffre tant. Ma confiance sans borne ne connaît pas d'hésitation. Après une première lotion, toute enflure et toute douleur ont disparu, et pour de bon. Mille actions de grâces au bon saint Joachim, époux de notre bonne mère sainte Anne, et père béni de la Très Sainte Vierge Marie!

La mort, survenue assez inopinément, n'aura pas surpris ce bon et pieux Frère. La veille, il avait encore fait la sainte communion et rempli ses fonctions jusqu'à 4 heures de l'après-midi. Il se sentit alors pris de fatigue, d'indisposition, et s'alita : c'était pour entrer dans le repos éternel. Le lendemain matin, il rendit doucement son âme à Dieu, sans souffrance apparente, sans secousse, comme une lampe projette sa dernière lumière. Il avait 66 ans.

Page précédente